
dit j que Tanalyfe n’eft autre chofe qu’une mé-'
thode de diftinaion , dont'le but eft de defcendre
de l’enférable des plantes à chacune d'elles en
particulier- 5 c’eft une méthode continue , mais
dont l’ufage eft d’autant plus facile , que l’on
n’a jamais à choifir qu’entre deux cavalières ,
dont l’un appartient à la plante à Texclufîon de !
l’autre, & dont la coexiftence dans le même
individu impliqueroit contradiction. C’eft ce qui
diftingue cette méthode' de toutes, les autres,
qui , fans parler du grand nombre d’objets entre
lefquels elles laiflent le plus fou vent i’obferva-
teur indécis & embarrafle , lui offrent un choix
. à faire parmi dés: cara&ères qui ordinairement
fe rapprochent l’un de l’autre , ou font tout au
plus difparates , mais rarement incompatibles.
Un autre avantage que I’analyfe a fur les fyf-
têmes & les méthodes qui ont paru jufqu’ici ,
c’eft que dans le cas ou k s caractères font tirés
du nombre de certaines parties, telles que les
pétales , les étamines, <kc. on a épargné à l’ob-
fervateur la peine de compter exactement ces
mêmes parties 5 ce qui fouffre quelquefois de la
difficulté , fur-tou.t par rapport à des parties aufFt
délicates que les étamines. L’analyfe- préiente
prefque toujours une limite en-deçà & au-delà
de laquelle fe trouyent les deux caractères.entre
l.fquels il s’agit de choifir ; ou lî enfin le nombre
des étamines-eft indiqué par quelque titre
d’une.„manière définie-: e’eft qu’alors il n’eft pas
afîez confidérable pour échapper à un oeil tant
foit peu exercé.
Méthode naturelle. On a pu voir par ce qui
vient d’être dit dans l’article précédent ( c’eft
toujours le citoyen Lamarck qui parle ) que toutes
les parties de Yanalyfe ne font que- comme des
pièces de rapport que fart affortit , & qui n’ont
entr’elies aucune liaifon nécdfàire. L’efprit. de
l’inventeur ne s’_y occupe de l’enfcmbk des êtres,
que pour defcendre plus sûrement aux details 5
enforte qu’ il re(Ferré continuellement l’étendue
de Ton plan , jufqu’à ce qu’il foit parvenu à. détacher
l’objet particulier qu’il voit faire con-
noître. Fe but d’iine' méthode naturelle au contraire
eft dknchnîner toutes nos idées , de nous
faire, faifir tous les points communs par lefquels
lés êtres fe tiennent les uns aux autres.5 de m’offrir
aucun- objet à nos regards , fans nous montrer
en même-temps tout ce qui exifte en-deçà
& au-delà y H de nous exercer, par ce moyen ,
a ces grandes vues qui parcourent toute la fphère.
d’un fujet, & qui font , pour ainfrdire , le coup-
d’oeil du génie.
Auffi a^-f-on vu plufie.ürs. hommes célèbres
ambitionner ' l’honneur de remplir une fi belle
tâche : mais ce qüe nous avons de mieux en ce
genre fe feffent encore des inconvéniens d’une
marché fyftématique , & me paroît fufceptibîe
d’un degré de- perfeCbon auquel on peut efperer
d’atteindre à l’aide des. principes que je vais
établir.
Il eft certain d’abord que nous ne faifirons
jamais le plan vafte' & magnifique qui a dirigé
’ l’Etre fuprême dans la formation de cet univers.
• Nos conceptions les plus étendues font renfermées
dans les limites de quelques orbes-particuHers
qui fe trouvent plus à. notre portée que les autres;-
& pour affigner même à chaque individu la place
; qu’il doit occuper dans fon orbe , il nous manque
| encore bien, des ‘ données , foit parce que ne.
! connoiffant pas tous les êtres qui compofent cet
orbe , nous né pouvons fixer d’une manière a fiez
préoife la- loi des rapports , foit parce qu’il.;ÿ a
dans le fond même de chaque, être des afpefts
qui nous échappent. Mais lé véritable' plan de:
la. nature errïbrafTe .à.la fois-l’immenfîté de* l’eti-
femble & celle des détails : il confifte dans les?
relations qu’une fageffe infinie a ménagée entre
les qualités tant extérieures qu’intérieures de.
chaque individu , &: la deftina.tion de cet individu
confidéré foit en lui-même ,, foit à l’égard de
l’univers entier auquel il tient par une infinité
de fils dont-la plupart font imperceptibles pour
nous.
■- Aii défaut de cette connoiifance qui nous fera
toujours interdite , il faut nous en tenir à ce
qui eft plus proportionné à nos lumières , &
borner nos recherches à arranger les individus
relativement à .notre manière de voir & de comparer
les objets , quand nous voulons'les rapprocher
ou les éloigner les uns des. autres , félon
qu’ils ont entr’tux plus ou moins de reffem-
blance ; c’eft-à-dire , qu’ayant déterminé une
plante quelconque pour être-la première de l’ordre
, on placera immédiatement après , celle de
toutes: les plantes connues qui paroît-ra avoir le
plus de rapports avec elle ,, & on continuera la
même gradation de nuances , jufqu’à ce qu’on
foit parvenir à la plante qui différera le- plus-de
la première , & qui , par cette raifon , formera
comme le dernier anneau de ia chaîne.
Ce principe eft fi fimple qu’il fe préfente
de lui-même à l’efprit de tout naturalifte. qui
s’occupe de l’objet dont il s’agit ici. Cependant
les botaniftes , jufqu’â ce jour, ont manqué plus
ou moins l'application qu’ils en ont ^ i^ a p ’iaiv
rangement des plantes , parce qu’ils ont. voulu
foumettre cet arrangement à des loix. particulières.,
parce qu’ils ont voulu commander à la
nature, la forcer de diîpofev fes productions,
à-peu-près comme un général difpofe fon, armée
par brigades, par régimens', par bataillons-, par
compagnies', &c. Mais encore-une. fois les rap?
ports admirablement nuancés, que la nature a
!
établis entre la plupart des végétaux . démentent
[par-tout dépareillés divifions ; elle offre à nos
I regards & à nos fpéculations une immenfe col-
ïleàion d’êtres parmi lefquels chaque efpèce
[ eft diftinguée des autres par une différence fen-
I fiblé & confiante ; & la gradation-de ces diffé-
I rencès eft le fondement de 1- ordre que nous pro-
f pofons : mais toutes les fois que l’on voudra
| divifer & fous-divlfer par grouppes, à l’aide d’uné
[prérendue fubordinauon de caractères réels & . I faillans , les membres de ces divifions' confidérés
i du Coté des rapports rentreront néceiïairement I tes uns dans les autres.
f Mais travailler d'après cette ’ opinion que la
| nature franchit de toutes parts lès limites que
I nous lui marquons fi gratuitement, n’eft-ce pas
I s’expofer. à tomber dans l’excès contraire à celui
I que l’on veut éviter , & à introduire par-tout
l i a confufion au lieu de l’ordre. On ne doit point
I prétendre's’affî anchir de toute efpèce de loi dans
lia dif’pofîtion dès végétaux. L’ ordre dont il eft
iic i qtïeftion , au lieu d’ être un amas confus de
■ dénominations j . tcéès au hafard, doit former au
I contraire un enkmble fournis à des règles fixes ,
I mais qui ne le diviferont pas , & ne tendront
Iqu à déterminer la place que doit occuper chaque
I efpèce dans la férié générale.
I Pour expofer ces principes d’une manière claire
|& méthodique, il me fembie que tout fe réduit
l à refondre , s’ il fe peut , les trois problèmes
Ifuivans : i° . déterminer la plante que Ton doit
Iplacer la première , & qui foit comme le point
I fixe d’où l’on partira pour graduer l’ordre entier ,
| & arriver, par une fuçceffion naturelle de rap-
I ports ., jufqu’ à la dernière limite du règne vé-
Igétal. i 9. Etablir les règles qui doivent diriger
| l’obfervateur dans le rapprochement des efpèces.
1 3°. Trouver un.moyen pour fe reconnoître dans
l un ordre , où l’on n’admet aucune-ligne de fé-
1 paration.
( Par le citoyen Po ir e t .
f ^ METHONîQUK > Gloria fa. Genre de plantes
i â fieûrs polypétalaes , de la-famille des HHaç-ées ,
[ qui a des rapports avec Yerythronium' & lès uviir
g laires -, & qui comprend des herbes exotiques à
ffeuilïes1 fimples ,. alternes à fleurs ordinajre-
I ment folitaires remarquables- par leur grandeur
& leur beauté.
Le caraélère effèntiel de' ce. genre eft d’avbir
La corolle compofée. de fix pétales ondulés , ré-
ïfeckis ,• Jix étamines ; le fty le oblique.
C a r a c t è r e - g é n é r i q u e .
ï Les fleurs font incomplettes : elles offrent
t i • Une corolle de fix pétales oblongs-lan” |
t 'céolés , ondulés, très - longs, totalement réfléchis.
J i ° . Six étamines dont les filamens' filiformes ,
moins longs que la corolle , réfléchis^ comme
elle , portent des anthères oblongues ^didymes ,
J. fituées horifontalemenr.
! 3°« Un ova;re fupérieur ovale, obtus, vers
i l’extrémité duquel eft inféré- obliquement un
.ftyle filiforme incliné, afcehdant , trifide au
fomtnet, à-peu-près de la longueur des étamines,
à fiigmates fimples.
Le fruit confifte en une câpfule ovale ou ovoïde,
obtufe, coriace , trigone , triîoculaire , tri valve,
dont chaque loge renferme pluiieurs femences
. arondies , difpofées fur deux rangs.
E s P è c e s.
1. Mïth o niqu e du Malabar- ; Gloriofa fu~
pefba. Gloriofz foliis cirrhiferis. Lin. fpec. plant*
n. 1.
Mendoni. Rheed. Mal. 7'. p. 107. fig. ƒ7. L'ilium
Zeylanicum fuperbum. Comme!, hort. Amff.
vol. 1. p. 69. tab. 3J, Rudb. Elyf. 2. p. 178*.
f. 7. Methonica Malaxarorum , Nienqhala Zeyla-
nenfium. Herni. hort. I.ugd. p; 68$. ta-b. 6%çj.
Pluken. alm. p. 249. tab. 110. fig. 3. Tournefi.
aél. 1 706. in-4n. p. 86. Rai. hift. vol. 2. p. 1917'.
Gloriofa fuperba. Milî. Uiét. n. I. Lam'i ilîùftr.
tab. 247. vulgairement là Superbe du Malabar.
/3. Eadem ? Petalis fubovptis , vix undulaii-s...
C ’eft une des belles plantes que nous offre la
famille des .liliacees. Elle eft particulièrement
remarquable , en ce que fes feuilles font terminées
chacune, comme dans k flagellaria indicé'
3 par une vrille tournée en fpirale.
La r-acine eft fermée de deux branches ouvertes
en équerre , longues,, charnues , un peu
aplaties , blanchâtres en- dedans de couleur
brane en dehors , d’ un goût amer & défagréabk.
il en fort une tige herbacée , foible , farmem-
j teufe , cylindrique ,: glabre , feuillée ,-rameufe ,
| qui traîne à terre ou s’élève en grimpant à la
hauteur de'fix à' dix pieds , lorfqu’elle trouve des
i fupports dans fou voifîrîage. Les feuilles font ak
: ternes, féifijes , oblongues , ou oblongues-lan-'
céolées , entières, vertes , minces , glabres ,
finement (triées ou nervéès' dans leur longueur.
Elïès vont en diminuant infenfiblement vers leur
extrémité, où elles fe terminent, comme il vient
d’être d i t , par un filet^grêle , tourné en fpirale,
qui , en s’accrochant aux corps voifins, facilite
l’ afcenfion de la plante. Ces feuilles ont communément
fix à huit pouces de longueur fur uu
pouce & demi à deux pouces de largeur à leur
bâfe. Les fupérieures font ovàles-lancéolées,pliées