
extrémités. Les feuilles de là première font
larges & courtes > celles de là fécondé é pointues
& étroites. * • '
La variété nommée pigale à Nifmes , eft
placée au rang des mourettes en Provence. L’ef-
•pèce de Nifmes a fon fruit plus alongé, plus -
pointu, plus petit $ fon noyau a les mêmes
formes que celui de la petite efpèce, mais il eft
plus petit, & fa bâfe eft tronquée.
15. La fayerne ou fageme. Cette variété
eft peu connue en Provence, où on la clafle
encore avec les barraUnqu.cs. Elle produit des
fruits d’une couleur noire & violette. L’ olive
fournit une huile des plus fines : fon écorce eft
duvetée comme celle des prunes. Sa forme eft
arrondie , pointue par le haut, élargie par le
bas ; fon noyau eft petit, fillonné , alongé ,
arrondi à fa bâfe , terminé par une pointe vive
à fon fommet. Ses feuilles font petites, terminées
en pointes des deux côtés. Leur plus grande
largeur eft au-delà du milieu. L’arbre ne devient
jamais bien gros. Il craint le froid, aime les
terrains caillouteux & les roches. Le fruit tombe
facilement de l’arbre.
16. U odorante ou la luquoife. Cette olive
eft très-longue , proportionnée à fa groffeur ,
dont la coupe j-efiemble à celle d’un bateau
ponté, c’eft-à-dire , qu’elle eft courbée d’un
bout à l’autre, pointue & relevée des deux
côtés , mais en général plus du côté de fa bâfe.
Lemoyau eft long , étroit ; fa courbure imite
celle du fruit. Lorfqu’il eft décharné & bruni par.
l’air.3 on lé prendroit pour la .çhryfalide de
queUu’infe&e, & fa pointe fupérieure eft plus
aiguë que celle de la bâfe. La peau du fruit eft
long-tempS verte 3 & lors de fa maturité , elle
eft rougeâtre jg piquetée 3 la pulpe de couleur
vineufe » les feuilles larges, nombreufes , peu
pointues au fommet 3 & fa pointe plus alongée
vers fa bâfe. L’huile de cette Olive eft fort douce.
L’arbre craint moins le froid que beaucoup
d’antres; On le multiplie pour confire fon fruit.
C’éft le plus exquis pour les préparations , mais
U ne fe conferve pas autant que celui des autres
o liv ie r s .
Rozier demande fi les efpèees & oliv ier s d’Êf-
pagne , d’Italie , de Grèce, & celles qui étoient
connues des Romainsfoas les dénominations de
p au fta , A lg ia n a , La ciniana 3 Sergïa , f fe v ia ,
Culmina , O r ch is , Regia 3 Circites , Murtea , €fc.
font les mêmes que celles qui font cultivées en
France. Il fe peut qûe quelques-unes fe foient
confervées, nriis Columeîie & les autres écrivains
n’ont" établi aucun caractère propre à les
diftjnguer. & ils ne tes ont point décrites. Il
ne refte tout au plus que des apparences. D’ailleurs
j ajoute Rozier , le grand point n’eft pas
de (avoir f i , dans tel canton3 les efpèees ont
été tranfmifes par les Grecs ou par les Romains j
& fous quels noms ils les coniioiffoient ; c\ft
aux littérateurs à fiiivré ces difendionsi majs j
1 : cultivateur a befoin d’être alluré par l’expé-
riencô que telle ou telle efpèce réfiftè mieux au
froid que telle autre que l’une d >nne beaucoup
de fruits-, & ces fruits une huile de bonne
qualité j enfin , quel eft le grain de terre propre
à ces différentes efpèees. Voilà le travail
a fuivre.
Ufages & propriétés.
Le bois de X olivier eft bien veiné, d’.une j
odeur aflêz agréable , & prend un beau poli; I
c’eft ce qui le fait rechercher par les èbéniftes
& les tablettiers. Comme ce bois eft réfineux,
il eft encore excellent à brûler. Un fait bien j
remarquable , c’eft que l’on ne eonnoit. aucun I
arbre qui porte une plus grande quantité de
racines $ elles fubfiftent eu terre pendant des I
fièdes. Les feuilles de l'o liv ie r paffent pour af* I
tringehtes. Plufieurs perfonnes s’en fervent dans
les gargarifmes pour l’inflammation de la gorge.
Les rameaux de X o liv ie r font le fymbole or- ;
dinaire de la paix, dont 1% douceur eft caraété-
rifée par celle des fruits de cet arbre. Une j
couronne ou une branche d'o liv ie r faifoient re-1
connoître chez les Grecs les ambafladeurs qui I
venoient demander ou apporter la paix, Les
vainqueurs aux jeux olympiques étoient egu/on-
nés cX o livier fauvage. Les nouveaux époux por* j
toient aufti des.coiironnes d’o livier. Enfin, onj
en couronnoit même les morts que l’on portoit
au bûcher. Selon la mythologie -, c’étoit la I
déefle Minerve qui avoit appris aux Athéniens
à cultiver cet arbre 3 & à exprimer l’huile de
fon fruit.
Les o l iv e s , félon leur qualité, font deftiflées
ou à confire , ou à faire de l’huile. Lorfqu’on
veut confire les o l i v e s , on les cueille avant
leur maturité. L’art de les confire éonfifte à leur
faire perdre leur amertume, à les conferver
vertes , & à les imprégner d’une faumure de felj
marin aromatifée, qui leur donne un goût agr-2*
• ble. On commence par les mettre tremper pen'
dant quelque-temps dans une liqueur alkaline»
telle que de l’eau de chaux ou de la îeffive.
Cette préparation les rend douces. On les/au*
poudre enfuiçe de ..fel bien fin avec un peJI “e
vinaigre , d’autres y ajourent du fenouil. Qu j*
ques provençaux retirent, au bout d ’ u n 'certain
temps , les ot.oes de leur faumure. Ils ôtent I®
noyau & mettent à fa place une câpre, & ,ls
conferVent ces o liv e s dans d’excellente hul‘e'
Ce früiç, ainfi préparé, excite beaucoup 1 2P'
petit3 mais ne nourrit point. En hiver, qU2t1'
les o liv e s font parfaitement mûres , elles
molles & noires. On les mange alors fan* Pr&‘
paration, en les affaifonnant feulement avec du
poivre, du fel & de l’huile. Les payfannes, en
Provence, fe fervent de l’eau des o liv e s pour
calmer les affeéiions byftériques. Elles en font
auffi avaler aux hommes qui font hyppocon-
driaques.
On retire l’huile des o liv e s par exprefïion.
Ce'le qui coule, fans addition d’eau bouillante,
qu’on ne jette fur les oliv es que vers la fin,
lorfqu’elles font encore fous le preffoir , eft
nommée vulgairement, Xhuile vierge. La meilleure
& la plus délicate fe tire particuliérement des
variétés dont j’ai parlé au nos. 2 , 3 , 10 ; ce
font elles qui fournirent l'excellente nuile d’Aix.
On ne doit pas les cueillir trop mûrès. Il vaut
mieux qu’elles foient un peu vertes. Il ne faut
pas non plus les-faire trop feimenter, ce que
l’on appelle rebouillir . Quatre à cinq Njours fuf-
fifent pour faire exuder l’humidité fupèrflue.’
Ceux qui ne veulent tirer de l’huile que des
olives bien mûres & (ans diftinétion d’efpèces ,
les font fermenter plus long-temps j ils retirent
à la vérité m e plus grande quantité d’huile,
mais moins bonne , moins délicate, plus chargée
de fédimeLt & d'impuretés. Les plus communes
de ces huiles employées avec la foude d’ali-
cante & la chaux vive , font d’excellent
favon.
Le marc qui refte après que l’on a exprimé
toute l’huile des- oliv es ,_eft nommé grignon , &
ne peut plus fervir qu’ à faire des mottes à
brûler. On appelle , d’après les anciens, la féce
d'huile recuite , amurca. On la regarde comme
un bon remède pour les rhiimatHmes. Avec la
fè'ce d’huile foutirée , on fait la cire à cirer les
(puliers.;
L’huile dXolive eft émolliente J réfolutive $ elle
entre dans quantité de baumes & d’onguents.
Elle adoucit les tranchées de la colique, & les
douleurs de la dyflenterie. C ’eft un des meilleurs
remèdes lorfqu’on a avalé des poifons corrofifs,
comme l’arfenic j l’orpiment, &c. 3 c’eft encore
un très-bon vermifuge. L)’après Fobfervation de
Malpighi, l’huile tue les vers en bouchant les
ouvertures des trachées par où ils refpirent,
fermant ainfi le paffage-à Pair , ces animaux
(ont fuffoqués. Dans les. conftipations, l’huile
prife à jqun avec de la mie de pain, lâche le
ventre.
Les anciens fe fervoient de l’huile autant pour
rétablir la fanté, que pour la coriferver. L’on
Eai: que les athjetes qui fe préparoient à la lutte,
fe faifoient oindre tout le corps , 'autant pour
prévenir la laflitude qui fuit le violent exercice,
que pour faciliter le mouvement des, mufcles:
ceux qui n’avoient d’autre vue que de conferver
«ur embonpoint , ne fe faifoient oindre qu’a-
près ayoir pris le bain Hans l’eau chaude. L^s
athlètes fe rouloient, après î’on&ion » dans le
fable defféché, ce qui , mêlé avec les Tueurs
qui décoiiloient du corps pendant l ’exercice ,
formoit les ftrigmenta , qu’on faif jt racler avec
ces fortes d’étrilles, dont Merciirial nous a
donné la figure dans fon traité de la Gymnaftique.
Ces raclures, ou plutôt ces ordures étoieni
fort eftimées pour plufieurs maladies, pour détruire
les condylomes , les rhagades, &c. Les
marchands de ftrigmenta faifoient d’aflez gros
bénéfices.
L'ufage lé plus commun de Phuile , étoit
fur tout après les bains , pour, en bouchant
les pores^ de la peau , empêcher la trop grande
tranfpiration que pouroit avoir excité la chaleur
du bain ; de même que pour donner plus de
fouplêfle aux fibres des mufcles. Les anciens
eftimoient fi fort l’ufage extérieur de l’ huilé
pour conferver la fanté que Romulus Pollio.,
interrogé par Céfar-Augufte, ,par quel moyeu
il avoit pu parvenir , fans éprouver aucune incommodité
de la vieilleÇfe , jufqu’à l’âge de
cent ans, il lui répondit : Intus mulfo , fo r is
oleo ; c’eft à-dire , que c’étoit en buvant de
l’eau mêlée avec du miel, & s ’orgnant fouvent
d’huile, après les bains.
2. Olivier à feuilles obtufes $ O lea obtufi-
fo lia . Lam. O lea f o l i i s oblongo-ovalibus obtufts ,
margine replicatis , racemûlis brevibus , ax illar ibus.
Lam. illuft. n. 74.
. Cette efpèce ne doit pas être confondue parmi
les variétés de 1 o liv ie r commun , quoiqu’elle ait_
beaucoup dé rapports avec lui. Elle en eft très-
bien diftinguée par la figure & la largeur de
fes feuilles * par fes fleurs beaucoup plus
grandes.
Le bois eft très-dur ; lés rameaux font couverts
d’une écorce cendrée un pëu blanchâtre ,
garnis dé feuihes oppofées, verres & glabres
des deux côtés , ovales , rétrécies en pétiole
à leur bâfe, arrondies & obtufes à heur fommet.
Larges de fix à fept lignes, longues d’un
pouce & plus, très-fermes, coriaces , roulées
à leurs bords. Les. fleurs forment des grappes
courtes dans l’aiffelle des feuilles y le calice eft
divifé en quatre dents obtufes élargies à la
bâfe , très-courtes. La corolle , deux & trois
fois plus grande que le calice , eft monopétale,
partagée en quatre découpures prefque linéaires ,
obtufes. Le ftigmate eft divifé ;en deux. Cette
plante croît naturellement à l’Ifle-Bourbon, d’où
le citoyen Lamarck en a reçu un exemplaire recueilli
par Commerfon. , ( V . f . ' )
3. Olivier d’Amérique? O lea America na•
Lin. O lea f o l i i s lato-lanc eo latis , integerrimis ,y
paniculis axillar ib us \ drupis glabofis* Lapa, illuft.
«en.