
Arbriffeau que la faveur piquante 8e l'odeur
aromatique-, comme-poivrée , des feuilles a fiit
nommer poivrier d'Amérique. On le reconnoîtra
facilement a fes folioles fertiles , dentées en fcie.
11 s'élève dans nos jardins , à la hauteur de
huit à dix pieds, fur une tige droite-, ligneufe ,
cylindrique, glabre§ qui fe divife en un allez
grand nombre de longs rameaux foibles, lâches,
menus , feuillés, un peu penchés, fouvent rougeâtres,
Les feuilles font longues , alternes,
peuplées, toujours vertes, pinnées, avec une
impaire , 8c fe ypéfentent en quelque forte fous
1 alpect de celles du piftachier lentifque, à part
cependant la conlîderation de, leur foliole terminale.
Elles font compofees pour l'ordinaire de~
dix-neuf à trente-une folioles linéaires-lancéolees,
pointues , aentees en fcie , lifîès , d'un v e r t -
noirâtre 8c luifant, a-peurprès également intente
lut les deuxJurfaces. Ces folioles ont un pouce
a un pouce 8c demi de longueur fur trois à
quatre lignes de large , & font traverfées, de
la baie à la pointe, par une côte moyenne ,
rougeâtre, qui produit latéralement des vénules
opii.ques j parallèles, prefque tranjfverfales , très-
ûéliees. Elles font fèfhles. 8c allez communément
oppofées fur les parties latérales'du pétiole commun.
Les dents qui bordent leur circonférence
ne font jamais mieux marquées , ni plus grandes,
<pie fur les nouvelles pouffes 8c dans les jeunes
individus: bien que ces dents difparoifient eh
partie dans les feuilles adultes 5 cependant il en
refte toujours un certain nombre, principalement
vers la partie fupérieure des folioles j caractère
«ui fuffira-fans douté pour diftinguer Cettè efpèce
de la fui vante, avec qui elle paroît avoir d'ailleurs
une forte analogie. La foliole terminale eft généralement
beaucoup plus longue que celles qui
1 avoifinent de plus près , 8c fouvent même que
toutes les autres. La longueur totale de la feuille
exçede rarement fïx à neuf pouces. Les fleurs
font petites, bien ouvertes, légèrement pédi-
cellées , d'un vert ou d’un blanc jaunâtre. Elles
viennent fur des panicules lâches, racémiformes,
médiocrement garnies, axillaires ou terminales*
lôlitaires, un peu flexueufes, en général moins
longues que les feuilles. Les ramifications de
ces panicules font alternes 8c accompagnées-chacune
à leur bâfe d'une bradée écailleufe, fort
courte. Le fru it, dit Goertner , confifte en une
baie ( c'eft plutôt un drupe pulpeux ) fphérique
fucculente , uniloculaire, de la groffeur d’un
pois. Cette baie un peu reffemblante à celle de
1 afperge , mais beaucoup plus petitë,' a l'écorce
mince , luifante, très-glabre, comme papyracée,
& renferme fous une pulpe fugace un ( deux
a trois , fuivant quelques auteurs ) noyau dur
cartilagineux., ovale-turbine , obscurément anguleux,
légèrement ridé J qui eft creufé, à Ton
milieu, d une large cavité monofperme, indé-
! pendamment de laquelle fes parois préfeatent
intérieurement, dans leur épaiffeur^ environ fu
autres cavités étroites, remplies d'une liqueur
huileufe, aromatique. La femence eft ovoïde
profondément 8c irrégulièrement fillonnée, rétrécie
en pointe à fa partie inférieure. Cet ar-
brifieau croît naturellement au Pérou, & eft
cultivé au jardin des plantes , où il donne quelquefois
des fleurs. ^ . ( V . v. )
Obf, Quand on déèhire ou qu'on froiffe les
feuilles 8c les rameaux, il en fort un fuc laiteux,
gluant, viiqueux, qui répand une odeur d'épice
8ç deNpoivre, tenant un peu de l'odeur du fenouil.
Il fuinte d e s . gerçures ou crevafles de
1 écorce une liqueur léfineufe ou gommo-réfi-
neufe , très-odorante , qui prend à l'air une
forme concrète. On dit que l’écorce sèche , réduite
en poudre,, eft propre à rafermir les gencives
8c les dents ; qu’appliquée fur les ulcères,
elle les déterge 8c les monaifie. Les petits rameaux
, fervent à faire des cure-dents.. •
La pulpe' des fruits, au rapport de Feuille,
eft un peu gommeufe, douce.au goût. Les Indiens
en font une boiffon fort délicaté : pour
cela, ils merterit ces Fruits en infufîon dans de
l’eau commune 8c les preffenïr dans la même eau
pour leur faire rendre "leur fuc , lequel fe mêlant
avec l'eau , lui communique une belle couleur
vineufe. Les gens du pays fe fervent de cette
liqueur pôur fe rafraîchir. Ils en obtiennent aulfi
une forte de vinaigré.
1 . Molle à folioles entières ; Schinus areira.
Lin. Schinûs foliis pinnatis , foliolis integerrimis
ftblinearikus.
Aroeria, Jîve lentifcus. Pifon. Braf. p. 132.
Molle. Cluf. Cur. Port. p. yo. t. yo. Molle foliis
non ferratis. Fëuill. Peruv. v o l.'y . p. 43. t. 30.
Ibid, in præfat. p. 12. Piperodendron Heifleri.
Fabric. Helmft. 'ed. 3. p. 397. Schinus areira.
Mill. Dift. n. 2.
Celui-ci diffère de l’efpèce qui précède en ce
qu'il a les folioles plus étroites 8c abfolument
dépourvues de dents.
Il paroît conftituer de même un arbriffeau
médiocrement.élevé, diffus, dont les rameaux
g r ê le s fo ib le s 8c un peu penchés, font garnis
de feuilles alternes, pinnées avec impaire, bien
ouvertes, composées de dix à quinze paires
de folioles. Ces folioles font feflïles , linéaires,
ou prefque linéaires , étroites, pointues, entières
3 allant en diminuant infenfiblement.de
largeur vers leur fommet, peu diftantes les unes
des autres, glabres , lifïes ^ d'un vert fombre,
la plupart oppofées ou légèrement alternes fur
les Jcôtës du pétiole ’commun. Leur longueur eft
pour l'ordinaire d'un à deux pouces fur une ligi#
» & demie à trois lignes de large. Elles font fou-
fvent un peu arquées en manière de faulx dont
l|e tranchant regardoit l'extrémité dé la feuille.
! On’ ne v o it , à leur, furface inférieure, de nervures
fenfibles que la côte moyenne 8c de pe-
frites vénules parallèles, obliques L prefque tranf-
i:verfes, qui font beaucoup mieux prononcées à
[l’autre furface. La foliole terminale eft quelque-
[fois bifide, ..Les fleurs font difpofées, comme
( dans le fchinus molle, en panicules lâches , ra-
Lémiformes, axillaires 8c terminales, en général
[plus courtes que les feuilles. Fabricius obferve
• qu’elles ont de huit à onze étamines, 8c les
anthères obrondes , de couleur orangée. Ces
' fleurs paroiffent n’offrir d’ailleurs rien de parti-
Iculier, foit dans leur forme , foit dans leur
[ grandeur. Il leur fuccède des- fruits glabres ,
; arrondis, de la groffeur d’ un petit pois -, qui
Contiennentfous une pulpe molle ,8c. fugace,
Iun noyau monofperme, orbiculaire, un peu irrégulier,
obfcurément anguleux, comprime tranf-
tyerfalement fur deux faces. Les parois du noyau
. paroiffent creufées dans leur epaiffeur , mais
[•beaucoup plus près de leur furface externe que
! de 1 interne , de quatre à fîx petites cavités
pleines d’une liqueur aromatique qui, exhale une
forte odeur de térébenthine. Le calice perfifte
• â la bâfe du drupè. Cet arbriffeau croît naturellement
au Pérou , au Bréfil 8c dans le Para-
Iguav. Feuillé l’a obfervé dans un fable fort fec
!& dans un pays aride ou il ne pleut jamais. T?.
( f- à D . D. Thouin & de Jujjieu. )
I pas precifément la forme des folioles telle que
ijè la remarque, fur des morceaux rapportés de
; Buenos-Ayres par Commerfon. Cette figure , en
I effet, prefente les folioles plus larges dans leur
Kpartie fupérieure que vers la b âfe, tandis que
Ile contraire a.'conftamment lieu dans les exem-
iplaires en queftion.
mratis pawlatis 3 impart brevijfimo. Molin'a faQe
|Sul.Stor. nat. del Chil. p. 169. ed. gai. p. 140.
f Habitat in Chili. ï> .
Observation.
L 0n. cn|tive depuis quelque'temps au jardi
1 a ? . r nteS> .fous le nom de Schinus Lithy J u
F ri-1 r a-n <’ u‘ ,n y 3 Pas encore montré fes fleurs
i fimnl * ÎS de dont il s'agit fou
3 ^es> .ÿ e rn e s , prefque fertiles, ovales-alon
; s | l v' m&«oorement pointues, termes, coriaces
. r ' . J obfcurément ctenelees, & en queîqui
* ù r e ? 0 U éf S f u r , IeS .b o r d s - L e u r in f é
i Biovenn re evêe longitudinalement d'une côti 1 8 ..™ ! Hn Peu rougeâtre, d'où partent, fu
eûtes, quelques nervures grêles, obliques
, légèrement Taillante?. Çes feuilles ont une odeur
réfineufe, 8c reffembîent beaucoup, par leur
forme 8c leur grandeur, à la .figure ae celles
qui,, par une erreur typographique, font •présentées
dans Feuillé ( v o l . '3. tâb. 23.) comme
appartenantes au lithy y erreur , ou tranfpofîtion ,
, dont il eft aifé de Te convaincre en comparant
’ les déferiptions 8c les figures que cerauteur donne
du lithy & du‘ lïicuma.
D’ un autre c ô té , je po.fs.ède, fous la dénomination
de lithy du. Chili, des fruits communiqués
par M. Dombey, qui ^paroiffent avoir de
grands rapports avec ceux des'fchinus. Ils font
-à'peu-près de même forme & de même groffeur
que ceux du fchinus areira : feulement ils femblent
àpplatis davantage fur deux faces oppofées. -Leur,
écorce eft mince, glabre , luifante, 8c recouyréy
fous une pulp'e dont on ;ne retrouve. plus de
tracés dans l’etât fe c , un noyau également comprimé
, monofperme, qui ne m’ offre pas de ca-,
virés fenfibles dans I’ëpaiffeur de fes parois.
Peut-être que M. Dombey a.cueilli ces fruits
fur l’arbriffeau dont je viens de parler , 8c qu’ induit
en-erreur par la faute, typographique en
queftion , il aura cru voir dans cette plante le
lithy de Feuillé, méprife, qu’auront pu faire pareillement
les. perfonnes qui auroient envoyé le
même arbriffeau au jardin des .plantes. En fup-
pofant la vérité de ces conjectures , il réfulteroit
qu’on pofsède'aétuellement une troifième efpèce
de fchinus fingulièrement ; remarquable ; efpèce
qué (es feuilles pointues ne permettent pas de,
rapporter au lithy , 8c que les dimenfîons de ces
mêmes feuilles ( dont la longueur eft d’environ
deux pouces 8c demi fur un pouce de large )>
ainfi que le caractère des fruits , éloignent également
du lucuma.
MOLUCCELLE; Moluccella. Genre déplanté
à fleurs monopétâlées , de la famille des labiéees ,
qui a cies rapports avec les phlçmis, 8c qui
comprend des herbes 8c des arbuftes la plupa^
exotiques, à feuilles Amples, oppofées, \ bractées
fpinefeentes , 8c à fleurs verticillées , remarquables
par la forme 8c la. grandeur de leur
calice.
Le caractère eflèntiel de ce genre eft dWoir
Le calice turbine , a limbe campant forme , beai£—
coup plus large que la corolle 3 épineux fur lès boras f
quatre étamines didynantiques.
. C a r a c t e r e g é n é r i q u e »
La fleur offre i° . un calice perfiflant, mono-
phylle , très-grand, turbiné, beaucoup plus lar^e
que la co ro lle , ordinairement courbé Sc irrégulier,
qui fe termine par un limbe ample >