
Difcours
préliminaire
fu r la grande
éclufe que Aide
Vauban a
fait conflruire
à Gravelines
en 169},
P l a n c .
X X X I I .
S E C T I O N P R E M I E R E .
Sur la grande éclufe à porte tournante que l ’on voit à Gravelines.
444. T Orfque Gravelines fût uni au Domaine de la France J_i par le traité des Pyrénées, il y avoir déjà plufieurs
éclufes attachées aux fortifications de cette place ; une entre
autres fur la riviere d’Aa , à la fortie de la porte de Calais, qui
avoit été faite anciennement pour entretenir le lit de la riviere
à une profondeur convenable au libre écoulement des eaux. C ’eft
de quoi il eft fait mention dans le devis donné en 1699 pour la
conftruétion de celle qui devoir la remplacer, parce qu’appa-
remment elle étoit devenue hors de fervice, ou rempliubit mal
fon objet, comme l’on n’en peut douter, puifqu’elle exiftoit déjà
du tems que les Efpagnols firent leur canal. En effet, il eft fait
mention de cette éclufe dans les mémoires du fieur d’A-verdoing,
lequel rapporte qu’elle ne put être détruite par les François lors
de leur expédition, parce quelle étoit trop près de la place, 8c
foucenue d’une redoute fituée à l’endroit occupé aujourd’hui par
l ’ouvrage à cornes que M . de Vauban fit faire pour mieux couvrir
fon éclufe, que l’on voit développée fur la Planche X X X I I ,
une des plus nettes de cet ouvrage. Que fi je parviens à la décrire
avec autant d’intelligence que Tes objets y font repréfentés, ce
chapitre ne fera pas un des moins intérellans de ce volume. C ’eft
ce que je vais effàyer, en fuivant l’efprit de fon devis, un des
mieux entendus de ceux qui me font tombés entre les mains,
rien n’ayant été obmis de ce qui devoit fervir à guider les Ingénieurs
fié les entrepreneurs qui ont été chargés de fon exécution.
I l arrivera delà qu’on va trouver quantité de détails dont il a déjà
été fait mention dans le premier livre , mais non pas enchaînés
comme ils le font ici ; ce qui ne peut manquer de les rendre encore
plus inftruftifs, en les repréfentant tous fous un même point
de vue. D ’ailleurs, comme l’on ne fe fortifie dans les chofes de
pratique qu’en exécutant fouvent celles qui font à peu près de
même genre, ce n’eft auffi que par la combinaifon des maximes
qui leur conviennent, félon les applications différentes, qu’on
parvient à fe les rendre familières au point de n’être étonné de
rien quand on vient à en faire ufage. Alors les répétitions deviennent
excufables, ayant une fin auffi utile, fie un auteur ne
C h a p . I . D e t a i l d e l ’a n c . Éc lu s e d e G r a v e l in e s . 3 1 9
rifque point d’être accufé d’avoir cherché à groffir fon livre mal
à propos. . , ,
445. Selon les plans Sc profils qui avoient été réglés par M. de Defcnpthn
Vauban, pareils à ceux que nous rapportons ici, cette éclufe fut
divifée en deux paffages inégaux féparés par une pile de maçon- “ ' “ “ ‘ ‘
nerie, pour faciliter l’écoulement de la riviere d’A a dans le tems LANC-'
des grandes crues ; ce qui pouvoir fe faire encore par le canal de x x x v n .
déchargeG L F I (PL X X X V II)-, au moyen d’une petite éclufe F
ménagée du tems des Efpagnols, fit dont on continue de fe fervir.
La plus large voie fut déterminée à 10 pieds pour le paffage .
des bateaux, fit la petite à 1 6 , fermée par une porte tournante,
afin dedonner la chaffe aux qpux qui dévoient entretenir aune
jufte profondeur le lit de la riviere jufqu’à la mer , par une manoeuvre
toute femblable à celle que nous avons expliquée dans
les articles 273, 274, 275 8t 276.
L ’endroit où l’éclufe devoit être fituée ayant été marqué par
M. deVauban , l’on traça l’étendue que devoit avoir fa fondation,
à laquelle il fut donné 1 6 toifes 3 pieds de longueur, fur 15 toifes
3 pieds de largeur. Pour régler la profondeur du déblai, il fut
arrêté que le radier feroit établi à 18 pouces plus bas que celui
de l’éclufe que celle-ci devoit remplacer, 8c les repaires pour
les niveaux fixés en conféquence.
Après cette difpofition on marqua par des piquets le circuit P l a n c .
des batardeaux, qui fut fait affez grand pour la commodité du X X X IL
travail (2 2 1'. Après quoi l’emplacement des chantiers fut défigné
à l’entrepreneur,à la charge de dédommager les propriétaires du
tort qu’ils pourroient en recevoir, ce qui eft ordinairement fpe-
cifié dans le devis; au lieu que l’indemnité du terrein que devoit
occuper l’éclufe fie le nouveau lit de la riviere d’A a , félon la difpofition
du projet, fnr mife, comme de raifon , fur le compte
du Roi. ■ \ ■ -
446. A mefure que l’on fit le déblai des terres, on en forma Détail fur et
les batardeaux , en ménageant les rampes nécefifaires; St lqrfqu’on
fut parvenu a la profondeur déterminée , qu on eut bien fondation de
arrafé le fond fur lequel devoit repofer le maffif de l’éclufe , 8c cette éclufe.
placé les machiner," l’on fonda le terrein pour régler la longueur
des pilots, qui fut eftimée devoir être de 8 pieds, fur 9, 10 Sc 1 1
pouces d’équarriffage ; les petits pour être enfoncés fous les ba-
joyers ôc la pile du milieu., les moyens fous les traverfines ou ven-
trieres des palplanches, fit les gros fous les maîtrefies pièces qui
dévoient porter les bufes.. Pour lcfquels endroits enfemble il en