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& alors l’opercule eft fermé ; il s’ ouvre dans
le courant du jour , 8c la liqueur diminue plus
de moitié > mais cette perte eft réparée pendant
la nuit j & le lendemain l’urne eft pleine de nouveau
& fermée pat fon opercule. C ’eft fa provi-
iioii & au-delà pour un jour puifqu il en refte
toujours environ la moitié.aux approches de la
nuit. Plufieurs efpèees de petits vermiffeaux na-
g éh t , vivent & meurent dans cette liqueur.
Les habitans des montagnes , au rapport de
Rumphe & de Flacourt , ont au fujet de cette
plante des idées bien fuperftitieüfes. Ils croient
que fi l’on coupe fes urnes , & que l ’on en. ren-
verfe l’eau , il ne manquera pas de pleuvoir dans
la journée. C ’eft pourquoi quand ils craignent la
pluie, ils fe gardent bien de couper cette plante :
au contraire » quand la féche relie .dure trop longtemps,
ils courent bien vite couper toutes les
urnes de cette plante , en renverfént la liqueur,
& font perfuadés qu’il ne doit pas tarder à pleuvoir.
.
Par une fuperftition contraire , & qui prouve
jufqu’à quël point l’eipric humain fe laiife égarer,
quand la rai fon ne lui fert point de guide, ces
mêmes habitans ne trouvent pas de meilleur
moyen , pour arrêter pendant la nuit les urines
involontaires de leurs enfans, que de répandre
iur leur tète l’eau de ces urnes , & de la leur
faire boire. Ils la regardent , même dans les
adultes , comme un remède efficace dans le relâchement
des urines. Au refte , il eft fans doute
bien agréable , dans ces pays chauds, pour des
voyageurs altérés , de rencontrer quelques-unes
de ces plantes qui leur foutniffent des rafraichif-
femens agréables 8c abondans , chaque urne pouvant
contenir environ un demi-verre de liqueur.
La racine de cette plante paffe pour aftrin-»
gente , 8c fes feuilles pour rafraîchiffantes &
humectantes. On en retire une liqueur diftillée
que l ’on emploie intérieurement dans les fièvres
ardentes, & extérieurement dans les inflammations
de la peau , les éréfipèles, & c .
Homère , dans l’Odylfée, parle d’une plante
originaire d’Egypte qu’il appelle népentkes , 8c
dont Hélène fe fervit pour charmer la mélancolie
de fes hôtes, de Télémaque en particulier
, 8c pour leur faire oublier leurs chagrins.
En fuppofant que cette .plante eût exifté , elle
n’eft furement pas la nôtre, qui ne fe trouve
pas en Egypte. Madame Dacier, après Plutarque,
Athenée & quelques autres , prétend que cette
liante n’étoit autre chofe que les contes agréables
qu’Hélène faifoit à fes hôtes , rien n’étant
plus propre à faire oublier aux affligés le mjet
de leurs larmes. Le mot nepenthes eft formé de la
particule négative n 8c de ^ 7 os,, d euil, douleur.
Je me rappelle qu’étant à Aix en Provence,
un curieux me fit voir une médaille très-ancienne
qui repréfentoit un homme couché , 8c tenant en
mainte nepenthes, à ce que me dit dans le temps
cet antiquaire. Je fuis fâché de n’avoir pas d’autres
détails fur cette médaille , qui m’ étoit préfencé*
comme très-rare 8c curieule.
( P o I R e t . ')
NEPHÉLE hériffée J Nephelium lappaceum.
Lin. Syft. plant. 4. p. 236. Juffieu. gen. plant,
191. Goertn. de fruct. 8c fem. 2. p. 272. tab,
140. f. 1. vulg. Ramboutan, Sonnerat. miî.
Genre de- plantes à fleurs incomplettes, dont
les rapports 8c la famille ne font pas encore,
bien connus , qui fe rapproche des châtaigniers
par fes fruits hérilïés, 6c, dont le caractère ef~
lentiel confifte dans des
Fleurs monoïques. Dans les mâles, un calice e
cinq dents ,* point de corülle : dans les femelles,
Un calice partagé en quatre y point de corolle ; deux •
ovaires Supérieurs , chargés chacun de deux jiiles ; .
deux drupes fecs , hérijfés de pointes , monofpermcs,
C ’eft un arbre dont les feuilles font alternes,
ailées , fans impaire. Les folioles ©vales, 'liftes,
glabres , marquées en-deffous de nervures fortes,
l'aillantes , Amples , parallèles , portées fur des
pétioles comprimées , longues de trois à quatre
pouces , fur deux pouces de large.\ Les fleurs .
l'ont difpofées en une grappe droite , plus courte
que les feuilles , peu garnie , compoiee de fleurs
mâles 8c femelles.
Chaque fleur mâle offre un calice d’une feule
p iè c e , campanulée »dont l’orifice eft divifé en
cinq dents. Il n y. a point de corolle. Les étamines
font au nombre de cinq , plus longues que
le calice, dont lés filamens font fubulés, & terminés
par des anthères obtufes , 8c partagées en
deux à leur bâfe.
Les fleurs femelles préfentent un calice ma-
nophylle , campanule, à quatre dents, dont deux
oppofées plus écartées. 11.n’y a point de corolle. ■
Deux ovaires prefque ronds , muriqués , pl>ÎS ’
grands que le calice , furmonrés chacun de deux
ftiles filiformes, recourbés , terminés par un ftig*,
mate épais 8c charnu. Le fruit eft un drupe revêtu
d’une coque coriace , hériffée de pointes
molles , fubulées , recourbées. *11 eft à une feule
lo g e , 8c renferme une amande oblongue , légèrement
fillonnée en long , de la eônfiftance
dé celle du gland , 8c d’une amertume défagrea-
ble. Cette amande eft recouverte d’une pulp6
acide 8c rafraîchiffante. Cetté plante a été ob-
fervée 8c recueillie à l’île de Java par Sonnerat,
qui en a envoyé quelques exemplaires en fruits
au citoyen Lamarck. j) . ( K. f i )
A la fuite de cette plante j’ai obfervé dans
l’herbier du citoyen Lamarck une autre plante
qui approche fingiilièrement de celle que je voei»
de décrire $ mais conpie elle ne fe trouve qu’en
fruits, je ,n aï pas pu prononcer définitivement.
Je me bornerai *donc ici à la faire .connoïtrë',
; telle qu’elle fe trouve , ré fer van t à d’autres ob-
ifervateurs le foin de nous en do'nner des dé*
mils plus étendus , s’ils peuvent la rencontrer
en fleurs.
C’èft un arbre ou arbriffeau dont l’écorce des
branches eft grisâtre , un peu velue : fes rameaux
font alternes, chargés de feuilles fimples, oppofées,
lancéolées , terminées par une très-longue
pointe , portées fur des pétioles courts ,
tomenteux , comme pulvérulens. Les fleurs font
axillaires, latérales , portées fur des pédoncules
fimples| longs , velus-; les fruits font fouvent
deux réunis. C ’eft un drupe dont l’enveloppe
eft une coque coriace hérifiée de-pointes allez
roidès, droites ,' en épingles , velues 8c éparfes
fans ordre.Il n’y a qu’une feule loge qui renferme,
une amande arrondie.
I II eft aifé de fentir les différences de cette
[plante d’avec la précédente. Ses fruits font deux
;fois plus petits , hériffés de pointes droites ,
[velus & non recourbés , comme dans la précédente
'.D’ailleurs fes feuilles font fimples , lanr
icéolées, très-pointues , oppofées , tandis que
pans le nephalium elles font ailées, alternes ,
I [beaucoup jdlus larges , & prefque obtufes. Cette
I (planté a été ôbfervée à Madagafcar par Sonne-
w a t, qui en a envoyé un rameau au citoyen
I [lamarck. ï j . ( V. f . )
( P OI R ET. )
I NERPRUN ; Rhamnus. Genre de plantes à
lileurs polypétalées ,| de la famille des nerpruns ,
a Beaucoup de rapports avec les jujubiers %
Iles paliures & les céanothes , & qui • comprend
ps arbres & arbriffeaux tant exotiques qu’ indi-
Igenes, à feuilles fimples 8c alternes , & dont
Ps fleurs font fituees dans i’aiffelle des feuilles.
r e cara&ère effentiel de ce genre eft d’avoir :
I Un. calice divifé en cinq, cinq pétales fort petits ;
p ovaire Supérieur ; une baie charnue h deux ou
loges. '
1 C a r a c t è r e É N ï R i q ü E .
[ Chaque fleur offre i°. un calice campanulé j
j , en cinq » à découpures aiguës.
Ig ! * Cinq pétales très-petits , concaves, in-
L es entre les divifîons au calice, plus étroits,
F un peu plus courts que çes divifîons.
chargé d’ un ftigmate divifé en deux ou tr ois
parties. :
Le fruit eft une baie charnue , à deux ou
trois lo ges , qui contient des fem en ces folitakes
8c çartilagirteufes.
Obfervations. Du genre nombreux des .rhamnus
établi par Linné , il eft faciie d’en établir
deux autres, comme l’,ont fait les citoyens Lamarck
& Juilieu , en retranchant de ce. genre
les yiyiphus , jujubiers , ,8c les paliurus , paliure ,
qui en diffèrent efîèntellement par la forme de
leurs fruits , 8c par deux ftiles dans les premiers ,
8c trois dans les féconds. Les premiers ont déjà
été traités dans ce dictionnaire. Voye\ l’article
Jujubier. Au refte les nerpruns diffèrent de ce dernier
genre , en ce que fa fleur n’offre point le
difque charnu, orbiculaire ,8c coloré qu'on remarque
dans les jujubiers , & qu’en outre les
fruits font des baies à trois, ou quatre femences ,
& non un drupe à un feui hoyau. 11 n’ y auroit
peut-être pas grand inconvénient à réunir les
céanothus avec ce genre , dont ils diffèrent très-
peu. On ne les en diftingue que par leurs pétales
creux 8c en forme de voûte , renfermant
chacun un étamine , & par leur f r u it , qui eft
une baie sèche. Nous verrons ces caraèteres fe
confondre avec les nerpruns. Le rhamnus , le
frangula 8c l’alaternus de Tournefort fe trouvent
réunis dans ce genre. Il y a d’ailleurs quelques ■
variétés dans les parties de la fructification. Certaines
efpèees font dioïques, d’ autres n’ont que
quatre étamines j les divifîons du ftigmate font
au nombre de deux , trois ou quatre , ainfi qus
le nombre des femences.
* . Efpèees épineufes.
I. Nerprun purgatif y Rhamnus eatharticus. .
Lin. Rhamnus fpinis terminalibus , fioribus quadri-
fdïs dioicis , foliis ovatis. Hort. (Jlif. 70. Flor.
fuec. 193. 202. Mat. med. 68. Pvoy. Lugdb. 224.
- Gmel. libir. 3. p. 106. Duham. arbr. 1. tom. 2.
tab. 50. Blackw. t. 135. Pollich. pal. n. 230.
Pall. it. 1. p. 192. Leers. herb. nr 166. Mænch.
HalT. n. 192. Mattusch. fil. .n. 152. Scopol. carn.
édit. 2. n. 259. Doerr. Naïf. p. 266.
Cornus foliis citri anguftioribus. Gmel. Amm.
Ruth. p. 20p. n. 278. tab. 33. Rhamnus foliis
fpinofis , ovato-lanceolatis x ferratis. Hall. Helv.
n. 824. Rhamnus fativus. Dodon. pempt. 756.
Spina infectoria. Camer. epir. 82. Matth. 158.
Lobel. ic o n .18 1 . Cervifpina, Corû. hift. 175.
Rupp. j>. 74.
Rhamnus fioribus axillaribus , foliis ovato^lan-
ceolatis , ferratis , nervofis. Mill. DiCt. n. 1. Rhamnus
eatharticus. Bauh. pin. 478. Tourn. inft. R.
h. 593. Lam. Flor. fr. y66.4 n. 4. Idem, llluft.
gener. plan. 128, n. 2.