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a fait périr ', dans l'intervalle de vingt - quatre
minutes , des chiens & des chats auxquels il a
donné ■ ce fuc à une dofe médiocre ( comme à
celle d’ une once & demie pour un chien de
moyenne taille). Les fymptômes , qui précédoient
une mort li prompte , étoient des envies de vomir
3 des anxiétés 3 des mouvemens convulfifs,
la falivation 3 8c une évacuation abondante d'urines
8c d’excrémens. Ayant ouvert le corps de
ces animaux , M. Fermin trouva dans leur efto-
mac la même quantité de fuc qu'ils avoient avalée
} fans aucun veftige d'inflammation 3 d'altération
dans les vifcères 3 ni de coagulation dans
le fan g > d'où il conclut que ce poifon n'eft pas
âcre ou corrofif 3 & qu’il n'agit que fur le genre
nerveux. M. Fermin dit avoir guéri un chat, qu'il
avoit empoifonné ainfi , en le faifant vomir avec
de l'huile chaude de Navette.
Si l'on apprécie avec un peu d'attention ce
qui doit arriver à la racine de Manioc dans les
aiveries préparations- qu'on lui fait fubir, on
s'apercevra fans peine que fon principe vénéneux
réfide elfentiellement dans une matière volatile
j puifque cette racine ne devient entièrement
innocente qu'après avoir fubi l'aérien du
feu^ C'eft en effet ce que confirment d'autres
expériences de M. Fèrmin. Ce Médecin ayant dif-
tillé à un feu gradué cinquante livres du fuc récent
de Manioc , la vertu du poifon n'a paflc
que dans les trois premières onces de l'efprit
qu'il a retiré 3 8c d'ont l'odeur étoit infuppor-
table. Il a eü occafion d'effayer fur un efclave
em.poifon.neur la forcé terrible de cet efprit : il
en donna a ce malheureux trente-cinq gouttes 3
qui furent à peine defcendues dans fon eftômac
qu'il pouffa des huriemens affreux , & donna
le fpeétacle des côntorfions les plus violentes ;
ce qui fut fuivi d'évacuations 8c de mouvemens
convulfifs 3 dans lefquels il expira au bout de
lîx minutes. Trois heures après 3 on ouvrit: le
cadavre , & on ne trouva aucune partie offenfee
ni enflammée j mais l'eftomac s’étoit rétréci de
plus de la moitié.
Le Manioc 3 dont la culture eft fi généralement
répandue -en Amérique , fe cultive aufli dans
beaucoup d'endroits de l'Afie 8c de l’Afrique.
Quelques perfonnes même le foupçônnent indi-
* gène de cette dernière partie du monde > mais,
je ne connois aucun témoignage qui autorife
ce foupçon.
11 Médicinier de Carthagène 5 Jatropha jani-
pka. Jatropha foliis palmatîs : lobis integerrimis :
zntermcdiis utrinque finu lobatis. Lin. Spec. Plant,
n”. 6.
Jatropha frutefcens altlor lignofa 3 caule glabro,
folia digitato-paln. ata lobis extrorsùm latiotibus,
in medio finit Contra dis. Loefl. It. pag. 309.
Jatropha carthagenefi*. Jacq. Amer. pag. l$6. Tab.
161. Fig. 1. Hort. Vind. vol. 3.Tab. 77. Amer.
ffiât, p. 12y. Tab. 244.
Cette efpèce, remarquable par les finuofîtés
dont font creufés latéralement les lobes de
fes feuilles , conlHtue 3 félon M. Jacquin 3 un
arbrifleau droit, très-glabre 8c rempli d'un fuc
aqueux , légèrement glutineux 3 qui a l'odeur
des feuilles de Noyer. Dans les forêts ombragées
, elle eft farmenteufe 3 foible, à peine rameufe
3 8c s'élève fouvent jufqu'à la hauteur
de vingt pieds : mais dans les lieux plus éclair
res 8c plus découverts elle n'a communément
que fîx pieds d'élévation 3 8c fon afpeét la rapproche
affez du Médicinier à . Caffave. La racine
eft tubéreufe à la manière de celle des Afpho-
dèles. Les feuilles font amples , élégantes ,
profondément palmées , divifées en cinq lobes
qhlongs 3 acuminés 3 les extérieurs fouvent entiers
3 mais les autres creufés , à chacun de
leurs côtés , d'un large finus. Les pétioles ont
environ fix pouces de longueur. Les fleurs font
pédicellées 3 d'un vert tirant fur le jaune 8c
fur le brun : elles viennent en grappes lâches
pedonculées , fituées ordinairement dans les
bifurcations des rameaux, 8c munies , au-deffous
de chacune de leurs divifions. , d’une petite
braélée. Les femelles font moins nombreufes
que les mâles 3 8c font difpofées au b^s de ces
grappes , dont les autres occupent la. partie
fupérieure. Les unes 8c les autres n'ont point
de calice. Les fleurs in aies font compofées d'une
corolle monopétale, plane inférieurement, casn-"
panulée , peu ouverte , f'mi-quinquéfide , à
découpures lancéolées-ovales , pointues ouvertes
, marquées en dehors de deux , 8c en
dedans de trois filions ; d'une glande péltée ,
convexe 5 fituée au centre dé la fleur, 8c terminée
fur les bords par dix rayons obtus $ enfin
de dix anthères droites , grandes, ôblongues ,
obtufes 8c portées fur autant de filamens très-
diftinéls , dont cinq , difpofés alternativement ,
font plus extérieurs , plus épais , delà longueur
de la corolle , prefqu'une fois plus longs que
les autres. Les fleurs femelles confîftent 'en une
corolle caduque , affez femblable à celle des
fleurs mâles , mais compofée de cinq pétales 3
en une glande orbiculaire., déprimée , placée
fous l ’ovaire, 8c marquée inférieurement de dix
filions } en dix filets capillaires , ftérilës , légèrement
connivens , plus courts que l'ovaire ,
8c qui naiffent du réceptacle entre la corolle
8c la glande dont je viens de parler j en un
ovaire ovale-arrondi , obtufement hexagone ,
moins long que la corolle, 8c chargé de trois
ftyles ouverts , caduques , réunis dans le bas en
un feul corps , trifides fupérieurement, à ftigma-
tes amples 8c conformés en crêtes. Ces ftigma-
tes font profondément multifides au fommet 8c
retombent fur l’ovaire en manière de couronne.
Les étamines , avant la fécondation, font droites :
mais elles s'inclinent diverfement après cette
époque. Le fruit eft globuleux 8c a plus d'iw
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demi-pouce de diamètre. 11 eft couvert d'une
pellicule verte , charnue , 8c marquée de fix
ftries ou raies longitudinales, blanches , très-
luifantes. Après la chute de cette pellicule , il
ne demeuré qu’une capfule. à trois lobes. Les
femences font luifintes , .prefqu'ovales , vertes
ou cendrées. Cette efpèce croît naturellement
dans les parties chaudes de l’Amérique 8c particulièrement
aux environs de Carthagène ou elle
fleurit toute l'année. T?.
Linné obferve quelle n’eft'pas affez diftinéte
du Jatropha manikot.
11. Médicinier piquant' ; Jatropha urens. Ja-
tropfik acultis fetaceis , numerofis urennjjîrha \ foliis
quinauelobis' . dthtatis , fubpalmatis-
Manikot àMe ricana , fpinofîjjima folio vitigineo ?
Plum. Cat. '20. 8c Mff. vol. 4. Tab. 138. Tour-
nef. 8. Ri ci ms laciefcens , fici foliis : fpi'nuhs
mordaciis arm../tus? P'luk. Alm. pag. 320. Phyt.
Tab. 220. Fig. 3. Ri ci nus titkytnaloides ameriea-
nus. laciefcens & urens , fioribus albis ? Commel.
Hort. Amftel. vol. 1. pag. 19. Tab. 10. Jatro
pkd - vhifolh.Mill. Diit. n°. 5. Jatropha foliis
palmatîs dêntatis retrorsîtm aculeatis. Gron. Virg.
- iy4. Jatronha urens. 'Jacq. Hort. T . H.Lniph.
Cent. 4... n°. 31. Lin. Spec. Plant. n°. 7 ?
Il eft horriblement hériflé fur toutes les parties
, mais principalement fur les pétioles , les
feuilles 8c les jeunes rameaux , de poils droits ,
fétacés , un peu réfléchis , blanchâtres , très-pi-
quans , 8c qui font, une grande incommodité
pour ceux qui voyagent à pied dans les endroits
où cette plante eft abondante, les effets de
leurs piquures fe conferyant long-temps. Sa tige
eft droite , peu ligneufe , rameufe , pleine d'un
fuc laiteux , 8c s'élève a la hauteur -de deux à
quatre pieds. Le tronc-a un ou deux pouces de
diamètre , 8c les feuilles y laiffent , après leur
chute, des cicatrices blanchâtres. Ces feuilles
font alternes , portées fur de longs pétioles ,
cordiformes à la bafe 8c partagées ordinairement
. en cinq lobes ovales , acuminés, dentés en fcie ,
qui s'avancent à peine jufques vers le milieu de
ku feuille, 8c dontles extérieurs font plus courts.
A-ffez fouvent la plupart n'ont que trois lobés.
Les dents , qu’on voit à leurs bords , font
aiguës , prefque fubulées , ou comme mucfo-
nées. Les lobes font traverfés chacun , dans
leur longueur , par une nervure qui part de
la bafe de la feuille. Les fleurs font blanches ,
légèrement pédicellées , 8c naiffent, vers les extrémités
des rameaux , en efpèces de cîmes pé-
donculées, affez lâches. Les fleurs mâles font
monopétales , hipôcratériformes, dénuées de calice.
Les découpures deleurs corolles font ovales,
au nombre de cinq. Les fleurs femelles orit un
calice, à cinq dents. Leur corolle eft compofée
de cinq pétales ovoïdes, renverfés en dehors. Le
fruit eft hériffé de poils piquans. Cette efpèce
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croît naturellement dans l'Amérique méridionale.
T? • . ,
Obfervat. Les figures citées de Plukenet 8c de
Commelin repréfentent les feuilles divifées plus
profondément que ne les avoit la plante figurée
par M. Jacquin. On ne volt pas non plus dans
Commelin que les capfules foient hifpides. Aufli
le Jatropha urens de Linné eft peut-être , comme
l'obferve M. Jacquin, une efpèce différente.
13. Médicinier à feuilles de Napée 5 Jatropha
napsiifolia. Jatropha hifpidula urens foliis p aima tis ;
lobis acuminctis 3 fubrunematis : api ce- pet iolorum
glandulofo.
Jatropha aconit fclia ? Mill. Dict. n°. 6.
Cet arbriffeau paroît tenir une forte de milieu
entre les Jatropha urens & maltifida. Son feuillage,
moins lacinié 8c moins glabre que dans la dernière
de ces deux efpèces , eft beaucoup moins
hifpide 8c découpé plus profondément que dans
l'autre.
Sa tige eft droite , cylindrique , rameufe , glabre
3 d’ un gris cendré, haute de fix. à huit pieds,
8c peut-être davantage dans fon pays natal. Les
pétioles , les feuilles 8c les pédoncules font par-
femés de poils rares, aigus , affez' roides , presque
fpinulifonnes , fuifans , blanchâtres , dont
les piquures caufent des démangeaifons affez
vives. Les feuilles font éparfes , raflèmblées vers
les extrémités des rameaux , grandes , palmées ,
d'un beau v e r t , portées fur de longs pétioles ,
8c ont en quelque forte l'afpeâi de celles du
Nap&a fcabra. Ces feuilles font ouvertes , fituées
horifoiitalement, 8c compofées de cinq à fept
lobes oblongs, acuminés , pinnatifides , comme
roncinés , dont les découpures font elles-mêmes
acuminées-8c fouvent bordées de quelques dents
’ groffières. Elles -ont fix à fept pouces de longueur
fur une largeur à peu près égale. Le lobe
du milieu eft plus alongé 8c plus découpé que
les autres. Ceux-ci deviennent d'autant plus
courts 8c plus entiers qu'ils font plus extérieurs.
Les poils , dont font parfemées les deux furfa-
ces , occupent principalement le trajet des nervures
: mais- c'eft en deffaus , 8c fur les bords
de la feuille , qu'ils font le plus abondans j ils
rendent même ces bords comme ciliés. Les pétioles
font verts , cylindriques , au moins aufli
longs que les feuilles. On voit à leur fommet, du
côtéinterne,une glande feflile,fort apparente,8c qui
;diftille une liqueur fucrée, mielleufe. Les ftipules
font courtes, fearieufes , très-caduques. Les fleurs
font blanches en dedans , verdâtres en dehors ,
8c difpofées en cîmes ombelliformes un peu convexes,
fur de fort longs pédoncules qui naiflent ,
vers les fommités des rameaux , à l'oppofite des
feuilles. Ces fleurs font larges d'environ quatre
lignes, dénuées de calice, les unes fefliles, les
autres légèrement pédicellées fur les ramifications
de la cime. Flufieurs font fituées dans les bifur