
* L A P O U L E S U L T A N E
OU L E P O R P H Y R J O N . (a )
X je s Modernes ont appelé Poule Sultane, un oifeau
fameux chez ies Anciens^ Jfoiis le nom de Porphyrion.
Nous ayons déjà plufieurs fois remarqué combien les
dénominations données par. les Grecs, & ia plupart
fondées fur des caraétères diftinétifs, étoiènt fùpérieures
* Voye^ les planches enluminées, n-° 81 o, fqus, la dénomination
de Tal'eve- de ALadàgafcâr.
(a) En Grec , n<y>ç>ve/o*, nom que les Romains adoptèrent, i— Pot-
phyrioi Belon, JVat. des Oifeaux,'p~ag. 226. Idem-, Portraits d’oifequx,
pag; .5 à , avec uim mauvaife figure, jfej Porpkyrid. Gefnen, Afi.
pag. 7 1(5, avec une figure affëz.reconlioiflable, La même, Icôn.avi.
pag. 12 èi — Àidrovande , Avi. tom. I I I , pag. 43jæoell Jorifton, Avi.
pag. 10K. — WiHughhy, Ornithol. pag. 23 8. — Synopf àvi. pâg.
1 1 6, n.9 1-3,. — Clufius, Exotic. auâ. pag. 37^1— Charleton, Exercit.
pag. l'i 'o ’ n.° 6. I d em Onomart. pag.-104, — Fiilicq fronte
calvâ, corpore violaceo, digitis fimpliàbus. . Porphyrio. Linnæus-, Syjl,
nat. ed. X , Gen.”82, Sp. 3. — Raltus" aquaûcus projlro', frenté, pèdi-
lufque rubris ; reliquô corpore' eyarteq fubfâudâplumisalbisi Klein, Avi*
pag. 104, n.° 6 .— Porphyrio coefius', pedibus & rofrofanguineis. Barrère,
Ornithol. clafi 111, Gen. 34, Sp. 3 .—Poule Sultane ou bluet. Ed-vyârds>
tom. I I , pag. & pi. 87.—Oifeau pourpré ou porphyrion. Àlbinjtom. I II,
pag. 3 j , avec unemauvaife figure très-mal coloriée, pi. 8 4 E Por-
phyrio'fùpeme obfcuri viridis., infern'e fplendidè violac.evs; ealvitio in fronte
faturatè rubro; capite & collo fuperioribus fplendide violaceis ; geriis, gutture
& collo inftriore cceruleo violaceis; teürïcibiis 'eaudce inferioribus albis; rectritibus
obfçure yiridibus......... Porphyrio,' Brifion } Ornithol. tome V,
page 122, ,
d e l a P o u l e S u l t a n e . 195
•aux noms formés comme au hâfàrd dans nos Langues
récente^*, fur dés rapports; ou fictifs ••ou bizarres:,,, &
fouvent démentis par i’infpeélion de la Nature. Le nom
dç. poule fultane nous„en fournit un nouvel exemple : c’eft
apparemment en trouvant quelque refTemblançe avec la
poule & cet oifeau de rivage^- bien éloigné pourtant du
genre gallinacéè:, :& en imaginant un degré de fùpériorité
fur la poule^vulgaire;, par fà beauté ou par fon port,
qu’on l’a nommée 'poule fultane; mais. le nom de for-
phyrtyv^.en rappelant à l’efprit.Ie rouge ou le,pourpre
du bec & des . pieds,,, . étoit plus caraétériftique &
bien plus jufte : Que ne pouvons-nous rétablir toutes
les belles ruines de l’antiquité * ‘lavante, & rendre à la
Nature ces..images-brillantes éé'cés'portraits fidèles.dont
les Grecs l’avoient peinte & .toujours animée1, hommes
fpiriiuelS p & fenfibles,| qu’avbient touchés ’les , beautés
qu’elle préfen'te, & la vie que par-tout elle retire !
Faifons donc i’hifioire du porphyrion avant de parler
de la poule-:fultane. Ariftote dans* Athénée ,(b), décrit
le porphyrion comme un oifeau fiffipèdç: à longs pieds ƒ
au plumage bleu, dont le bec couleur de pourpre eft
très - fortement implanté dans le front ( afj, & dont M
grandeur eft belle du coq domeftique. Suivant la leçon
d’Athénée, Arilîote auroit ajouté qu’il y a cinq doigts
aux pieds de cet oifeau; b‘ë qui feroit une erreur, dans
B b ij
(b) Deipnif. p. *
(c) Ad caput yehlmentius objlriftum•