
3 2 0 H i s t o i r e N a t u r e l l e
ie i Voyageurs ,Jefornôm âeshagg, niaisou nigaud: Cette
petite efpèce de cormoran n’efl pas moins répandue que
îa première ; elle fe trouve for-tout dans les îles & les.
extrémités des çontinens auftraux : M.rs Cook&'Forfier,
l’ont trouvée établie à l’îie de Géorgie; cette dernière
terre inhabitéeprefque inacceffible à l’homme, efl:
peuplée de ces petits cormorans qui en partagent le
domaine avec les pinguins, & fe cantonnent dans les
touffes de ce grafnen groflier qui eft prefque le feul
produit de la végétation dans cette froide terre, ainfi
que dans celle des États, où,l’on trouve de merne ces
oîfeaux en grande quantité (a ). Une île qui, dans le détroit
de Magellan, en parut toute peùpiée, reçut de M. Cook,
le nom à!île Schagg ou île des Nigauds (b) ; c cft-Ia » C efl;
à ces extrémités du globe, où la Nature engourdie par
le froid, laiffe encore fubfifter cinq pu fix efpèces d’animaux
volatiles ou amphibies, derniers habitans de ces
terres envahies par le refroidiffement ; ils y vivent dans un
calme apathique, qu’on peut regarder comme le prélude
Cormoran. Anciens Mémoires de i’Académie des Scierices, depuis
J666 juftju’à 1699 , tome I I I , partie n i , page 213 . — Le petit
cormoran. Saïerae, Omithol pag. 373. — Phalacrocoraxfipem nigro-
yiridefcens ; mfern't cinereo-albus7 gutture candidô ; Imo ventre fgrifeo-fiifcoi
reflricibus nigricantibus, . . . . . Pfialacrqçora# tninpr. Brillon, OrnitKoîi
tpme V I , page 5 16.
(a) Obfervatiops dp M. Forfter, h la fuite du fécond Yoyagg
$e Cook , page 3 4 .
/b) Çook f Second Voyage, tome IV, page 2g,
du
d u C o r m o r a n . 3 2 1
du fîîence éternel qui bientôt doit régner dans ces lieux.
| îQ n efl étonné, d itM . C o o k , d e là paix qui efl établie
dans cette terre ; les animaux qui l’habitent, paroiffent «
avoir fermé une ligue pour n e pas troubler leur tranquillité *
mutuelle 1 les lions de mer occupent la plus grande partie «
de la côte> les ours marins habitent l’intérieur de f ile ; a
& les nigauds les rochers les plus élevés, les pinguins «
s’établiffent où il leur efl; plus aifé de communiquer avec «
la m e r; & les autres oîfeaux- cboififfent des lieux p lu s«
retirés. Nous avons vu tous ces animaux fe mêler & «
marcher enfemble comme un troupeau domeflique ou «
comme des volailles dans une balfe-cour, fans jamais «
effayer de fe faire du mai. »
Dans ces terres à demi-glacées, entièrement dénuées
d ’arbres, les nigauds nichent fer les flancs efcarpés ou
Jes faillies des rochers avancés fur la mer (c ). Dans quelques
cantons on trouve leurs nids fer les petits mondraîns
où croiffent des glayeuls (d ), ou for les touffes élevées
de ce grand gramen dont nous venons de parler (e)\
Iis y font cantonnés & raffemblés par milliers ; lé bruit
d ’un coup de fefii ne les difperfe pas, ils ne font que
s’élever à quelques pieds de hauteur & ils retombent
enfoite fer leurs nids ( f) . C e tte chaffe n’exige pas même
(c) S e c o n d Voyage du capitaine C o o k , tome IV, page 3 0.
(d) Ibidem, page yz.
(e) Ibidem, page j9,
( f ) Ibidem, page 3 0.
Oîfeaux, Tome VIII. S f