
172 H i s t o i r e N a t u r e l l e
ia poule d’eau a auffi le front dénué de plumes & recouvert
d’une membrane épaiffe ; caractères dont certaines
efpèces de râle,s préfentent les veftiges (b ) ; elle vole
auffi les pieds pendans ; enfin elle a les doigts alongés
comme le râle, mais garnis dans toute leur longueur
d’un bord membraneux ; nuance par laquelle fie marque
le paffage des oifoaux fiffipèdes, dont les doigts font
nus & féparés, aux oifoaux palmipèdes qui les ont garnis
& joints par une membrane tendue de l’un à l’autre
doigt : paflàgê dont nous avons déjà yu l’ébauche dans
la plupart des oifoaux de rivage qui ont ce rudiment de
membrane tantôt entre les trois doigts » & tantôt entre
deux feulement, l’extérieur & celui du milieu.
Les habitudes de la poule d’eau répondent, à fa
conformation ; elle va à l’eau plus que le raie, fans
cependant y- nager beaucoup, fi ce n’eft pour traverfor
d’un bord à l’autre ; cachée durant la plus grande partie
du jour dans les rofeaux ou fous les'racines des aulnes.;
des faulcs & des ofiers, ce n’eft que fur le foir qu’on
la voit fe promener fur l’eau; elle fréquente moins'les
marécages & les marais que les rivières & les étangs;
Ton nid, pofé tout.au bord de l’eau, eft conflruit d’un
affez gros amas de débris de rofoaux & de joncs entre-
laffés ; la mère quitte fon nid tous les foirs , & couvre fos
oeufs auparavant avec des brins de joncs & d’herbes : des
• (b) In rdîo caMtiès feu Mus carneus in fronts admodum exigms, &.
vix ohfervabilis, Vfillughby.
d e .l a P o u l e d'e a u . 174
que les petits font éclos, ils courent comme ceux du râle,
& fuivent de même, lëur mère qui les mène à l’eau;
c’eft à cette faculté naturelle que fe rapporté fans doute
le foin de prévoyance que le père & la mère montrent,
en plaçant leur nid toujours très-près des eaux. Au refie,
la mère conduit & cache fi bien fà petite famille,> qu’jl
efi très-difficile de là lui enlever ( é);, pendant le: très-
petit temps qu’elle ^la foigne ; car bientôt ces jeunes
oifoaux devenus affez forts pourfe pourvoir d’eux-mèmes»
laiffent ?à. leur mère1' féconde le temps de produire &
d’élever une famille cadette, & même l’on aflure qu’il
y a fou vent trois* pontes dans un an (à ).
Les poules d’eau quittent en: oétobre, les pays froids
& les montagnes & paflent tout l’hiver dans nos
provinces tempérées,, où on les trouve près des fources
& far les eaux vives qui ne gèlent pas ( f ) ; ainfi la poule
d ’eau ii’iefi pas précifément un oifoau- de paffage, puifo
qu’on la voit toute l’année dans différentes- contrées-, &
que tous fes-voyages paroîflent fe borner des montagnes
à la plaine, & de la plaine aux montagnes; /
Quoique peu voyageurs & par-tout affez peu nom-
breufe , la poule d’eau paroît avoir été placée, par la
- (c) « Les poules d’eau cachent fi bien iëufs petits“,' tfue je n’en
ai jamais v u , quoique 'f ai beaucoup chafTé au marais dans toutes «
•les fàifons. » Note de M . Hebert.
Wiliugbby.
(e) Obfervarions faites dans les Vofges Lorraines,^ M . Lottinger»
( f ) Obfervations faites en Brie, par M , Hebert;