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long que celui du milieu en devant ; tous les ongles fout
droitsV^roqds, effles èomme les ftilets ou dès aiguille*:
c’eft apparemment de cette forme particulière de fes
ongles incififs & poignàiif, qu’on a donné au jacana le nom
de chirurgien (b). L ’efpèce, en eft commune for tous les
marais du Brefil ; _& nous'Tommes afforés qu’elle fo trouve
également! à la Guyane & à Saint - Domingue ; on peut
auffi préfomer qu elle exifte_dans toutes^esqé^iions&les
différentes îles de l’ Amérique, entre les tropiques A ;juf-
q u a la nouvelle l^iagne ; quoique Fernande» ne paroiflp
en parler que fur des relations A non d’aprèsfes propres
cpnnoiffances, puifqu’il fait venir ces oifeaux des côtes
du Nord, tandis qu’ils font naturels aux terres du Midi.
Nous connoiffons quatre ou cinq jacanas , qui ne
diffèrent que paF les couleurs5, leur grandeur étant ’ la
même. La_premièrê elpèce donnée par Fernandez, "eft
la quatrième de Marcgrave ; la tête, le cou & le devant
du corps de cet oifeau, font d un noir teint de violét ;
les grandes pennes de l’aile font, verdâtres ; le refte du
manteau eft d’un beau marron pourpré ou mordoré;
chaque aile eft armée d’un éperon pointu 'qui fort de
l’épaule, A dont la forme eft exa&ement femblablc à
celle de ces épines Ou crochets dont, eft garnie la raie
boudée; de la racine du bec naît une membrane qui fe
couche for le front, fe divife en trois lambeaux , & laiffè
encote tomber un barbillon de chaque côté; le bec eft
droit, un peu renflé vers le bout, & d un beau jaune-«
(P) C ’eft foias ce non* q u ’iis font cénnns à Saint-Domingue.
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jonquille, comme les éperons; la queue eft très-courte,
& ce caractère, àinfi que ceux de la forme du bec, de
la queue, des doigts & de la hauteur dès jambçs, dont
la moitié eft dénuée de plumes; conviennent également
à toutes les efpèeës de ce génrer Marcgrave paroît exagérer
leur taille en la comparant à celle du pigeon; car
les jacanas n’ont pas le corps plus gros que la caille,
mais feulement porté for des jambes bien plus hautes;
leur cou eft auffi plus long & leur tête eft petite. ; iî$
font toujours fort maigres fc) , A cependant l’on : dit que
leur chair eft mangeable.
. Le jacana de cette première efpèce. eft affez commun
à Saint-Domingue, d’où pli nous a été envoyé fous le
nom de cbemBer mordoré a r m é M. Lefebvre Deshayes,
« Ces oifeaux, dit-il, vont ordinairement par couples,
A lorfque quelque accident les fépare, on les entend fe «
rappeler par. un cri de réclame ; ils font très-fàuvages , «
A le chaffeur ne peut les approcher qu’en ufànt de rufes, «
en fe couvrant dé feuillages, ou fe coulant derrière les «
buiflbns, les rofeaux. On les voit régulièrement à Saint- «
Domingue durant ou après les pluies des mois de mai «
ou de novembre ; néanmoins il en parott quelques-uns «
après toutes les fortes pluies qui font déborder les eaux, *
ce qui fait croire que les lieux où ces oifeaux fe tiennent «
habituellement, ne font ! pas éloignés.: du refte , on ne «
des trouve pas hors des lagons, des marais ou des bords «
des etfogs .& des ruiffeàux. “ , «
(c) Marcgrave.
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