
taux que nous croyons formés pâr la feule main
de la nature.
Mais que deviendra pour moi cet ac- 1
cord, cette uniformité , dans tous les points
de l’enfemble , fi, après être paffé du rotang au
nypa, & du rondier au chamærops, & avoir
trouvé chez toutes les efpècés la même foliation
, la même inflorefcence , la même ftru&ure
effentielle dans les fleurs , prefque la même- encore
dans les fruits ; fi la difpofition refpeftive
des fexes , fi. quelques légères variétés dans la
forme de certaines parties , dans la connexion
des filamens , des loges de Povaire, des .ftyles
ou des ftigmates , dans le nombre dés pétales ,
des étamines , dans celui des femences ou des
loges du fruit ( par avortement ) , dans la ftruc-
ture interne du péricarpe , enfin dans la fitua-
tion l’embryon , &c. ont été les feules différences
dont la combinaifon m’ait permis de
tracer des caractères génériques, & qu’enfuite , ;
fans fortir du cadre , fans trouver aucune ligne
de démarcation fortement exprimée , je tombe
tout-à-coup fur des genres ou je ne vois plus
rien de femblable dans des traits qui n’avoient
point varié jufqu alors ; ainfi , différence dans
la fo'iation, différence dans l’inflorefcence , nul
rapport dans les fleurs mâles , nul rapport même
dans les fleurs femelles, à peine les fruits
feuls m’offrent - ils quelque reffemblance : ne fe-
rois-je pas forcé de reconnaître que cette union
eft difparate ? Je dis plus , quelle peut nuire en
quelque forte aux progrès de la fcience , puif-
qu’elle détruit un des principaux avantages des
méthodes naturelles , qui eft de pouvoir indiquer
en tête de chaque famille le plus grand
nombre poflible de propriétés communes.
Quel nouveau moti f empêche donc de faire des
deux genres en queftionun grouppe particulier & j
diftinéft feroit-ce parce qu’ils font peu nombreux ? [
mais je puis prouver qu’ici cette objection n’eft |
rien moins que folide ; elle deviendroit excel- j
lente 3 s’il s’agiffoit d’une méthode artificielle }
car, ou je me trompe , ou Linné avoit tort 3
lorfqu’il établiffoit des claffes quinecomprenoient
qu’un feul genre , & des claffes qui en renfer.-
moient plus de deux cents , & c'eft même- là
un des grands défauts de fon fyftême ; mais
aufli il avoit raifon, lorfqu’après avoir pofé en
principe que tous fes genres étoient naturels, il
admettoit des genres d’une feule efpèce & des
genres de plus de quatre-vingt , tels que celui
des convolvulus. C’eft qu’en effet lorfque nous
nous propofons de fuivre un plan qui nous fem-
b!e tracé par la nature elle-même , tout ce qui
nous rapproche de ce plan eft bon & convenable
, & que nous devons toujours éviter avec
foin ce qui tendroit à nous en écarter. Si la
nature a créé des efpèces affez ifolées pour fe
trouvef uniques dans leur genre 3 pourquoi
n’en ayroit-elle pas créé de plus ifolées encore
3 & d’uniques 'dans leur famille ? Certes
je ne prétends pas infînuer 3 par tout ce que je
viens de dire, qu’il faille iepnrer des plantes
qui feroient actuellement rangées dans une rriême
famille, parce qu’il y aproit entr’elles des différences
affez confidérables, mais feulement que
partout la fomme des différences & c-e'lle des
rapports doit être dans une proportion à
peu près la même ; &: 3 je fe répète , je crois
que cette uniformité fait l’effence de ce
qu’on peut • appeller famille naturelle. Ainfi , par
exemple , l.es ombellifères* & les malvacées font
deux familles généralement reconnues , & ni
l’une ni l’autre ne devront jamais être démembrées.
Cependant dans la première les différences
font fi peu remarquables , en companifon des
rapports, que le -tout forme un tableau affez
monotone , dont le fond eft à peine yarié par
quelques nuances imperceptiblestandis que
dans la fécondé 3 ces nuances , mieux exprimées,
fe détachent & reffortent beaucoup plus vivement.
Mais comme dans toutes les deux le paf-
fage d’un genre à l’autre eft toujours à peu-
près le même, on peut dire qué leur enfemble
préfente également une régularité parfaite. Je
m’arrête ici , car je ne finirois pas , fi je voulois
m’étendre davantage. Ces principes , au fefte,
font faciles à faifir j qu’on les établiffe une
fois , & alors on pourra conftruire un édifice
durable, que la fucceflîon des tems & des découvertes
ne fera que confolider.
S a v j g n y .
PALMÉES. ( feuilles ) Folia palm ata. On les
appelle ainfi , lorfqu’elles font divifées en lobes
prefqu’égaux & divergens , parce qu’on
compare alors leur forme à celle d’une main
ouverte : fi les divifions fe prolongeoient jusqu’au
pétiole , de manière que chaque lobe fût
entièrement libre , & reffemblât luï-même à une
feuille particulière , on leur donneroit le nom
de digitées 3 f o l ia d ig itata. Ces deux fortes de
feuilles fe rencontrent fouvent dans un même
genre ou dans une même famille. Ou en voit
des exemples parmi les cueurbitacées , les malvacées
3 les érables, &c. &c.
S A V IG N Y .
PALMISTE , éventail. Cham&rops kumilis.
Lin.
Cham&rops frondibus p almatis 3 fiip itib u s fpin ofis.
Lin. hort. Cliff. 482.. Roy- Lugdb. Mil!. Di&*
n. 1. fabric. Helmft. 38,3. Chama.riph.es major.
Gærtn. de fruét. p. 26 . tab. 5?. f. P a lm a kumilis.
S . Cham&riphes Bauh. hift. 1. p. 568. P a lm a minor.
Bauh. pin. jo6. Ckam&riphes. Dod. pempt.
S20. Cham&ripkcs tricarpofpinofa 3 folio flabelli-
formi.' Pont. auth. 174. t. 8.
Cham&riphes min^r. Gærtn. fruét. p. 2.6. tab.
c». f. 4. Syft. nat. Gmel.
Arbre de la claffe des plantes unilobées,
de la famille des palmiers , qui paroît avoir des
rapports avec le latanier & le maurice, & qui
conftitue un genre particulier, dont le caraélère
effentiel eft d’avoir
Les fleurs polygames j la fpathe monophi lie ; un
calice a trois divifions; fix étamines monadelphes
dans toutes les fleurs ; trois'ftyles dans les fleurs
hermaphrodites ; trois baies monofpermes.
Ce palmier fe diftingue dés autres plantes de
fa famille par fa petite Sature. Il paroît en effet
que dans fon pays natal, fur les côtes d’Efpagne
& de Barbarie, il ne s’élève jamais au-delà de 4 à
5 pieds , ce qui eft une hauteur fort p#i confidé-
rable, comparée à celle des dattiers;, & furtout
à celle des cocotiers, qui ont fouvent 70 pieds
6 davantage. Mais au jardin de Paris, où on
le cultive depuis très-long-t< ms & où il femble
végéter avec beaucoup de vigueur il conftitue
un arbre médiocre , qui acquiert jufqu’à quinze .
ou même vingt pieds. Son tronc eft alors un cylindre
de cinq à fix pouces de diamètre , droit,
très-fimple , brun, nud à fa b T e , où il eft marqué
de cicatrices circulaires & peu profondes ,
chargé dans le refte de fa longueur de grandes
écailles triangulaires , engagées dans un tiffu filamenteux
& rouffâtre , épaiflès , embriquées ,
lefquelles ne font que des bafes de'pétioles long-
tems perfiftantes : car les anciennes feuilles fe
deffecnent fucceffvement, & tombent chaque
année , à mefurè ’ que l’arbre prend de l’ac-
croiffement.' Ce cylindre qui femble porté
£ar un paquet de groffes fibres , eft couronné
à • fon fommet par un ample fai (Veau
compofé de trente à quarante feuilles en éventail,
dont les extérieures font horifontales ou réfléchies
j les autres feuilles, d’autant moins ouvertes
qu’elles font plus intérieures, entourent un grand
bourgeon pyramidal, placé au centre du faif-
ceau. Ce bourgeon exifte, comme on fait , dans
tous les palmiers s il eft tendre , ftyoureux &
bon à manger dans un très-grand nombre, mais
il paroît que celui du -palmifte n’eft pas en général
un mets fort délicat.
Les feuilles de cet arbre font digitées ou très-
profondément palmées , pliffées , divifées en
douze à quinze folioles étroites , enfiformes,
carinées , pointues , nervées longitudinalement^
glabres ou légèrement pubefcentes ; d’un vert
un peu glauquç , très-entières , & difpofées en
quelque forte comme les rayons d’un- éventail
a l’extrémité des pétioles communs. Ces pétioles
font épais , liffes , planes , à deux bords
tranchans , hériffés de fortes épines latérales ,
obliques, aiguës, courtes , un peu diftantes les
unes des autres. Ils (ont liés & fixés à leur bafe
par* quantité de filamens non entrelacés mais
croifés, formant réfeau fibreux , analogue au.
liber proprement d it, & qui paroît de plus def-
tiné à affermir l’attache des feuilles. De leurs
aiffelles naiffent des fpathes longues de fix à huit
pouces, très - comprimées , d’une feule pièce ,
chargées de poils fur les bords j elles s’ouvrent
par une de leurs carènes , & laiffent foi tir une
panicule rameufe, de la longueur de la main ,
. compofée_ d’un régime ( fipadix / épais, applati,
qui fe divife fupérieurement en un grand nombre
de rameaux médiocrement ouverts, la plupart
Amples, couverts dans toute leur étendue de
petites fleurs jaunâtres, fefliles. Chaque panicule
ne porte jamais qu’une forte de fleurs -, qui font
toutes mâ^es fur certains pieds, & toutes hermaphrodites
fur d’autres.
Les fleurs mâles préfentent :
i° . Un calice très-petit, à trois divifions j
2°. Trois pétales ovales , coriaces, redreffés ,
pointus, infléchis au fommet j
J§- Six ( à neuf, felon Gærtner ) étamines ,
dont les filamens fubulés , comprimés , réunis à
leur bafe, foutiennent des anthères linéaires, dy-
dimes , attachées à leur côté interne.
Les fleurs hermaphrodites ont
i G. Un calice ^
20. Des pétales > femblables à ceux des
30. Des étamines ) fleurs mâles.
4°- Trois ovaires arrondis , furmontés chacun
d’un ftÿle perfiitant à ftigmate pointu.
Le fruit confifte^ en trois baies prefque glo-
buleufes , obfcurément trigones à leur bafe,
d’un 'brun noirâtre , recouvertes d’une pellicule
fort mince , parfemées de points faillis &
de couleur plus pâle , uniloculaires , renfermant
(ous une pulpe fibreufe, un peu feche ,
fpongieufe , une femence elliptique , prefque
fpheroide , rouffâtre ou teftacée , marquée d’une
petite papille latérale au-deffous de fon milieu.
C F. v. )
La variété ^ fe diftingue par fes baies ovales-
cylindriques , affez femblables pour la forme &
la grandeur aux fruits du jujubier, charnues , très
glabres , d’un jaune fauve. Leur chair eft molle,
même dans celles qui font déjà anciennes, Les
X x x x 2