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femelles. Mais pour faire cette opération , il faut
attendre l’inftant oà les ftigmates des uns doivent
s’ouvrir , 8c le pollen des autres.-doit s’échapper.
Je ne rappellerai pas à ce fujet un fait très
connu de tout le monde. Perfonne n’ igriore
que ce font ces arbres qui ont le plus contribué
à la découverte des organes fexuels dans
des végétaux , découverte de la plus haute importance
, qui confti uera une époque toujours
.mémorable dans l’hiftoire, des fciences naturelles
, & qui fuffiroit feule pour rendre célèbres
à jamais les hommes de génie qui ont fu
la faire. ( Voye^ le mot Sexe. )
-■ Très-peu de palmiers portent des fleurs hermaphrodites.
,De ce nombre font le corypka 8c
le palmifte ( ckamoerops. ) On obferve que dans
ces deux genres chaque fleur eft munie en particulier
de deux fpathes très-courtes.
Les fleurs des plantes de cette famille pré-
fentent communément , i^. un calice mono-
phylle y perfiftant , à trois divifïons plus ou
moins profondes j 2°. trois pétales un peu plus
grands y fermes, coriaces, fouvent perfiftans,
que l'on peut confidérer , fi l’on veut , comme
des divifïons calicinales internes j 3*. fix étamines
( rarement plus ou moins ) oppofées aux
- pétales &. aux-di vifions du c a ic e ,& dont les
. filets légèrement réunis à la bafe , font inférés
à un bourrelet particulier qui adhère un réceptacle.^
4°. un ovaire fupérieur , triloculaire ( trois
ovaires dans le chamærops ) furmonté d’un à
trois ftyles à ffigmate fimple ou trifide..
Les fruits font prefque toujours des drupes
ou des baies qui contiennent depuis une juf-
qu’à trois, femences. Leur chair eft fouvent molle
& pulpeufe j plus fouvent encore dure j fibre ufe,
coriace quelquefois oléagineufe. Lorfque les
fruits renferment moins 5e trois femences > ce
; qui arrive le plus communément, on voit conf-
-tamment les veftiges d’une ou de deux autres
qui font bien évidemment avortées. ..Cette remarque
peut fur-tout fe faire avec facilité firla
noix des..drupes de.plufieurs genres tels que
- ceux du cocotier , de. l’avoirâ , du baétris , 5:c.
- On trouve à; fa bafe trois- trous ou pores ordi-
-nairement- fermés^par autant d’opercules 3. 8c
qui- femblent indiquer les loges: où étoient con-
_t.en.ues les -femences du jeune fruit dont une
- feulement eft. parvenue à maturité ; foit qu’en
. effet elle ait été feule, fécondée , foit que l ’acçroiffement
du péricarpe ne fe faifant pas en
. raifon de celui des femences , il ne leur ait pas
, permis d'arriver toutes à un entier déveioppe-
ment, foit enfin qu’il n’y ait pas eu affluence fuf-
fifante de fucs nutritifs ; car on fait a fiez que
1 c’eft dans quelques genres de cette famille que
Cq trouvent les femences les plus grandes 4 &.
f A L
peut-être même les fruits les plus volumineux.
Au refte , cet avortement d’une ou de deux
femences n’eft pas même confiant dans toutes les
efpèces. Il paroît au contraire que les drupes
de plufieurs palmiers, particuliérement des divers
avoiras, renferment une noix qui eft affez/
indiftin&ement à une, deux , ou trois loges
monofpermes.
On obferve un cara&ère bien fingulier dans
les fruits de deux genres de la famille en quef-
tion , favoir , le fagouyer 8c le rotang j ils font
recouverts à l’extérieur d’une forte de cuiraffe
folide, cartilagineufe ou ligneufe , d’autant plus
extraordinaire, que les écailles qui la compo-
fent, font embriquées du fbmmet à la bafe,
exemple unique , 8c tout-à-fait digne d’être remarqué.
! Les femences des palmiers font pourvues d’un
perifperme très-abondant , qui en forme pref-
| que la totalité. L*embryon , au contraire , eft
très-petit j, il eft pyramidal, ou comme compofé
d è deux globules ( Ex. le coryphe. ) , 8c renfermé
dans une cavité particulière qui fe trouve
' foit à la bafe du perifperme, foit fur un des
. côtés , foit au fommet. Cette dernière difpo-
fition eft très-rare dans les plantes de cette famille.
On apperçpit à l’extérieur de la femence
une.papilïe ou forte de 'petité convexité particulière
, diftinéte .de l'ombilic, qui n’eft fou-
' vent remarquable que^par fa èouleur , & qui
. indique* la fituatîon même de l ’embryon..
Outre la cavité qui contient l’embryon , otr
en voit fouvent une autre également çreufée
dans l’intérieur du perifperme , 8c qui eft fermée
de toutes;-' parts ,. fi ce n’eft néanmoins
qu’elle communique quelquefois avec la première.
Cette autre cavité ne renferme rien dans
les vieilles, femences de palmieçs: ; c’eft elle
-qui fe Trouve remplie dans le coco d’un liquide
d’abord doux & fueré y qui devient enfuife
acerbe & défsgréable ,. & qui finit par difpa-
mitre infenfiblement. .Ceci nous fait pré fumer
qu’on tiouveroîc- une liqueur analogue dans les.
femences de la plupart des palmiers, fi on pou-
voit fe procurer- leurs fruits encore recens. Au
refte, cette préfomptïon- fe confirme par une
obfervation du citoyen Sonnerat. Cet illuftre
voyageur, qui a vu le lodoïcea. de Commerfon
dans fon pays natal , rapporte que fes femences
contiennent un liquide aqueux , très-abondant
,, mais, qui n’a pas la faveur agréable de celui
du coco-.
Quoi qu’il en fo it,. la cavité dont il s’agit eft
fi confîdérable dans certaines femences. de pal-
.miers *, qtfe leur perifperme reffemble | P°ur
a in fl d i r e x à u n e g r o f f e v e ffie c h a r n u e . C e ft c à
P A !
cu’on peut remarquer en.obfemntcell.es du
Cocotier , du lodoïcea , vùlgaifemérit nommées
cocos des M a ld iv es ou de mer, du rondier, &c.
Souvent aufïi elle eft beaucoup plus étroite, &
âldrs on la trouve régulière & cylindrique,
comme dans le corypka , le caranda , l’ hyphene ,
chez lefquels elle conftitue un fimple canal } ou
comprimée 8c an'fraéhieufè , comme dans Y e h i s ,
le b à SI ris 8c Y arec a . Elle fe rencontre prefque
toujours dans les femences qui ne font pas encore
parvenues à une maturité-parfaite, 8c il
eft très-facile de l’y appêrcévoir 5 mais elle fe
rétrécit fouvent peu à peu , 8c quelquefois s’oblitère
cômplettement : on en voit un exemple
dans l’euterpe. Lorfqu’elle exifte , elle occupe
toujours le centre de la femence.
Dans le dattier , le perifperme eft folide.: la
cavité dont nous venons de parler fembje fup-
pléée en quelque forte par un fîllon longitudinal
creufé fur la face antérieure de la femence >
nouveau point d’analogie entre les palmiers &
les graminées.
La nature même du perifperme eft un peu fu-
iette à varier ; celui du cocotier 8c de quelques
autres eft tendre'^ charnu , grumeleux &
bon à manger. Dans le plus grand nombre il
fe change en une fubftance cornée , demi-tranf-
parente , extrêmement dure. Tel eft celui du
dattier, &c. Quelquefois uni à fa furface , homogène
& uniforme dans toute fa nialfe , il eft
encore plus fouvent panaché dans fon intérieur
par lamembrane interne de la femence qui s’yin-
finue en mille fens différens , & en rend la fu-
perficie très-inégale & comme raboteufe. Ainfi
il feroit très-facile de reconnoître une femence ;
de palmier à la réunion des cara&ères fui vans :
EMBRYON- TRÈS -PETIT , MONOCOTYLEDON J ;
SA SITUATION INDIQUEE PAR UNE PAPILLE
EXTERNE. PeRISPERME ABONDANT , CREUX i
EN SON CENTRE , OU INEGALEMENT DIVISÉ A
:SA CIRCONFÉRENCE.
Genres établis parm i le s palmiers.
Linnéus , Thumberg , Goertner ont fucceflïve- :
ment créé dans cette nombreufe famille plufieurs
genres qui me paroiflent en général aflea/dif-,
tinds les uns des autres , quoique les caraélères?
de là plupart foient encore très-imparfaitement,
détermines, comme on va le voir.
Tige fe u illé e dans f a longueur. Veuilles en-i
gainées.
i. R o t a n g . Calamus. L in .
Heurs monoïques, peut-être dioïques ? ( non!
hermaphrodites > comme le dit Linné:) fpathes,!
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univerfelles & partielles prefque nulles. Régime
lâche. Un calice court à trois divifîofts fquami-
formes j trois pétales.
Fleurs mâles fix étamines.
Fleurs fem e lle s un ovaire i un ftyle trifide ; trois
ftigmates.
Une baie globuleufe , recouverte d’écailles
rhomboïdales, luifantes 8c embriquées du fommet
vers la bafe, uniloculaire , le plus -fouvent
trifperme. Embryon inférieur ( félon Goertner. )
Tronc terminé a fo n fommet^par un fa ifeea u de
f e u il le s ailées;
2. S a g o u y e r . S ag us. Goertn. Lam.
Fleurs monoïques. Spathes univerfelles & partielles
fort amples , monophylles. Régime très-
ferré. Un calice à trois divifions fquamiformes.
Trois pétales.
Fleurs mâles E x étamines.
F leu r s fem elles un ovaire , un ftyle......
Une baie prefque ovale , recouverte d’écaiües
luifantes & embriquées du fommet vers, la bafe ,
uniloculaire , monofperme. Embryon latéral, (félon
Goertner. )
3. D a t t i e r . P hoe n ix . Lin.
Fleurs dioïques. Spathe unîverfelle mono-
phylle. Un calice à trois divifions. Trois pétales
plus grands que le calice.
Fleurs mâles. Six étamines. ( Et non trois ,
comme l’indique Linné- ) •
Fleurs fem elles. Un ovaire ; un ftyle court j un
fligmate.
Un drupe oval , mol, uniloculaire, renfermant
une noix membraneufe 3 monofperme ;
femence oblongue, convexe, marquée d’uû: fih
lon. Embryon dorfal. jj
4. B a c t r i s . B a & r is . Goertn.
Fleurs monoïques , les deux fexes difpofés fur
le même régime ; une fpathe univerfelle.
Fleurs mâles. Un calice à trois divifions ; une
corolle monôpétale1', trifide j fix étamines. ;
F leurs fem e lle s . Un calice .de trois folioles pe-
V V V Y 2.