
reffemWance avec la pouffière des anthères} aulti
eit-il arrivé fouvent qu’on s’y eft laiffé tromper.
Cependant il ne falloit qu’un peu d’attention
pour voir que les graines des champignons ne
changent pas de forme par la delficcation ,
comme les globules d’une pouffière fécondante;,
que ce font des corps charnus, & non pas de
petites coques remplies d’un fluide mucilagineux.
On auroit vu que des globules produits par des
étamines crèvent dans f eau tiède , & y répandent
le fluide qui y eft renfermé , que les graines
des champignons , au contraire , n’y crèvent
pas, &c.
» Je ne vois pas , il eft vrai, qu’on fe foit fort
occupé de la recherche d’ un moyen qui pût
rendre facile cette ligne de démarcation j je ne
regarde pas non plus comme fuffifans ceux qu’on
a employés jufqu'ici pour obferver le développement
de la pouffière fécondante. Si on l ’ob-
ferve à le c , l’ air en defsèche les globules, ils
fe rident, & il eft rare qu’ ils crèvent 5 fi on les
met dans l’eau froid e, ils ne s’y développent,
pour la plupart, que très-lentement. Il faut avoir
l ’oe il fut le microfcope pendant un temps con-
fidérable , pour en voir crever deux ou trois,
8c il y a même, une infinité de plantes dont les
globules fécondans ne fe développent point de
cette manière. Si on met cette pouffière dans
l ’eau chaude, fes globules s’y crèvent 5 mais un
autre inconvénient, c’ eft quedeur développement
fe fait trop v ite , & on n’a pas le temps de les
obferver , ou bien leur petite coque fe crifpe,
fe racornit , & ils ne s’y développent pas. Tous
ces moyens font donc également défectueux. Il
nous reftoit à en trouver un qui réunît tous les
avantages de ceu x -c i, fans en avoir les incon-
véniens i & ce moyen., je l’ai rencontré. Je vais
en faire part à mes lecteurs , en même-temps
que je leur ferai connaître la différence efien-
tielle qui fe trouve entre, les graines d’un
champignon & des globules d’une pouffière fécondante.
53 Lorfqu’on voudra obferver au microfcope
la fémence d’ un champignon , il faudra avoir
ce champignon dans la fraîcheur & l’expofer fur
un verre plan & bien mince, au bien fur de
petits verres de montre dans' lefquels on aura
sois un peu d’eau. Si on veut comparer ces
graines avec des globules de pouffière fécondante,
on s’ y prendra de la manière fuivante :
a# On aura une plaque de cuivre de deux
lignes d’épai fleur, de la même largeur que la
platine de fon microfcope ; on fera chauffer
cette plaque , on la pofera horifontalement fur
la platine au microfcope. On aura plufieurs verres
de montre , que l’on ajuftera fur le trou de •
cette plaque. Dans les uns on aura de la pouf-
fè re fécondants de différentes fleurs j dans les '
autres, des graines de champignons, n’importe
quelle en foit l’efpèce. A mefure que l’eau s’échauffera
, les .globules de la pouffière técon-
dante fe crèveront, & vous en verrez fortir un
mucilage épais j les graines de champignons
au contraire, refteront dans l’état où vous les
aurez mi fes. Que! que foit le degré de chaleur
que vous faffiez éprouver à l ’eau dans laquelle
elles font plongées, elles ne fe crèveront pas,
Si vous les laiflez cependant tremper trop longtemps
dans l’eau chaude, fémblables aux graines
charnues d’une infinité d’autres végétaux, que
l’on auroit foumifès à la même épreuve, elles
fe gonfleront, fe crèveront même, rçais vous
n’en verrez pas fortir de liqueur, & vous ne
les verrez pas s’applatir. Elles étoient opaques
avant, elles le feront après i au lieu que les
globules de pouffière fécondante s’applatiffent à
mefure qu’ils fe vident , prennent une forme
irrégulière , ou bien il fe forme à leur furface
un îïllon longitudinal , femblable à celui d’us
grain de froment. Pour l’ordinaire ils font opaques
, ou du moins en partie, avant que de
fe c rev er, & lorfqu’ils font- vides , ils font
tranfparens. De toutes les graines de' champignon
que j’ai cbfervées de cette manière, (&
elles font en grand nombre) je n’ai trouvé que
celle de la fpkoerocarpe capfulifèrc 8c celle de 11
fphoerocarpe utriforme qui s’ouvrifient & d’où il
fo r tît, comme d’autant de cap fuies , des graines
noires , très-rondes , opaques , 8c fans atiui
mélange de fluide. Ces petites capfules, car
c’eft ainfi qu’on doit les appeler , né changent
point par la defficcation. On peut les obferver
auffi bien-au bout de dix ans que dès les premiers
inftans v de leur maturité. Il n’en eft pas
de même de la pouffière d’ une anthère. Une
fois de fléchée , elle, eft chargée de rides ; de
crevaffes , elle, eft- d é fo rm é e e n un mot, au
point de ne reflpmbler en rien à ce qu’elle
étoit dans fon état de fraîcheur. Je ne dois pas
oublier de prévenir celui qui voudroit obferver
1 les graines de champignons, de la manière que
\ je viens d’ indiquer , qu’il ne faut pas qu’il env
i plaie" des lentilles objectives du foyer le plus
; court. S’il fe fort du microfcope de Dellebant
I ( préférable, fans contredit, a tous ceux qui
I nous font connus jufqu’ic i) la lentille obje&ve,
:n°. 3 ., eft celle qui convient le mieux pour
cette opération. Par fon éloignement de l’objet,
l'évaporation de l ’eau , lorsqu’elle s’échauffe,
ne i’ obfcurcit point, comme cela arriveroit ne*
ceflairement aux lentilles, n°. 1. & 2.
»» C e que je viens de dire, au fujet des graines
de champignons , convient également à celles
des fougères , des maujfes 9 des hépatiques, des
algues. Ce n’eft qu’après avoir fait mille &
expériences , que je garantis ce que je viens
d’avancer à ce fujet. Gleichen 8c Hetrin ve SY
[font pas laifles tromper : ils ont bien vu que
Eette pouffière qui fe trouve dans les moufles & ’
Bans les fougères eft leur véritable graine ».
1; Une fois prouvé que les moififîures ont pour
[fe reproduire les mêmes moyens que les autres
iplaptes j qu’eljes font, comme elles , .pourvues
Ifle femences., il ne doit plus relier aucun doute
[lur leur génération , quoiqu’elles croiflent fou-
|vent fur des fubftances où il femble que ces
Ifeniences n’aient pu arriver. Comment fe per-
Einder, dira-t-on, que ces femences foient ve-
Ijnies fe .placer en peu de temps fur certains
feliirjcns, fur des confitures, .par exemple, bien
[couvertes, & renfermées dans des armoires ?
feh! ne fait-on pas que ces graines, fi petites,
ifi légères , Tout traiifportées par-tout avec la
Iplus grande facilité, & qu’ il eft très - difficile,
Eyu leur petitefle , de leur intercepter toute
içommuRication avec les fubftances propres à les
Kaire germer. D’ailleurs elles“ croiiTent fi vîte ,
Ife multiplient en fi peu de temps, qu’il ne faut
pue quelques graines pour en couvrir un grand
pfpace. On ne peut difeonvenir de cette diffé-
T.mination des graines dans l’a ir , en ayant con-
Ifinuéllement la preuve fous les yeux pour des
tplantes dont les femences font bien plus grofles.
■ Papperçois maintenant de mes fenêtres des touffes
me muflier cymbalaire, qui pendent en longues
[guirlandes des croifées d’un, quatrième étage.
fcAu refte* pour m’ aflurer pleinement de la re-
Iprodmftion- des moififlîires, voici quelques ex-
jperiences que j’ai faites il y a environ douze
pns.j & que je cite d’autant plus volontiers
qu’elles font très-faciles i répéter.
if J31 pns un morceau de pain que j’ai jeté
pans1 de l’eau''bouillante , afin de détruire les
[germes de-- petites femences qui auroient pu s’y
prouver 5. jé l’ai divifé en trois portions que j’ai
renfermées dans ic- is bocaux de verre. Avant
- de me fervir de mes bocaux , j’ ai eu grand foin
|de les faire bien fécher au feu , & de les frotter
exactement., J’en ai .recouvert un de' trois forts
parchemins, que .j’ai encore maftiqués à la fi'-
.;gature -, le fécond n’étoit couvert que d’une
jiimple feuille de papier ; le troifième étoit refté
f ouvert. Je les ai placés dans un endroit humide
i & obfcur. Les deux portions de pain renfermées
dans le bocal ouvert 8c dans celui couvert de
’.papier, furent toutes deux moifies au bout de
quelques jours : mais les moififîures .^firent des
.piogres bien plus rapides dans le bocal. expo le
* 1 «ir libre. La plus belle végétation continua
v_ans ce dernier pendant plus de deux mois,
f e ren°bvelant fansceffe, & m’ offrant à chaoue
^moment quelque chofe de nouveau. De petits
m ectes accouroient de toutes parts pour y
prendre un logement, s’y établir , 8c y dépofer
e nombreufe poftérité. C ’eft ainfi que je voyois
botanique. Tome IV .
fe former fous mes yeux un univers en abrégé.
Je regrettois de n’avoir pas de microfcope, mais
avec une loupe , & même à l ’oeil nu , je dif-
tinguois très-bien la plupart des habitans de ce
petit mondé. Il étoit peuplé de ver mi fie aux ,
de larves, de chryfalides, d’infeêt&s parfaits %
les uns ailés, d’autres à étui, qui , occupés différemment
* formoient- en raccourci un tableau
pittorefque de ce qui fe pafiè fur notre globe.
De petites mouches voltige oient fans celfe au-
defiiis, ou bien venoient y chercher un afyle
pour y célébrer les my fi ères de la génération.
Cette portion de pain s’étoit un peu durcie à
l’air, Sc fe trouveit encroûtée des débris de la
première végétation, bien moins abondante dans
le bocal recouvert d’ un papier. Quant à celui
que j’avois fermé avec" un. triple parchemin, il
ne ï y manifefta' aucune efpèce de moififfii-.e
aucun infecte vifibie 5 mais au bout d’environ
quinze jours, ce n’étoit plus qu’ un bourbier
infeêt & dégoûtant. Je lai ife au lecteur à tirer
lui-rnême la conclufion de cette expérience.
Mais tandis que le naturalise porte fur les
moifiifures un oeil attentif & curieux, la ménagère
fe plaint de leur exiftênce incommode 8c
nuifible. Ses petites provifions en font fans celle
attaquées 5 les fruits , les légumes verts , les
confitures qu’elle met pendant l’ été en réferve
pour l’hiver , fe détruifent 8c fe corrompent
dès que les femences des rnoififtures peuvent
les atteindre. Il eft des précautions qui peuvent
parer à cet accident, ou du moins le rendre
moins fréquent. Lés vafes qui renferment les
provifions doivent être bien fecs & bien propres.
Au lieu de les rècouvrir d’ un fi m pie papier,
il faut les fermer avec un très-fort parchemin,
& même le doubler oü le tripler fi un feul ne
fuffit pas. Gn a v u , d’après 1 expérience que je
viens de citer , que les femences des moifilTures
ne peuvent pénétrer au travers. Je crois, d’un
autre"côté, que 1 habitude où l’on eft de couvrir
immédiatement les confitures d’un papier tre mpé
dans l’eau-de-vie, eft beaucoup plus nuifible
qu’utile. L’eau-de-vie petd bientôt toutes fes
parties fpiritueufes : il ne refte plus alors qu’un
papier humide , a moitié pourri, qui favorife
fingulièremetit la végétation des femences. J’ai-
merois mieux les faupoudrer d’une couche de
fucre un peu épaifte, & placer toutes ces pro-
vifions dans des lieux bien fecs & aérés.'
Le pain eft encore très-fujet à fe moifir, fur-
tout quand il eft mal c u it , trop épais, trop
entaffé. En faifant des pains moins forts, mieux
cuits, placés dans des endroits fecs , évitant de
les renfermer trop t ô t , & fur-tout de les en-
talfer les uns fur les autres, mais laiifanc quel-
qu’intervalle entr’eux , à l’aide , par exemole,
d’ un petit morceau de bois qu’on mettroit entre
I i