», efpèce, dit le citoyen Desfontaines, cette
„ différence vient des fucs nourriciers qy’elle
» a reçus en plus ou moins grande abondance j
„ mais elle s'élèvera toujours en colonne, à
„ moins que des circonftances particulières ,
,, dont je vais faire mention, ne s'y oppofent. En
» effet, il n'eft pas très-rare de voir des tiges plus
„ minces ou plus greffes vers la bafe que dans le
w relie de leur longueur i quelquefois on y ap-
» perçoit auili des gonüemens & des. retrécilfe-
» mens alternatifs. Ces fortes d'irrégularités ne
» s‘obf:-rvent pas feulèment dans les p a lm ie r s ,
», quelques plantes voifines de cette famille.,.
„ telles que les yucca , les dragoniers , les alo'is ,
», &c. en offrent pareillement des exemples.
», Cela arrive toutes les fois que la plante re-
& çoit, à différentes époques & pendant un cer-
», tain, tems , une inégale qnantité de fucs nour-
», riciers.'Si , par exemple , on tranfplante un
», jeune palmier d un fol aride dans un terrain
,» fertile , les fibres de la nouvelle pouffe ac»
», querront un volume plus confidérable que les
M anciennes, & le diamètre de la tige augmenta
» tera dans cette partie , tandis que l'inférieure
,» .confervera exaélement la groffeur quelle avoit
», auparavant , parce .qu'il ne fe forme poinrde
„ couchas à fa furface, & que des fibres de-
„ venues ligneufes: ne peuvent prendre d’ac-
,» croiffement, comme Haies & Duhamel l'ont
„ démontré. S i, par un accident contraire, la
j» force de la végétation .fe rallentit, les nou-
» velles pouffes feront plus grêles que les an-
», cfennes. »» ;
», On voit aéluel'.ement dans une des ferres
», du Jardin des plantes, un cycas dont le tronc
», a un retréciffement confidérable vers le mi-
» lieu i la caufe ;en eft bien connue. Cet arbre
», fut tranfplaaté à l'Ifle de France' dans une
», petite caiffe , & embarqué fur un vaiffeau ,
», au commencement d e y lt jZ y > par le citoyen
„ Jofeph Martin .;. il languit pendant la travers
é e , , & même long-tems encore après fon
», arrivées Paris. Néanmoins la végétation n’ayant
», pas été entièrement arrêtée, la tige augmenta
-»,; en longueur de quelques pouces j- mais le
», nouveau prolongement acquit beaucoup moins
s, de groffeur que les anciens. Dans la fuite ce
», palmier, qu'on avoit placé dans une ferre , &
*» auquel on avoit donne tous les. foins conve-
,» nables, reprit infenfiblement de la vigueur.
», Depuis ce tems, les nouveaux jets de la tige
», ont augmenté de volume , 1 étranglement foc-
„ mé lorfque la végétation étoit languiffante,
», ellrefté dans le même état, & ne s’effacera
,a jamais. La circonférence dans cet endroit eft
», de ia pouces, il en a 21 un peu plus au-def-
» fous, & 18 au-deffus ; il a'crû d'environ un
., pied en fepr ans & demi. Le prolongement eft
», un cylindre régulier s il a mains de groffeur
»3 que la partie qui s'étend depuis l'étrangle-
© ment juîqu’à la racine, parce que la végéta-
33. tion a écé .moins forte dans un climat tem-
>3 péré que fous la zone torride, où cette eft
33 pèce croît naturellement. 33: :
33 La même caufe ne peut jamais produire le
». même effet dans un arbre à deux feuilles fé-
33 minales , parce que fon accroiffement en
33 groffeur ne fe fait que par des couches con-
33 centriques & uniformes, qui s'étendent de-
33 puis fa bafe jufqu'à fon fommet ; ainfi , foit
33 que la force de végétation augmente , foit
33 qu'elle diminue à différentes époques, le tronc
» confervera toujours fa forme primitive. *3
33 J’ai dit précédemment que l'écorce des ar-
» bres à deux feuilles féminales, étoit comas
pofée de lames emboîtées les unes • dans les
3? autres , que tous les ans, dans le tems de la
»a feve , il en naiffoit une nouvelle entre l'au-
33 bier & celle de l'année précédente, que le 3> nombre des couches diminuoît fucceffivement
i 33 depuis la partie inférieure du tronc jufqu'à 1.33 l'extrémité des branches , qu'enfin il. n'y en
33 avoit qu'une feule fur les rameaux d'un an.»
: 33 On ne- remarque rien de ferablable dans
33 l'enveloppe.extérieure des palmiers \ elle, n'eft
33 évidemment .qu'une expanfion des fibres de la
30 bafe des pétioles, qui fe portant, à droite &
»3 à gauche ,. forment, autant de réfeaux dont
33 les mailles font plus ou moins larges & diver-
»3 fement configurées dans chaque efpèce de pal-
30 mier. Ces refe.aux font imbriqués, c'eft-à-dire,
33 qu'ils fê recouvrent *à pen-piès comme les
33 tuiles des toits de nos maifons > leur nom-
33 bre eft d'autant plus confidérable', que les
»s feuilles font plus rapprochées lès unes des
33 autres ; ils n'adhèrent point enfemble , & on
33 les fépare avec la’ plus grande facilité > cha-
33 cun eft compofé de trois plans de fibres très*
» diftinéts : les deux plans extérieurs fuivent
33 une dire&ion tranfverfale & parallèle'i lin-
» termediaire que l'on peut comparer à la trame
33 d'une étoffe, les coupe obliquement de haut
33 èn bas. Les fibres nè font point entrelacées ,
33 mais feulement unies par dés filamens capil-
» laires qui vont s'attacher de l'une à l’autre.
» Enfin, l’enveloppe des palmiers fe détruit avec
33 le tems, et il ne fe forme jamais de couches à fa
»3 furface intérieure, de forte qu'on ne doit pas
>3 la regarder comme une véritable écorce.
» Kcempfer l’avoit déjà dit"; mais cet auteur
so n'avoit pas bien connu fon organifation : t'or-
33 tice donàtus caudcx non efi , fe d ab injuriis^ Jt
33 ju n io r iuetut partibus frondium ab amputationt
33 refiduis quas pollices nunc upavimus. Koempi*
s» Arnoenit. exoti p. 687. »>
En réfumant ces diverfes obfervations , on
peut en conclure , félon nous, qu'à proprement
parler , les palmiers n'ont point de véritables
tiges> que la partie à laquelle on donne communément
ce nom , doit être plutôt confidérée
comme un prolongement du collet de la racine,
Sz que par confe.quent toutes les feuilles qui.
fortent de fa cîme , quelle qu'en foit d'ailleurs
l'élévation., ne font réellement que des feuilles
radicales.
Un fait vient encore à l'appui de cette opinion
: c’eft, que la prétendue tige des palmiers
eft prefque toujours fimple, & que fi elle fe
divife quelquefois en plufieurs rameaux , ce phénomène
eft vifiblement dft à quelques caufes particulières
3 comme lorfque fon fommet aura été
mutilé ou/altéré par quelqu’accident. On en
trouve des exemples dans Théophrafte. Rheede
a vu le cicas , arbre très-voifin de cette famille,
comme, nous Je remarquerons ci-après , pouffer
quatre à cinq branches du même tronc. Conti-
git quoque nonnunquam u t; ex uno trunco quatuor
put quinque yertices enafeantur. Hort. Maiab. vol.
$. p. IO. t.20. f.,2.
Les feuilles dont les troncs des palmiers fe :
couronnent à leur fommet, affectent en général
deux fortes de formes. Dans beaucoup d'efpèces
elles font digitées ou palmées , & reffemblent
alors en, quelque forte à des éventails j dans
un plus grand, nombre encore , ellesffont fimple- j
ment ailées. Celles des caryota font deux rois t
pinnées. Quelques efpeces de coryphe ont des 1
feuiles peltées & multifides, qui imitent affez
bien des parafols ; , mais on peut les regarder ,
fi l'on veut, comme des feuilles palmées , dont
les folioles fonf fi nombreufes , qu'elles forment
un difque complet ,& orbicuüire. Quoi
qu'il en foit, le nombre de ces feuilles demeure ;
en tout tems à peu près lé;même dans chaque1
individu , parce qu'il s'en développe fucceflive-j
ment de nouvelles à mefure. que les plus anciennes
fe flétriffent & tombent. Leurs folioles.
toujours étroites, un peu fermes , nullement
fucculentes y fe terminent fou vent par une fpi-
nule. Le citoyen Desfontaines obferve que leurs
nejvures font, çonftamment longitudinales &
parallèles à la côte du milieu. 33 Ce dernier ça-
• ;S|raCfère , ajoute-t-il, eft /commun à la plupart
»?. de:s monocolytedons j je dis la plupart , parce
;»>;q[ue.-les nervures des arums , des balifiers,
« des bananiers & des fougères ont une di-
« rection tranfverfale. 33
Les pétioles qui foutiennent les feuilles dont
nous venons de parler., font plus ou moins com-
pnmés hériffés quelquefois de fortes épine,s.
fis s elargiffent à leur bafe qui s'applique contre
k tige, & l’embraffô dans une certaine étendue
de fa circonférence , mais fans jamais 1'engaîner.
Chez la plupart des palmier s , ces bafes de pétioles
perfiftent long-tems après la chute des
feuilles , & deviennent de larges plaques ou
écaillés triangulaires , embriquées , qui recouvrent
ordinairement toute 4a partie fupérieure
du tronc.
A11 centre du faifeeau que forment par leur
difpofition les feuilles des divers p almier s , fe
trouve un gros bourgeon droit , conique ou
pyramidal, qui termine la tige. C'eft un afiem-
blage de jeunes feuilles non développées , dont
les folioles font pliées en deux dans toute leur
longueur, & appliquées latéralement les unes
contre les autres. Le fens de cette plicature des
folioles varie fuivant les efpéces, de forte, par
exemple , que dans/le dattier, le dos ou la carène
regarde en dehors , tandis que dans le cocotier
cette même partie eft tournée en dedans.
Au;refte, le bourgeon dont il s'agit eft;
toujours entouré ou même quelquefois enveloppé
de toute part, par le rézeau fibreux qui
appartient aux feuilles les plus voifines , c'eft- i
à-dire à celles qui fe font développées les
dernières. Comjpe il eft unique, & qu'il renferme
lui feul les germes de toutés lés parties
'qui doivent paroître fucceffivement , & concourir
à l’accroiffement progreflif de la tige , on
ne peut le couper ou le retrancher ; de tellè
manière que ce foit , fans caufer infailliblement
U perte de-la plante fur laquelle on fait cette
réfection. .
Nous avons fait connoître . tout ce qui pou-
yoit être relatif à' la végétation des palmiers ;
nous avons mis fou si les yeux ce port fi remarquable
qui le caraétérife , cette .difpofition fin-
gulière des organes intérieurs , fi différente de
.celle qu’on diftingue dans les arbres à deux lobes
.féminaux} difpofition d'ailleurs long-tems igno-
& dont nous devons la çonnoifiance à des
pbferyateurs éclairés de nos jours : aftuëllement
qu'ën réunifiant ces fajts divers, &Jes comparant,
à ceux que préfente la phyfique des plantes
en général, on a pu fe former une ideé plus
ou moins parfaite de la marche de la nature dans
la nutrition & le développement fucceffif des
parties qui compofent chaque ' individu de Li
famille dont il eft queftion j fuivons les traces
de çette même organifation dans quelques autres
fériés de végétaux , & voyons quelles ; font
alors >t les modifications particulières qu'elle
éprouve.
■ En entrant dans ces détails, nous devons corn*
mencer par avouer qu'il exifte plufieurs plantés
que tous les botaniftes s'accordent à ranger parmi
les - palmiers , d'après la frunification , quoi-
que leur port femblè les rapprocher bien davan