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confiant des loges qui renferment les femences , '
& par les circonftances fréquentes qui modifient
la figure des femences elles-mêmes.
Le fyftême fexuel fait le plus grand honneur
à la fagacité & au génie de l'on illuftre auteur 5
mais que Ton parcourre lin jardin de botanique,
ce fyftême à la main , on fentira bientôt combien
il perd dans l’application , 8é ces principes,
dont on avoit d’abord admiré la- fécondité , décèleront
par-tout leur infuffifance , dès qu’on les
rapprochera, du plan immenfe & merveilleufe-
ment gradué fur lequel? la nature a travaillé.
Sans parler de mille exceptions auxquelles les
tables du fy fiema nature ne fuppléent point d’une
manière fuffifante , la didynamie angyo-fpermie
contient un nombre çonfidérablede genres, dans
lefquels la différence de grandeur entre les étamines
eft fouvent infenfibie , & les plantes qui
appartiennent à ces genres font alors vainement
cherchées dans la tétrandrie. Beaucoup de plantes
de la tétradynamie font dans le même cas , &
feroient , par erreur , rapportées à l’hexandrie.
La monadelphie & la diadelphie font encore
deux fources perpétuelles de méprifes. Une infinité
de genres compris dans ces deux claffes.
ont les étamines libres, ou fi elles font réunies ,
c’eft avec une nuance fi délicate', que l’on eft
fouvent embarraffé pour fixer le point auquel
doit commencer ou finir la réunion. Tel eft le
cas de beaucoup de géranium , de Ykerman-
r iici, & de tant d’autres plantes que l’on négligera
de rapporter à la monadelphie , tandis que
l’on y cherchera par erreur plufieurs liliacées ,
telles' que le f r i t i lla r ia imperialis , le .galantfrus ,
&c. ainfî que beaucoup de pentandriques.
La réunion des anthères eft certainement auffi
marquée dans plufieurs fo la n ium , dans le dode-
catheon , le cyclamen , le primula , &c. que dans
le v io la & { ‘impatiens , qui font partie de la fyn-
génefie. Plus de la moitié des légumineufes s’accordent
fort mai ayec le titre de la diadelphie 5
Se enfin la monoecie., la dioecie 8e le polygamie
fourniffent une infinité de doubles emplois qui
ne font point indiqués.
Il eft cependant bien fingulier de pouvoir dire
que le fyftême fexuel foit encore , malgré fes
défauts , très-fupérieur à tant de méthodes que
l’on a imaginées.jufqu’i c i , quoique les auteurs
de ces dernières euflent bien plus de reflources
"pour parvenir à leur but, puifqu’ils, n’étoient
point gênés par l’unité, de principe , & que la
facilité de multiplier & de varier à leur gré les
données , devoit naturellement les conduire à
des folutions plus complettes.
, Il ne fera pas difficile de remonter à la caufe
qui a gâté & altéré toutes les méthodes , fi l’on
eonfidère , en premier lieu , que les botaniftes ,
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qui fe font appliqués à cette efpèce de travail,
au lieu de tendre uniquement & directement à
leur but, ont été arrêtés par des conlïdérations
qui leur devenoient tout-à-fait étrangères. En
effet ils ont tous afpiré à l’honneur du fyftême,
& fe font gênés fur le choix des moyens, dans
la crainte de ne point afiez Amplifier les, principes
fur lefquels ils établiffoient leur méthode.
En conféquence ils ont fait le moins de divifions
qu’il leur a été poffible, & ont mieux aimé les
appuyer fur des caractères équivoques, que d’en
emprunter de. toutes les parties des plantes qui
pouvoient leur en fournir d’affez marqués , ce
qui eut été cependant fe rapprocher de la vraie
botanique , & multiplier les traits de çeffem-
blance entre leur ouvrage & celui de la nature.
Ce préjugé n’eft pas le feul dont les méthodes
aient eu à -fouffrir. ,.On fe fit une loi févère de
ne point féparer les plantes qui avoient des rapports
communs y comme fi le moyen qui conduit
par des divifions nombreufes jufqu’aux plantes
qu’il doit indiquer, pouvoit être un ordre
naturel, & comme s’il étoit pdffible de faire
une feule divifion fans rompre quelque- part des
rapports marqués.
Il ne faut qu’ouvrir l’ouvrage de Tournefort
pour y recônnoîtré , fi j’ofe le dire , l’abus qu’il
a fait de fon efprit , en fe tournant de mille
manières , pour éviter de prétendus inconvé-
niens, dont il n’a pas pu cependant garantir fa
méthode..
En effet, ce fut autant par le defir de conferver
les rapports , que pour caraCtérifer fa neuvième
claffe, qu’il àbandonnna la confidération de-la corolle,&
n’employa que celle du fruit. 11 auroit pu
cependant s’appercevoir, que dans le peu de ai-
vinons qu’il avoit faites il avoit déjà rompu
trop d’affinités pour tenir~encore à fon opinion.
Car combien de plantes dont les rapports font
très-frappans ,Te trouvent; féparées par fa première
diftribution, qui met d’un côtelés fous-
arbrifleaux & les herbes, & de l’autre les ar-
briffeaux & les arbres , quoique d’ailleurs cette
diftribution foit très-peu circonfcrite , -& devienne
embarraflante dans bien des cas , lorfr
qu’on arrive à la nuance par laquelle les tiges
iigneulcs femblent fe confondre avec les tiges
herbacées ? En un mot, pouvoit-il ignorer que
les titres de fa première & fécondé claffes le
forçoient de féparer le convolvulus du quamoclit,
le gentiana du tentaurium minus , &c._, fans qu’il
eût cependant pourvu à la sûreté du principe,
& à la netteté de ces deux divifions , puif*
qu’elles renferment le veronica , Yhyofcyamus,
l’ echium , &c. qui feroient vainement cherchés
dans la clafîe qui indique pour caractère une corolle
monopétale 8c irrégulière i C’eft ainfî qu’une
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jnirchq gênée, S c , ppur àinfi dire, inconféquénte,
défigure cette méthode-, digne d’ailleurs d’être
applaudie , fur-tout fi l’on fe tranfporte à l’époque
îouvivoit l’auteur , &r fî. l’on fait attention à
l’efpace qu’il a franchi tout-d’un-coup, 8c à fes
progrès rapides dans une feience , dont il a encore
plus perfectionné l’étude par fon génie,
qu’étendu le règne par fes favans voyages.
D’après cet expofé du citoyen Lamarcîc, la
'méthode ou le fyftême ne peuvent vaincre certains
obftlcles qui les arrêtent dans leur marche
; ils font infuffifans , dans une foule de circon-
ftanhes, pour conduire bien directement à la con-
nofifance de toutes les plantes. La queftion fe
réduiroit donc à trouver une efpèce de moyen
terme qui concilieroit en quelque; forte le fyftême
avec la méthode , qui feroit ufage de l ’un 6c
l’autre , fans être ni l'un ni l’autre. Ce font ces
confîdératioris qui ont déterminé le citoyen La-
marck à prOpofer fa méthode d‘analyfe , qui eft
adoptée avec tant d’ayidité par tous ceux qui
commencent à fe livrer à î’ctude de la botanique.
11 faut encore l’entendre lui même.
• Une bonne méthode en botanique , dit-il , eft
pour ainfî dire un guide éclairé qui voyage partout
avec nous , que nous pouvons confulter à"
chaque inftant, qui plaît même d’autant plus,
qu’il exige toujours des recherches de notre
part, & déguife les leçons qu’il nous donne fous
l’apparence flatteufe dune découverte.
t ' Il eft certain que, dans un ouvrage de cette
nature, c’eft à l’utilité qu’il faut principalement
s’attacher , au point même de facrifier tout le
refte,s’il eft néceffiure , à cet objet eflentiel.
D’après cette confédération , il me femble que
tout auteur qui compote une m éthode, quels que
foient les moyens qu’il emploie d’ailleurs , 'doit
néceffairement partir des deux principes fuivans ,
comme de deux lois fondamentales.
i ç. Aucune partie des plantes , prife à l’exclu-
fion des autres , ne fourniflant feule affez de caraCtères
pour remplir l’objet direCt d’une diftribution
quelconque ; il eftnéceftaire de faire ufage
de tous lès caraCtères que les plantes peuvent
offrir, & d’en emprunter indiftinCtement de toutes
leurs parties, ayant feulement attention de rejette^,
autant qu’il fera poffible ^ ceux dont l’ob-
fervatiorf feroit trop délicate.
K ' Ay?nt reconnu qu’on ne peut faire une
feule divifion qui ne rompe quelque part des
rapports très-marques, on doit fe mettre parfaitement
a fon aife fur cet objet , s’occuper uni-
quemëut de la sûreté de la méthode , former des
divifions tranchantes & circonfcrites par des définitions
a l’abri de toute équivoque., fans avoir
égard aux fé par a tiens frappantes que ces divifions
peuvent occafîonner.
■ -Ces principes établis ,. je vais donner une idée
de la méthode que' j’ai exécutée. Imaginons ,
pour plus de {implicite , qu’il n’exifte dans la
nature que douze efpèces de plantes. Suppofons
qu’ayant obfervi ces plantes avec foin , je me
propofe d’en faire- l’analyfe , je choifîrai d’abord.
deux earaCtères qui s’excluent dans la
même efpèee, & dont le premier convienne à
une partie de mes plantes , & le fécond appartienne
à tout le refte. Ces deux caractères3 fe.-.
ront , par exemple., l’exjftence bien marquée
des. étamines & piftils d’une part, & de l’autre
l’abfence , du moins apparente, de ces deux parties.
Cette. première divifion me fournira deux
titres que je placerai à la tête dé l’analyfe , &
, fi mes caraCtères font bien tranchans , je verrai
mes plantes fe partager & fe ranger chacune
fous le titre auquel elle appartiendra , ce qui me
donnera deux groupes bien détachés.
Pour ne point trop embraftèr d’objets à la
fois-, .je reprendrai d’abord le premiér membre
de divifion ,’ & je le traiterai comme j’ai fait
pour la totalité de mes plantes, à l’aids de deux
nouveaux caraCtères tires, par exemple , de la'
réunion ou de la non-réunion des fleurs dans un
calice commun.
Le premier des titres précédens , auquel je
me borne encore pour éviter la confufîon , me
fournit une nouvelle divifion fondée fur la forme
des fleurettes 5 elles font ou de même forte
toutes en cornet ou toutes en languettes j ou dé
deux fortes, les unes- en cornet, les autres en
languettes. Je les ifole encore , & je parviens
enfin à exprimer des caraCtères qui n’appartiennent
qu’à la feule plante que je cherche.
Je dois obferver ici que la manière‘ de' procéder
dans une analyfe ne peut être arbitraire ,
& qu’encore qu’il paroiffe indifférent au premier,
coiip-d’oeil d’employer telle divifion plutôt que
telle autre , la marche qui fera trouver le , fiom
de la plante , doit cependant être combinée
d’après certaines règles que je,-réduis à deux. La
première eft que l’on parvienne au but par la
voie la plus sure. La fécondé eft que cette voie
foit en même-temps la plus courte poffible.
Ces deux règles étant la bâfe de toute méthode
analytique , doivent être par conféauent
combinées de façon qu’elles fe croifent le moins
qu’il fe pourraj & dans le cas où l’une ne pourroit
être obiervée qu’aux dépens de l’autre , ce feroit
alors la fécondé qu’il faudroit facrifier en partie
is la première qui ne fauroit être trop refpeCtée.
On voit donc , par tout ce qui vient d’être
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