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foliiS- oblique cordatis, levibus, racemispedunculatis.
Hoir. Cliff.441.H0rt.Ups. 283. R0y.Lugdb.2u.
Dalib. Paiis. 290. Mill. üiét. n. 5. Gmel.iter. 3.
p. 374. Scopol. Carn. ed. 2. n. 1176. Du Roi.
Hàrbk. 1. p. 473.
Morus foliis fcabris , cordatis & femitrilobis.
Hall. Helv. n. 1611.
Morus alha , fruftu minori albo infulfo. Duhatn.
arb. 3..
Morus fruSu albo. Bauh. pin. 4 $9, Morus candidat
Dod. pempt. Bio. Tonrn. inft. R. h. 589.
Lam. Fl. fr. 181. n. 2.
C ’eft un arbre d’ une moyenne grandeur, dont
l’écorce eft rude , épaiffe & gercée } fon bois
eft d’ un beau jaune q,ui devient plus foncé vers
le centre, & plus clair dans l’aubier. Il fe divife
en branches confufes , éparfes , qui font garnies
de feuilles pétiolées , alternes, en forme
de coeur , minces , liffes , un peu rudes au toucher
, dentées à leur circonférence 3 & quelquefois
découpées en un plus ou moins grand
nombre de lobes fur-tout dans les mûriers qui
h’ont point été greffés. Les fleurs naiffent dans
l ’aiftelle des feuilles 3 portées fur de longs pétio
le s , réunies en tête , ou en grappes courtes
fur un réceptacle commun. Les fleurs mâles font
féparées des femelles , mais fur le même arbre.
Elles produifent pour fruits des baies blanchâtres,
de forme fphérique , allongée , compofées chacune
de petites baies partielles formées par les
calices & les ovaires renflés, & devenus charnus
& fucculens : c’eft l’aggrégation de ces petites
baies que l’on a appellé mûres. v>. ( V. v. )
La culture a produit dans cet arbre un grand
nombre de variétés qu’il eft important pour l’u-
fage -, mais très-difficile de bien déterminer , &
plus difficile encore de leur appliquer les noms
qu’ils reçoivent dans les différentes provinces.
Nous croy ons cependant devoir entrer à ce fuje’t
dans quelques détails , dont la plupart feront
extraits de l’excellent ouvrage de l’abbé Rozier,
n’ayant pu', par nous-mêmes, réunir un fi grand
nombre d’obfervations.
Le mûrier fauyageon , c ’eft-à-dire celui qui
eft feulement venu de femences , & qui n’a
point été greffé , eft le type de toutes, les ef-
pèces cultivées dans les jardins. C ’eft celui dont
nous venons de donner la defcription. On peut
d’abord le diftinguer en deux variétés 5 dans
l ’une les feuilles font découpées, minces & de
couleur claire j dans l’autre elles font entières ,
épaiffes , d’un vert foncé. Les feuilles font donc
ordinairement découpées dans le fauvageon , qui
n*a point été greffé j elles deviennent entières,
approchent de celles de la rofe dans les mûriers
greffés, ce qui les a fait appeller mûriers
rofes. Les fruits varient également par leurs cou-
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leurs , tant dans le fauvageon que dans le mûrier
rofe. Ils font tantôt blancs, tantôt d’une
teinte jaunâtre, & d’autres fois ils approchent de
la couleur noire. Au* refte, il y a entre ces variétés
un fi grand nombre de nuances intermédiaires,
qu’il eft très-difficile de les bien carac-
terifer. Cet arbre éprouvé par la culture tant de
modifications., foit relativement au climat^, foit
par rapport au fol & à la conduite de l’arbre,
que les mûriers d’ un canton très-fouvent ne ref-
femblent pas aux mûriers d’un autre canton.
Confiant du Caftelet, dans fon Traité fur la
mûriers blancs , diftingue ainfi .les variétés cultivées
en Provence : Mûriers fauvages , dit-il, il
y en a quatre efpèces : la première eft celle
qu’on appelle feuille-rofe. C e mûrier porte un
petit fruit blanc , infipide ; fa feuille eit rondelette
, femblable à celle du rofier , mais plus
grande. La fécondé eft la feuille dorée j elle eft
luifante & s’allonge vers fon milieu 5 le fru it en
eft de couleur purpurine petit. La troifième,
la reine bâtarde > fruit noir , feuille deux fois plus
grande que celle de la feuille-rofe, dentée à fa
circonférence,.} la dent de l’extrémité fupérieure
s’allonge plus que les autres. La quatrième eft
appelïéefemelle } l’arbre eft épineux > il pouffe
fon fruit avant fa feuille qui a la forme d’un
trefle.
Mûriers greffés. La première eft la reine à feuilles
luifantes , & plus grande qu’aucune des fauva-
ges 5 fon fruit eft de couleur cendrée. La fécondé
, la grojfe reine , à feuilles d’un v e r t Foncé
& à fruits noirs. La troifième , la feuille d'Efpa-
gne. Cette efpèce eft extrêmement matte & grof-
fière } feuilles fort grandes , fruit blanc & très-
allongé. La quatrième , la feuille de fiocs ; elle eft
d’un vert foncé , à-peu-près femblable à la feuille
d’Efpagne , mais moins allongée j elle eft à bouquet
fur fes tiges.«Son -fruit eft très-m u ltip lié ,
& ne vient jamais au point de maturité.
Ces définitions font auffi exaéles qu’elles peuvent
l ’ê t r e , dit Rozier j mais ces efpèces jardinières
font-elles invariables ? C ’eft autre chofej
j’ ai vu ce que l’auteur appelle mûrier fauvagt1*
feuilles rofes , donner des fruits noirs & aile*
gros ,;&:la même Angularité a lieu fur celui quil
nomme feuille d’EJpagne. Les mûriers du Languedoc
approchent beaucoup des efpèces des environs
d’Aix. J’ai comparé les uns aux^ autres »
& cette comparai fon m’a fait reconnoître beaucoup
de variétés fecondaires de ces efpèces qui
font déjà elles-mêmes des variétés.
Tout important qu’ il eft dé'diftinguer ces var
riétés, le point effentiel dans la culture de ce
arbre eft de lui faire produire beaucoup de
feuilles ,f & de bonnes feuilles. Par bonnesfeuiwt
il ne faut pas toujours entendre les plus larg^
ni les plus fucculentes, mais celles dont les iu
nourriciers ont les qualités convenables à Fédu-1
cation du ver & à la beauté de la foie , enfin
celles qui ne font pas tachées par les brouillards.
Outre les avantages qu’on retire de cet arbre
pour la nourriture du ver à foie , il en eft encore
beaucoup d’autres dont il ne paroît pas
que l’on ait profité, & qui.ontété expofées par
Olivier de Serres dans fon Théâtre d*agriculture ,
ouvrage précieux ,■ tk qu’on lit trop peu. Nous
croyons d-vojr rapporter ici ce qu'il en d it ,
quoiqu’en un vieux: langage ,• mais qui n’eft pas
lAs agrément. On y verra que la propriété de
Pécotce du- mûrier de donner du fil> étoit connue
très-anciennement , quoiqu’on l’ ait publiée,
il y a qlie ques années , comme une découverte
nouvelle.
« Le revenu d’ un meurier blanc, dit Olivier
de Serres, ne coniilk pas feulement en la feuille
pour en avoir la foie , mais auffi en l’écorce pour
en faire des cordages,des toiles,grades,moyennes,
fines & déliées, comme l’on voudra;par lesquelles
commodités fe ma.iifefte le meurier blanc être
la plante la plus riche , & d’ufage plus exquis
dont nous ayons eu cognoiffance. De la feuille
du meurier, de fon utilité , de fon emploi ,d e
la maniéré d’en retirer la foie a, été ci-devant
difeouru au long y ici ce fera de l’efcorce des
branches de tel arbre , dont je vous repréfenterai
la faculté, puifqu’il a pieu au roi me commander
de donner au public l'invention de la convertir
en cordages, toiles, &c.
» Auffi m’en a-t-il prins touchant la cognoif-
farice delà faculté de l’efoïrce du meurier blanc.
Car pour fa facile féparation d’avec Ton b o is ,
«tant en feve , en ayant fait faire des cordes , à
1 imitation de celles de l’efcorce de tillet ( tilleul)
qu’on façonne en France , & mifes fécher au
hâut de ma maifon , furent par le vent jettéës
dans le foffé , puis retirées de l’eau boueufe ,
y ayant féjournées quelques jours , & lavées en
éau claire. Après des torfes Sc feichées , je vis
paroitrè la teille ou poil, matière de la toile,
comme foie ou fin jin. Je fis battre ces efeorees ^
ha coups de maffue pour en féparer le deflus ,
s’en allant en pouffière , biffa là matière
douce & molle , laquelle broyée , féra’acée ,
peignée , fe rendit propre à être filée , & en-
luice à être tiffie & réduite en toile. Plus de
trente ans auparavant, j’ avois employé l’efcorce
d-s tendres jëttons de meuriers blancs , à lier
Q s entes à écuffon, au lieu de chanvre , dont
Cj*urnunément l’on fe fert en déleéiabie mefnage:
p ” V°iü la; première épreuve de la valeur de
corce du meurier. blanc, lequel accident ré-
8ft en art , n’eft à douter de tirer bon fervice ,
•' grand profit de fon . poffefteur. Plufieurs
eh^tS ^ fr, i l ren^ent 3Utfi dup«ùl;mais lesunes
donnent petite quantité ^ ou déqualité foible}
il n’eft- pas ainfi du meurier blanc , dont l ’abondance
du branchàgé , la facilité de l’efcoi'cein'ent,
la bonté du poil procédant d’icelui , rendent ce
mèfnage très affuré ; Voire avec fort petite dé-
penfe } ie pere de famille retirera'infinies commodités
de cë riche arbre , duquel la valeur , non
connue de nos ancêtres , a demeuré enterrée
jufqu’ à préfent, comme par les yeux de l’entendement
, il le reconnoiftra encore mieux par les
expériences.
» Mais afin qu’on puiffe rendre de durée ce
mèfnage , c’eft-a-dire , tirer du meurier i’efcorce
fans l’offenfer , ceci fera- noté 5 que pour le bien
de la foie , il eft nëceffaire d’ émonder, d’efla-
guer , d’étefter les meuriers j incontinent après
en avoir cueilli la feuille pour la nourriture des
vers , félon , toutefois , diftinétions requifes.
Les branches provenant de telle co.tipe 3 fervi-
ront à notre invention , parce qu’eftant lors en
feve , ( comme en autre p oint, ne faut jamais
mettre la ferpe aux arbres ) ttès-faciîement s’ef-
corceront-elles , & ce fera faire profit d’une
chofe perdue } car auffi-bien les faudrait jeter
au feu , même toutes dépouillées d’efcorces , ne
bifferont d’y bien fervir , fi mieux l’on n’ aime
'au préalable les employer en cloifons de jardins,
vignes , &c. où tel branchage eft très-propre
pour fés durs piquerons , étant fec , & de long
î'ervice pour la dureté, ne pourriffant de longtemps
T d’où firialëmënt retiré pour dernière
utilité , eft brûlé à la cuifîne.
»3 Et parce que les diverfes qualités des branches
diversifient la valeur des efeorees, dont les
plus fines procèdent des tendres fommités des
arbres, les groffières des'groffes branches'j à endurcies
, ‘ les moyennes de celles qui tiennent
l’entre deux > lorfque l'on taillera les arbres,
foit en les émundant, élaguant ou éteftant , le
branchage en fera afforti , mettant à part, en
faifcéaux , chacune forte , afin que fans confus
mélange , toutes les écorces foiènt retirées,. &r
maniées, félon leurs particulières propriétés. Sans
délai, les éç'ofcès'feront feparées de leurs branches
, err ployant la fleur de la fev’e ï qui paffd
to ft, fans laquelle on ne peut ouvrer en cet endroit
, ayant embotèlé les efeorees', chacune
des trois fortes à p art, l’on les tiendra dans l’eau
claire ou trouble ,> comme s’accordera, trois ou
quatre qours , plus ou moins , félon leurs qualités
& les lieux où l’on eft , dont les effais limiteront
le terme; Mais en quelque part que l’on
foie , moins veulent tremper dans l’eau les minces
& tendres écorces que les groffes & fortes.
Retirées de l’eau à l’approche du fojr , feront
étendues fur l’herbe de la prairie , pour y demeurer
toute la n u it, afin d’y boire les rofées
du matin j puis devant que le foleil frappe ,
feront ammoncelées jufqu’au retour de la vef-
perée} lors remifesau fereinj de-ià retirées du fo