leur péricarpe. Àuffi un grand nombre d’efpè-
ce s , comprîtes jufqu'alôrs'dans ce genre , en
ont été exclues pour rentrer dans d'autres , &
ont été en même-temps remplacées par d'autres
efpeces inconnues jufqu’ alors ,. mais qui n'ont
pu échapper à l'ocü observateur de ce naturalise.
N ayant pu nous , livrer-uniquement à une partie
qui j pour être traitée , comme l’a fait le Savant
que nous citons -j exige roi t des années de
travail „ & des observations dépendantes de cir-
conftances Souvent difficiles à rencontrer, nous
croyons n'avoir rien de mieux à faire que de
présenter ici un extrait de fon travail , en y
ajoutant, pour les efpèces connues.^ la fyno-
nynne des auteurs , & quelques autres observations.
particulières.
. Si l’etude des moififTures ne présente d'abord
rien d'important aux yeux du vulgaire , ou fi
elle .rebute le naturalifte par la petiteffie des
objets ou la difficulté des observations, d'un
autre côté elle dédommage d'une manière bien
agréable l'observateur aux. yeux de qui la nature
n'eft pas ; moins admirable dans les pro-
duétions qui échappent à nos Sens , que dans
celles qui nous frappent par leur grandeur incalculable.
En effet j.que de joui (Tances pour le
contemplateur de la nature, lorfque , l'oe il armé
d'un bon microfcope , il apperçoit, dans un
efpace de quelques lignes, une forêt en mignia-
ture composée de petits végétaux -rameux , qui
portent au haut de leur tronc de belles grappes
de graines de différentes formes J L e ,fol, divifé
en montagnes & en vallons , eft revêtu d'un
gazon mélangé de.couleurs différentes. Le jaune
y contrafte avec le v e r t , le-rouge avec le blanc,
& c . 5 fou vent de petits globules d'eau brillent
comme autant de rubis fur ce parterre agréable.
Que de merveilles vont s’opérer fous les yeux
attentifs de TobServateur ! Bientôt les petites
capfules s’entrouvrent , fe déchirent. 11 s'en
échappé avec élafticité un nuage lemînifère qui
porte au loin la .fécondité. De petits infectes
microscopiques fe promènent au milieu de ces
végétaux, comme les grands animaux dans les
forêts. D'autres fois le fol s'entrouvre, des larves
monflTueufes le foulé vent ; & bientôt métamor-
phofées en infeéjes ailés,, ils deviennent les
aigles de ce petit monde. Dès que l’oeil eft
défarraé, le charme difparoît, & tous ces phénomènes
fe réduifent à un petit morceau de
pain ou de fromage moifî, & rongé par les
vers.
Mais l ’obtervateur va plus loin. Il ne fe contente
pas d'admirer vaguement ce fpeélacle iri-
téreflant que la foiblefîe de fes organes déro-
k ° iL f ^es y eux- Tel que ces voyageurs qui
abordent dans une m inconnue, il vient de
faire la découverte d’une nouvelle famille de
plantes j il veut faire ayec elles. .une connoiffance
plus parfaite. Etant en apparence fi élob
gnées des autres efpèces, en diffèrent - elles
egalement par leur manière de naître, de vivre
& de fe propager ? Recherches infiniment eu’
r i e u f e s , & q u i m é r it e n t bien que T;obfervateut
de la nature y confacre quelques inftans. Les
observations microfeopiques nous ont appris
depuis long-temps que les infiniment petits n of.
friroient pas moins de merveilles que lé s grands
corps de la nature.
Un préjugé, fondé fur la foibleffe de notre
vue, nous a louvent portés à croire que les. êtres
vivans , que nous n’appercevons qu'avec peine
ne fuivoient en rien les règles générales de la
génération. Nous avons attribué leur exiften ce3
tantôt à une efpèce de fermentation, à la cha-
•• 'eur 3 a la putridité, tantôt au m é la n g e de
certaines fubftahces. 41 nous fera fa c ile de
détruire cette opinion , particulièrement pour1
les moififTures , en prouvant qu'elles"n aident,
croiflent, fe reproduisent & meurent, d'après
les règles générales de la nature , m a is avec
certains modes particuliers qui n'en rendent
l'étude que plus curieuSe*
Les moififTures ne végètent que fur des corps
humides, poreux, privés de l’aélion de l ’air &
dê_ l'influence du foieil, ou fur dés fubftances
qui commencent à entrer en putréfaétion, &
dentelles hâtent la décompofition. Elles y font
tantôt éparfes ,. tantôt réunies en larges touffes
composées de pédicules fort grêles, Amples dans
les unes, rameux dans lés autres, terminés par
de petites têtes ovales ou arrondies , Solitaires,
ou formant de petites .aigrettes ,. & placées les
unes à la fuite des autres , comme des grains de
chapelet. Ce font les femences, tantôt nu es,
d autres fois raffermies dans un péricarpe, mais
fans qu'on puifle y apperçevoir de réfeau.
L étude la plus eflèntielle dans les moififTures
é to it, fans contredit, c e l l e des femences & leur
fécondation. Ce travail, propre à ép o u van ter
des hommes fuperficiels, n'a point r e b u t é Mic
h e l i ni Bulliard. Iis s'y font livrés avec u n econ f-
tance qui nous a valu , fur cette partie, des
connoiflânces plus e x a c t e s que ne l e p rom etto it
la petiteffe des objets q u 'ils avoient à examiner.
Pour bien comprendre ce qu’ ils, en ont d i t , il
eft important de fe rappeler ce qui fe pafle
dans la fécondation des autres végétaux. Nous
favons que ces derniers ne peuvent p r o d u ir e ce
femences qu'autant que leur ovaire a été fécondé
par l’émiflion de la pouffière des étafninss fut
le ftigmate. Cette pouffière, en forme d e petits
globules, eft renfermée dans une capfule mem-
braneufe à laquelle on a donné le nom à3 anthère.
Lorfque ces petits globules , improprement nommés
pouffière , ont été portés avec élafticité
contre le ftigmate, ils fe crèvent, & l’inondent
iDm fluide fpermatique , mucilagineux, qui eft
vl|e feul & vrai principe de la fécondation. Dans
'ies fleurs à étamines , cette liqueur eft renfermée
idans de petits réferv.oirs ifojés, féparés de l’o- ;
flaire, élevés fouvent à la hauteur du ftigmate j
p u de petits filets plus ou moins nombreux ; j
;|ce qui coniiitue bien diftinélement le (exe mâle
■ |& le fexe femelle.
■ La dénomination de pouffière, que l’on a
Jdonnée aux petits globules renfermés dans Tan-
iit'hère, a produit une erreur qui a retardé la
«découverte de la fécondation dans la plupart
Ides cryptogames. L ’on n'a pas afTez remarqué
|que cette pouffière n’étoit qu'une petite capfule
Bfebiplie d’une liqueur fpermatique , que cette
pqueur feule opérok la fécondation. En confé-
iquence ,' au lieu de chercher cette liqueur dans
Mes cryptogames, on vouloir abfolument y trou-
;| ver une pouffière qui n'y exifloit pas, & qui
«n'exifte dans les autres végétaux que par abus
■ de mots. Dans la plupart, des champignons, ce
Éiuide fpermatique y exifte dans*’de petites véhicules
qui fe crèvent dans le voifinage dès fe-
■ helices: mais ces véficulés y font tantôt fixes,
■ tantôt errantes..Celles qui font errantes ne Torrent
^jamais : d'une enveloppe commune -', comme le
■ font lc-s globules des étamines des autres plantes,
■ lesfilets courts fur lefquels lés graines des 'cham-
■ pignons font inférées font l'office de ftigmate &
■ de ftyle. V o ilà , en deux mots, en quoi ia-fé-
condation des champignons diffère de celle'des
■ autres plantes. A certaines époques leurs graines
■ Tontflp'enétrées de ce' fluide dont l'intromiffion
■ paroît accompagnée d’un mouvement d'irri-
■ tabiliré.
1 « C’eft donc une erreur de croire , dit Bul-
■ liard, qu'il "Toit d'une néceffité. indifpenfable ,
■ pour que la fécondation ait lieu , que l'agent
■ fondateur fe préfente fous la forme d’une
■ pouffière. \ oiiloir trouver dans tous les végétaux
■ une pouffière fécondante, c’eft fë fermer pour
■ jamais la véritable route qui petit conduire à la
■ tonnoifîance des divers moyens que la nature
■ jfemploie avec tapt de fuccès pour que chaque
aitTen égale portion la puifTance repr.o-
uctive. Nous ne devons pas plus nous étonner
|oe ne pas voir de pouffière fécondante dans les
g champignons , que nous ne le fommes lorfque
■ nous ne leur voyons ni calice , ni corolle. A
■ proprement parler , ils n'ont ni l'un ni l'autre
l u CGS '®-rSanes 5 cependant ils jouilTent de tous
I- avant2ges qui leur font attachés Leurs graines
V?-ra‘>n ^l'r j & leur fécondation repofe fur
<ceH a/GS pour le moins, que
'dnn6 veSf-taux qui font pourvus à-la-fois
ftiftil Callce 3 d une corolle , d’étamines & de
1 dont les graines foient fécondes fans l’ interven-
! tion d’ une pouffière ; nous en trouverions une
infinité d’ exemples dans les algues 3 les hépatiques ,
les moujfes~3 les fougères 3 & même dans plufieurs
plantes qu’on ne regarde pas comme des cryptogames
, telles que les apocinsj cependant ces
végétaux ont tous des graines fécondes , & dans
; la plupart , la fécondation s’opère de la même
manière que dans les champignons ».
Appliquons maintenant ces obfervatîons aux
moififtiirés, & nous ne tarderons pas à recon-
noître, à ’ l’aide du microfcope, qu’elles fon t,
comme les autres plantes, pourvues d’organes
propres à la génération. Nous voyons même ,
à l’oeil nu , que leurs pédicules font terminés
par de petites têtes arrondies. Ces globules fe
préfentent fur la lentille comme autant de petites
grappes fouvent pédiculées. Chaque globule,
dans un grand nombre d’efpèces , eft contenu
dans un péricarpe qui renferme en même-temps
un ovaire environné d’un fluide mucilagineux 3
d’abord diaphane, & qui s’obfcurcit quand la
graine: eft mure.
Ayant reconnu que le Vrai principe de la
fécondation étoit , pour les autres végétaux ,
la liqueur contenue dans les petites bulles des
anthères, il eft donc évident que nous avons
le même principe fécondant dans ce mucilage,
avec cette différence qu’ici il enveloppe mé-
diatement les femences, tand s q ue , dans les
autres plantes, il en eft féparé , & renfermé
dans un péricarpe particulier ( fous le nom de
pouffière féminaîe. ) Dès que l’ovaire eft parvenu
à 1 état néceffaire pour erre fécondé, il eft pénétre
de ce fluide , dont le luperfi-a fe defsèche ,
& alors ces petites femences perdent leur transparence
Les efpèces qui . font dépourvues de
péricarpe, "au moins vifible , ne font pas moins
environnées de cette liqueur que fa coniiftance
gélatineufe retient fur l'ovaire.
Mais comment diftinguer que les petits globules
des moififTures font clés femences, & non
pas des c'apfuies pleines de liqueur fpermatique ,
j ayant d'ailleurs tant de refièmbîance avec la
! pouffière des étamines ? Bulliard s'en eft afluré
par un moyen fort ingénieux, mais qui exige
de la pratique & de l'habilëté-de la part de
l'obfervateur. Comme cette expérience paroît
décifive, & qu’elle peut s'appliquer à la plupart
des autres plantes cryptogames , nous croyons
devoir rapporter ici en entier les propres ex-
preffions de cet habile naturalifte. Nous remarquerons
feulement que ce qu’il dit des champ!
gnons 3 il l'applique a toutes les efpèces de cette
famille, a laquelle les moififTures appartiennent.
“ ^champignons ne font pas les feuls végétaux
« Les graines des champignons font en généra!
fort petites , Se ont pour la plupart affez de