
Cependant quelques perfonnes doutent que la
fubllance gommo-réfineufe dont nous donnons
ici les caradtéres S c les propriétés médecinales, découle
en effet du paftinaca opopanax. Lecït. Gouan
entre autres s bo tanifte iliuftre , & proie fleur
d'Hiftoire Naturelle à Montpellier, dit polîtive-
ment dans un de Tes ouvrages que le Tue de
cette plante fournis à Tanalyfe la plus exâéte ,
ne lui a pas offert un atome de réiine. Cette
affertion d'un auteur auffi digne de foi que le
cit. Gouan ne fauroit être révoquée en doute,
& nous n'héficons pas à l'admettre ; mais nous
démontrerons bientôt que ce fait feul ne fuffit
pas pour rejetter le fentiment que Linné , Ber-
■ gius, Murray & tous ceux qui les ont fuivis ,
ont cru pouvoir adopter.
En effet, l’opopanax eft une fubftance qui
nous vient des pays chauds de l'Orient, de la
Sicile, de l'ancienne Béotie & même de la Syrie;
& fi e.le eft un produit du paftinaca opopanax,
ce ne peut être que des individus de cette-
efpèce.., qui croiflent dans ces contrées. Mais le
cit. Gouan a fait fes expériences à Montpellier,
8c fur des plantes-- qui étaient nées dans fes
environs. O r , nous favons que-la température
eft moins élevée à Montpellier que dans la Sicile
8c .beaucoup moins que dans la Syrie , .qui eft
plus v.oifine des tropiques. Nous favons auffi
que le paftinaca opopanax qui végété dans quelques
endroits de la France Méridionale, 8c celui
qui croît dans l'Italie font bien une feule &
unique, efpèce ,. 8c nous nous en fournies affûtés
d'une manière qui ne laiffe point de douté en
comparant des individus recueillis dans l’un 8c
l’autre de ces deux climats. Il eft également
fort à préfumer que c'eft encore cette même
efpèce qui fe retrouve dans plufieurs régions
de la Livadie 8c de la Syrie. Nous aurons donc
réfolu la queftion ,' ( au moins autant' qu'une
queftion peut l'être , quand on n a pas de faits
pofidfs) fi nous parvenons à prouver que des
individus d’une même efpèce nés fous différons
climats , peuvent auffi fournir des produits
différens.
Et qui pourroit douter d’une telle vérité :
parmi la foule innombrable de faits qui tous
concourent à la démontrer, je n’en choifirai
qu'un , non parce qu'il eft fans réplique, mais
feulement parce que je le crois peu connu,
le cit. fa Billardière a trouvé dans l’Otient une
efpèce.épinsufe d'aftragale , que le cit. Desfontaines
nomme aftragalus tragacantha , mais qui
n’eft pas [‘ aftragalus tragacantha de Linné (i). (i)
(i) Cette efpèce n’eft pas non plus celle, que
Tournefort avoit obfeuvée long-tems auparavant
dans l'Ifle de Candie. ( Voyct. A st r a g a l e . )
.Cette plante croît fur les montagnes j elle fe
plaît particuliérement à leur fommet,8c l.à,
elle produit une fève abondante, d’une nature
viiqueufe , qvii fuinte par tous 'fes pores &
s’am'aÎTe à la furface du végétal fous la forme
de petits grumeaux blancs ou rouflâtres, durs,
tranfparens , qui c-onfti tuent la gomme adra-
gante-, proprement dite du commerce. Au contraire
, tous les. individus de la même efpèce
qui, végètent fur les flancs de la montagne ou
dans les vallées decouvertes, ne préfentent
plus aucune trace de cette propriété.
Si nous faifons attention qu’ici il nJy a de
différence que dans la plus ou moins grande
élévation du fol, mais toujours fous un même
climat j tandis que la France, où le paftinaca
opopanaxf\e donne point de gomme-réfine, & les
contrées Orientales où Ton préfume qu’il en
fournit, font à des latitudes allez éloignées &
jouiffent d’un ordre de faifons entièrement différent,
nous ne ferons plus étonnés de ce con-
trafte dans la nature des produits. N’eft-ce pas
d’ailleurs dans les pays très-chauds que fe rencontrent
les fubftances réfineufes & balfamiques
les plus diverfifiées. Les torrens de ' lumière qui
y arrivent pour ainfi dire à grands flots, & qui
fe précipitant dans une mer immenfe de calorique,
roulent perpétuellement fur des corps
qu’ ils débrûlent, qu’ils altèrent fans çefte, font
paffer les oxides animaux ou végétaux à l’état
de matières odorantes & inflammables : & c’eft
à ces grandes variétés de la nature, c’eft à cette
diverfîté des phénomènes qu’elle préiente dans
les contrées éloignées, qu’il faudra rapporter
tous ces - faits particuliers dont la contradittion
apparente tient à des faits plus généraux^ &
dépend de l’enchaînement des caufes qui régiflent
cet Univers.
Nous ne dirons rien de l’opinion de quelques
médecins tels que Lémery , qui penfaient que
la gomme-réfine dont il eft queftion , provenait
de Y heracleum panaces auquel ils rapportaient
tout ce que Pline dit de fon p a nax. La plante
que Pline nomme pan a x n’eft point connue, &
d’ailleurs l’heracleum panaces eft un. végétal particulier
aux climats glacés du Nord , tandis que
l’opopanax eft un produit des contrées ardentes
du Midi.
Il eft donc infiniment probable que Linnæus
ne s’ eft point trompé, & nous croyons avec lui
que le paftinaca opopanax produit en Syrie & en
diverfes régions de l’Europe auftrale, un fuc
gommo-réfineux ; & que ce fuc gommo-réfîneux
eft l’opopanax des boutiques. '
S j»V i G N y .
PANCRAIS.
PANCRAIS. Pancratium. Genre de plantes
unilobées, de la famille des narciffes , qui a
de grands rapports avec les amaryllis & les nar-
ciftes proprement dits , & qui comprend des
herbes exotiques ou indigènes' de l’Europe , à
feuilles fimples , radicales, engaînees à :1a bafe ,
& à fl-urs grandes, fort belles , folitaires ou
ramaftées dans une fpathe commune 9 & terminales.
Le caraétère effentiel de ce genre eft d’avoir
Une corolle monopétale , infundibulifo rme , . a
deux limbes 9 dont l'inté rieur ftaminifere ; f i x étamines
; un ftigmate ; une. capjule inférieure, h trois
loges.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
La fpathe eft oblongue , obtufe., com primée,
marcefcente , uniflore ou plus ordinairerrieritmul-
tiflore.
Chaque fleur préfente
i° . Une corolle monopétale, infundibuliforme,
à tube long , cylindrique & à limbe double $
l’extérieur compofé de fix divifions étroites,
lancéolées j planés , ouvertes î l’intérieur mo-
nophille , campanule , ayant fon bord oxxlinaire-
ment partagé en douze découpures, dont fix
fubulées, ftamini'fères. ;
2°. Six étamines dont les filamens font fu-
bulés., décurrens , inférés.au fommet des dé-,
coupures du limbe interne, plus longs que ces
mêmes découpures, & chargées d’anthères ob-
longues , vacillantes.
3°. Un ovaire inférieur , obtufément trigone 5.
furmonté d’un ftyle grêle , filiforme , un peu
plus long que les étamines , à ftigmate obtus.
Le fruit eft une capfule arrondie , triquètre ,
trivalve, à trois loges , renfermant plufieurs
femences globuleufés.
Obf. Le's panerais fe diftir.guent facilement des
amaryllis, qui n’ont point de limbe intérieur ,
& des narciffes qui en ont un , mais chez lesquels
il ne porte pas les étamines ; ils fe rapprochent
beaucoup, par leur corolle, des maflo-
n ia , qui ont auffi un limbe intérieur ftaminifère;
mais il eft imppffible de confondre ces deux genres,
fi l’on fait attention que dans le dernier
Tovaire eft fupérieur.
B o t a n iq u e . J'orne ÎV^.
E s p è c e s ,
1. PANCRAIS GIGANTESQUE. Pancratium m a x imum.
Forsk.
Pancratium fp athâ uniflorâ coro.llâ la cin iis
pateiiübus , Limbo interiore maxïmo... No b.
Pancratium fp athâ uniflorâ , p eta lis patentibus ;
neclario p edàli. Forsk. fl. aeg. ara b. p. 72.
Cette, efpèce doit êjre magnifique , d’après la
defeription que nous en donne Forskal. Sa hampe
eft glabre & cylindrique > elle fou tient une
feulé fleur remarquable par fa grandeur déme-
furéè. Celle de l’individu que Forskal a décrit,
avoit environ "deux pieds de longueur. Les divifions
du limbe externe étoient blanches, plus
longues que les étamines, pointues , ouvertes,
mais non réfléchies , comme dans le .pancratium
^eylanicum. Le limbe interné étoit extrêmement
ample , & faifôit à lui feul la moitié de la
longueur totale de la fleur. Forskal dit ri’avoir
pas vu les feuilles de cette plante fingulière ,
! dont M. Niebuhr, fon compagnon-dé voyage,
lui cueillit,*& apporta un exemplaire unique,
j Elle fut trouvée proche Taæs dans l’Arabie-
heure ufe,
2. PANCRAIS DE C eylAN. Pancratium Z e y ï fr
nicum. Lin.
Pancratium fp a th â ■ uniflorâ , la cin iis exterioribus
corolle, rejlexis. Nob.
P an cratium fp a th â uniflorâ 3 p e ta lis reflexis.
Lin. Fl. Zeyl. 126. Mill. diél. n. 3. Narciffus Z e y -
la n icu s , flore albo , exagono , odorato. Herm.
Lugdb. 691. t. 693. Comm* hort., 1, p. 75. t. 38.
Rudb. E,lys. 2. p. 179. £. 7. Burm. Zeyl. 142.
Comm. Mal.- 46. Plukn. alm. 2zo^Rai- hift. 1904..
L ilium indicum. Rumph. Amb. 6 . p. iéi».f. 2.
Catulli-pola. Rheed. Mal. 11. t .-40. W allun a ,
lunata 3 lima. Herm. Zeyl. 61.
Les hampes de ce panerais font toujours uni-
flores , caraéière qui le rapproche de l’efpèce
précédente, mais qui l’éloigne en même tems de
celles qui fuivent.
Son bulbe eft ovale , arrondi, blanchâtre. Les
feuilles font radicales , longues d’un pied &
plus , engaînees à la bafe , enfiformes , légèrement
canaliculées , un peu charnues, vertes,
liftes , terminées en pointe. Les hampes , au
nombre de deux ou trois , ne s’élèvent guère
au-delà de cinq à fix pouces. Elles font liftes ,
cylindriques, & chargées chacune d’une fleur
blanche , très-odorante 3 qui eft munie d’une
Y y y y