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auxquelles l’homme s’attachera avec opiniâtreté.
11 faut avoir les yeux d’ un botanifte exercé pour
reconnoître dans les-champs cette plante quand 1
on ne l’a vue que cultivée. Ç)n a eu raifon de j
l ’appeller bouquet parfait. 11 eft irnpoflTible a Kart
de ranger avec autant d’adreife cette maffe de
fleurs : elle figure admirablement dans les parterres
j dans les plattes-bandes où elle prëfente
de belles touffes. On multiplie cette efpece , en
détachant des tiges du pied principal cel'es qui
ont pris des racines en touchant la terre. Il vaut
encore mieux les multiplier par femences. On
les a plus belles. Le bouquet parfait à fleurs blanches
, s’il eft ifoîé , a l'air pauvre , comparé
avec la rieheffe de couleur des autres pieds.
Les cou'eurs principales font le gris dç lin , la
couleur de chair , le cramoilï 3 le violet foncé ,
& prefque toutes ont la nuance du velours,
plulieu s font piquetées.
Eft-ce bien à cette efpece , ou à l’oeillet barbu
qu’il faut rapporter ces belles variétés que l’ abbe
K o iie r vient de mentionner
6. OEillet ferrugineux; Dianthus ferrugineus.
Lin. Dianthus florious aggregatis , petalis bifldis :
laciniis t ride maris. Mantlif. $ 6 j.
Caryophyllus montanus umbellatus floribus va-
riis luteis t ferrugineis zialicus. h arr. ra.r. 648. tab.
497-
C e t oeillet a les plus grands rapports avec
l ’ efpèce précédente ; cependant lorfqu’ on les
rapproche & qu’on les compare dans toutes leurs
parties, on y découvre des différences fpécj-
Êques bien tranchées.
Les tiges de celui-ci font un peu courbées
à leur bâfe , fillonnées , à quatre angles bien
prononcés. Les feuilles font plus étroites, plus
longues , oppofées & réunies par leur bâfe où
elles forment une gaine lâche. Les fleurs font
également réunies en un fafcicuie ferré , mais
pfus ramifié , divifé en deux ou trois branches,
ce que je n’ai pas remarqué dans l’efpèce précédente.
Les écailles calicinales font larges , terminées
par une pointe barbue , de la même longueur
que le tube , tandis qu’ elles lont plus
courtes dans l’oeillet des Chartreux : les calices
font glabres , fries , tachetés de noir ou de
brun vers leur fommet. Les péta'-es font divifés
en deux , & chaque divifion eft découpée en
trois dents , de couleur rouffe en-deffous 3 jaunâtres
intérieurement ; dans le précédent au
contraire les pétales ne font ni échancrés., ni
bifides , mais arrondis^ & dentés , d’un p >urpre
gai. Cette plante croît naturellement en Italie
& en Lfpagne. ( F . j. )
y. OEillet velu j Dianthus arme fia. Lin. Dian-
4hus floribus aggregatis , fafciculutis : fquamis ca-
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lycinis lanceolatis , villofis , tubum àquantibus
Hort. Cliff. i6 j . Flor.- fuec. 345. 381. Ite/
Gold. 301. Roy. Lugdb. 443. Sauvag. Monfp!
144. Mill. Didt. n. 6 . Poli. pal. n. 410. Mîenclu
HâfT. n. 353. Mattusch. fil. n. 307. Flor. Dan;
t. 230.
Caryophyllus barba tus fylveflris. Tourn. inft.
R. h. 333. Bauh. pin. 208. Armeria fylvelbU
altéra. Lob. icon. 448. Caryophyllus barbatus.
Segui tab. 7. T unie a floribus umbellatis fquamis
calycinis hifutis y mucronatis , tubum aquantibus.
Hall. Helv. n. 900. Diantkus, hirfutus. Lam. Fl.
fr. $60. n. 6 .
C et oeillet eft remarquable & fe diftingue des
,efpèces précédentes par les calices & fes écailles
calicinales velues.
Ses tiges font glabres, droites , un peu té-
tragones fur-tout vers leur extrémité , hautes
d’environ un pied , articulées & un peu rameu-
fes. Elles font garnies de feuilles longues,étroites,
linéaires , obtufes , mojles , verdâtres , ciliées à
| leur bâfe. Les fleurs font réunies trois ou quatre
: en fafcicules terminales. Les écailles calicinales
font lancéolées , aiguës , au moins auffi longues
que le calice , ftriées & velues, Les calices fofit
longs , étroits , velus , divifés à' leur orifice en
cinq dents aiguës. La corolle eft rouge , petite.
La lame des pétales eft étroite , courte, chargée
de quelques dents aiguës. Gette efpèce croît
aux environs de Paris dans les lieux incultes &
ltériles. On ia rencontre encore en Allemagne ,
en Italie , en Suiffe , dans le Danemarck &
le Gotlande. V. v. )
8. OEillet prolifère ; Dianthus prolifer. Lin.
Dianthus floribus aggregatis , capitatis 3 fquamis
■ calycinis ovatis , obtufis , muticis 3 tubum fupe-
■ rantibus. Æd. Dan. t* 2U . Poil. pal. n. 411.
;Gmel. fib. 4. p. 135« Mill. Di&. n. 8. Mænch.
IlalT. n. 354. Kniph. cent. 7. n.' 23. Dærr. Naff
P* 9 5 ’ '
Caryophyllus pytvcftris prolifer. Tourn. infl.R.
h. 332. Bauh. pin. 209. Segui. pl. Veron. 26.
tab. 7. fig. I. Caryophyllus fylveflns , anriuus ,
multis chpfulis fimul junéiis donatus. Morif. hflb
2. p. 563. Dianthus floribus aggregatis , capiiulo
magno 3 fquamis calycinis obtufis magnis. Hort.
Ups. 106. Sauvag. Monfp. 144. T unie a proliféra.
Scop. carn. edit. 2. n. (03.
Dianthus prolifer. Lam. Fl. fr. 560. n. 7*
Cet oeillet a peu d’éclat; fa corolle eft pe;
tite , cachée en partie fous les larges écailles qui
enveloppent le calice : fes fleurs réunies en tete
j croiffent les unes très-proche des autres , &
’ tellement entaftees , qu’on n’apperçoit fouvent
qu’ une mafle d’écaiiles appliquées les unes lui
les autres.
<£ I ( E l 5 1 7
$3 tige eft haute' d’environ un pied, un peu |
couchée dans fa partie inférieure , fillonnée , an-
guleufe, prefque tétragone, glabre, verdâtre,
janieufe articulée Eujllée. Ses feuilles font
courtes, étroites , aiguës, appliquées contre les
tiges. Les fleurs forment des têtes compares
& terminales. Les écailles calicinales font très- '
larges , membraneufes , obtufes , mu tique s ,
plus longues que le tube , d’ un jaune pâle ; les
extérieures font beaucoup plus larges , & fervent
d'enveloppe générale à plulîeurs fleurs. La
corolle eft pefite , d’un rouge pâle, & pafle
très-vîte. Cette plante croît naturellement dans
les prés fecs, fur le bord des champs & des
bois. Elle eft très,-commune en France, jen Allemagne,
en Italie, fi. Q ( F . v. )
9. (Eillet de Caroline; Dianthus Carolinianus.
Watt. Dianthus floribus aggregatis , pedunculis
longis, fquamis tubo dimidio rmnoribus. Walt. Flor.
! Cardin. 140.
I , Je ne mentionne ici cette efpèce que je ne
connois.pas, mais que je trouve citée par Wal-
terius, que parce qu’elle me paroît avoir beau-
f coup de rapports avec Je dianthus hispanicus que
[j'ai décrit au n°. 3 ; je ne parle que des caractères
diSinétifs fous lefquels Walterius la présente
, tels que d’avoir ies fleurs aggrégées , por-
[tées fur de longs pédoncules 5 les écailles du c i-
[jice de moitié plus courtes, que le tube : double
[caraftère également appliquable à l’oeillet
Lpagne. Au refte j, la plante dont il eft ici quef-
kion croît naturellement dans la Caroline. Tout
[porte à croire qu’elle eft différente de celle
[d’Efpagne.
**. Fleurs folie a ires. PL-fleurs fur lu même tige.
1 10. OEillet des fl-uriftes ; Dianthus caryopkyl-
Lin. Dianthus floribus fohtariis 3 fquamis ca-
%cijusfuhovatjs ] breviffimis ; corolüs crenatis. Hort.
jCiilr. 164. Hort, Ups. 104. Mat. n;ed. 1 17. Roy.
pgdb. 443;. Sauvag. monfp. 143. Mill. Did. n.-
[j* Rt-gn. botan.
L ^ ryophyllus fyIvtflris biflorus. Bauh. pin. 209.
ttouro. 104. funi g a ram is uni & bifiôrîs 3 petalis
Iwibus y ftipuljs calycinis breviffimis.. Hal'. Helv.
p, ty6.Jîaonica coronaria , five caryophyllus filvef-
r " Vuigatijfirnus. J. Bauh. III. 3 54.
*• Dianthus coronarius. Lin. Caryophyllus hor-
[jM/w , [implex , flare majore. Bauh. pin. 208.
Mourn. 331. Um. Flor. f. j6o. n. 17 .Idem. Illuft.
jgener. tab. 376; fig. i.
! ^a[y°phyHits altilis major. Bauh. pin. 207. Ca-
!^us maximus ruber 6’ variegatus. Bauh pin.
Giroflée * bouquets. (Killet grenadin.
ff. Dianthus imbricatus. Lin. Caryophyllus flore
pleno y ex fquamis calycinis long!fl.me imbricatis,
Hort. C l’fr. L . c. Knorr. del. 1. tab. N. 12.
Caryophyllus fpicam frumenti referens. E . N. C .
cent/3. p. 368. tab. 9. Hort. Cliff. 164. Phib
bot. o.
Vulg. OEillet en épi.
Il eft peu de fleurs plus recherchées que celles
de l’oeillet ; il en eft peu en effet qui le méritent
davantage. Tranfportées de leur fol natal dans
nos jardins, elles s’y montrent fous toutes fortes
de formes ; elles offrent à l’oeil un fpeétatle varié
de couleur qu’on ne fe laffe point d'admirer. Un
ijiéâtre d’oeillets difpofé par la, main d’ un hab
ile fleurifte eft une des plus brillantes productions
de l ’art en concours avec la nature. A ce
luxe de couleurs, l'oeillet réunit ercore l’avantage
de recréer notre odorat par les plus doux
parfums. Il n’eft point de fleurs qui affeélent plus
délicieùfement les deux fens.
Mais- le naturalifte qui aime à obferver la nature
dépouillée des- ornemens de l ’art , fe perd
au milieu de cette variété d’oeillets multipliés
par la culture , & qui ne doivent leur éclat
qu’aux dépens de leur poftérité. Il eft en effet
bien difficile d’affirmer avec certitude à quelle
efpèce d’oeillet fimple nous Tommes redevables
de ces belles variétés. Je crois qu’on doit les
rapporter ,.non à une feule, mais peut-être àdeux
ou trois. L’oeillet fauvage qu’on rencontre dans
les lieux incultçs de nos provinces méridionales,
&dont le citoyen Lamarck poftède des exemplaires
qu’on lui a envoyés des Pyrénées , eft ceL i qui
me paroît devoir être le type principal de la
plupart de nos oeillets des jardins. C ’eft celui
dont je vais donner la defeription, & auquel
je rapporte la fynonymie des Bauhins & d’Haller.
Je ne crois pas que la fynonymie de Seguier
citée par Linné puiffe convenir à cette efpèce.
Voyez plus bas le n1*. 21.
La plante dont il eft ici queftion a une racine
de l’épaiffeur du doigt, noirâtre en-dehors , blanche
en-dedans. Elle pouffe des tiges qui s’étalent
d’abord fur *a terre , & pouffent des feuilles qui
partent du colïet de la racine , font difpofées
circulairement & fe recouvrent les unes les autres.
Elles font longues, étroites , très-aiguës
glabres, d’un vert glauque, épaiffes , canalieu-
lées Sz prefque anguleufes extérieurement lur la
nervure du milieu. Du centre de ces feuilles s’élèvent
des tiges d’ environ un pied , lijfes, cylindriques,
articulées , droites , d’un, vert clair &
ramifiées vers leur extrémité. A chaque articulation
elles font garnies de deux feuilles oppo-’
fées ferr.Mables à celles du bas , mais orTnii-
rement plus-courtes, & qui diminuent à mefuxe
qu’elles font plus proches du fommet.