
ropéens ont conmdké l’habitude d’en- prendre,
l'oit râpé en. poudre partie nez , doit en feuilles
»■ au moyen d'une pipe ,• ou .eu mafticatoire, l'on
en a prodigieulemenf étendu la. culture. Les
lieux les plus renommés où cette plante croît
font Vérins , le Brefil, Bornéo, la Virginie,
le Mexique j l’ Italie , l'Efpagne , la Hollande
& l ’Angleterre.
Le tabac a eu fes antagobiftes ainfi que fes
pahégyriiles. 'Amurat IV 3 empereur des Turcs »
le Czar & le roi dô Perfe en défendirent Pillage
à leurs fujets’j fous peine de là yie ou d’avoir
le nez coupé. Jacques Stuart, roi d ’Angleterre .
fe Simon Paulli out fait un traité ‘fur le mauvais
ufage du tabac! On trouve une bulle d’Urbain
VIII j par laquelle il excommunie ceux qui
prennent du tabac dans les églifes. Le P- Labat
dit que lle petunTut comme une pomme de
àifcorde qui alluma une guerfe très-vive entre
les favans, & qufen 1699 M. Fagon premier
médecin du roi y n'ayant eu fe trouver à une
thèfe de médecine contre le tabac , à laquelle
il devoit p r é iid e r e n chargea un autre médecin
, dont le nez ne fat pas- ^‘accord avec la
langue ; car on remarqua que pendant tout le
temps que dura i ’aéle , il eut la tabatière à la
main , & ne ceffa pas un moment de prendre
du tabac.
Nous né nous arrêterons pas fur l'ufage du
tabac èn poudre . pris par le. nez autant par
plaifir & par ufage que pour la nécêffité. Per-
fonne s'ignore qu’il: excite l'éternuement.. Se
procure une abondante évacuation de férofités ,
fut- toiit à ceux qui n’én ont pas cohtraité l'habitude,
L'excès ou l'abus du tabac en poudre
ou èn feuilles- n eft pas moins dangereux qu’un
ufage réglé en peut être utile. Le mouvement
cenvulfif que le tabac, excite dans les nerfs .
quoiqu'irrégulier, peut être bon à quelque chofe.,
ne fie-il que nous délivrer d’une-humeur fuper-
flue. ' Alors il eft un remède ; mais y a-t-il apparence
que.pour être .en fânté il faille avoir
toujours le remède a la main, Se qu on puiffe
regarder- comme un régime utile d’ étrë -à tous
anomens en convulûon.
Toutes les efpèces de tabac purgent par haut
& par bas avec violence pris intérieurement en
fubftftance , il convient dans l’apoplexie 8? la
léthargie , même contre l'ïpilepûei: mais on né
peut trop en redouter les effets. Il faire une main
habile & prudente,pour diriger un tel remède.
Car le caraâèreicre & cauftique de cette plante
t ’efl décelé plus d’une fois , même envers ceux
qui le prennent en fumée pOur.la poemièreTois ;
2s deviennent iv r e s , & s’ ils ne rejettoient pas
la fumée, ils tomberoient dans un trifte état.
Combien de malades tombés dans des affoupiffe-
jjiens léthargique^ n’gnt recçuyert le fenàment
Sc la connoiffance , que'pour mieu?r-fervtlr d*autres
convenions accompagnées de^ vomiffemens , de
fueurs froides, d’un- pouls .faible & frémiflant
& d’autos accidens plus funeftes 1 S’il faut être
fur fes gardes quand on emploie ce remède
même dans les affeâdons foporeufes, que doit-
on penfer de fes effets , quand , en~bonne faute,
on en fait un ufage continuel , iouvent immodéré
& toujours, fans correctif ?
Lé méilleur bien qui en arrive eft de faire les
catharres, la migraine , &e. comme le font moins
dangereusement la poudre de bétôinê, de muguet
, & c . Mais le plus .petit mal -qu’il puiife
produire eft de ^deffécher le cerveau , d’amaigrir
, d’affoiblir la mémoire , & de détruire ,
finon entièrement', au moins en partie, la fineffé'
de l’odorat. On lit dans un des journaux d’Allemagne
, an 1730 , p. 179 , des exemples de vertiges
»& de cécité , .même de paralyfie , occa-
fionnés par l’ ufage immodéré du tabac.
Jean Bauhin vante la nicotiane , pour détruire,
comme par enchantement, toiite efpèce de vermine
qui défoie ' les hommes & les animaux.
L’ufage du tabac peut convenir en fumée pour
le wal de dënts pour rendre' les foldèts & les
matelots moins fenfiblès à la difétte des vivres,
& pour les. préferver des attaques du feorbun
mais nous répétons qu’ il en taut prendre peu
à la fois & rarement , afin de s’ y accoutumer
par degrés , & que cependant il faut tâcher de
ne s’ en pas faire un befoin eh tout temps. En
Europë , en Turquie , en Perfe & même en
Chine on fe fert de la pipe pour fumer , mais
les Caraïbes des îles Antilles ont une autre façon
.très-lïngulière , & qui nuit beaucoup à la
force de l’odorat & de la vue. Ils enveloppent
des brins de tabac dans certaines écorces d’arbre
, très-unies , flexibles & minces''comme du
papier ; ils en forment un rouleau , l'allument,'
en tirent la fumée dans • leur bouche , ferrent
les lèvres , & d’un mouvement de laiîgue centre
le palais, font paffer la fumée par les narines':
dans les deux prefqulîles de l’Inde , & dans es
îles de l’Océan oriental prefque tous les peuples,
idolâtres fument des chiroutes , ou petits rouleaux
de feuilles de^ab$c , appel lés cigales en
Amérique. Les Mahométans du Mogol &
l’Inde fument avec un gargoulis double , Iub
fert à recevoir la fumée à travers de d’eau,»
l’àutre à contenir le tabac & le charbon aljume*
Cette fumée de tabac eft très-douce & beaucoup
plus agréable.
En Amérique le tabac vient très-haut. 0».
emploie fes feuilles pour faire le tabac en corde,
à mâcher 8g en poudre. C ’eft en août K e"
feptembre qu’on ramaffe les feuilles des plan
dont on a coupé les fommitis des tiges P°
fes empêcher de fleurir, jCÉ& moins par la
yerfîté des feuilles de nicotiane que par la . préparation
qu’on leur fait fubir , ( en y mêlant
du firop de fucre , de l’eau de pruneau, deTeau
de bois de violette , ou de bois de tofe ) qu’ on
parvient à produire de la différence dans les
fortes de tabacs connus fous les noms de fea-
jtdati du Levant, de Canajfe 'a andbuiUe de S.
Vincent , ou tàgala_d’Amérique , de rolle de Mon-
tauian, de briqüet du Bréÿl 3 Scc. La nature du
climat, le temps de la récolte, l’efpèce : de lef-
five dont on arrofe les- feuilles , le mélangé du
tabac d’un pays avec celui d’ un autrui tout contribue
à lui donner une certaine couleur , faveur
& odeur. Çêlui de la Havanne & de Sé-
; ville -, vulgairement appelés tabacs. d‘Efpagne ,
eft préparé fans aucune drogue odoriférante.
Ces détails, font extraits du diélionnaire d’hif-
i toire naturelle de Vaimont de Bomare. J’ajou-
[terai qu’i f eft bien étonnant que cette plante,
j.plutôt nuifible qu’ utile , fe U>it en fi peu de
• temps tellement multipiiée , & qu’elle ait acquis
[ une fl grande renommée j qu’aujoued’hui elle eft
, connue dans les quatre parties du inonde» J’ai vu
fFArabe la cultiver jufques dans fdf- déferra: les
[Japoaois, les Indiens, les Chinoiy , tous ces
[ peuples font ufage du. tabac. Je laifie aux phi-
îofophes à nous expliquer un fait aiifii finguîier. :
Tl n’oubliera, pas que le tabac eft encore un des»
| préfens de. l’Amérique.
2. Nicotiane frutiqueufe k Nicotiqnxx fruti-
<ofa. Lin. Nicotiana foliis Lanceoîatis , Jitbpetio' î:
ktis ^ Itueribus J'ubdecurrentibus y caule bafi jirutef-
unte. ’Latn. Illuft. gen. n. 2281. -
Ntcotiana foliis lanceolatis fubpetiolatîs airtplexi-
tadibuSyfort bus <uutis y caule jruteJcente..Lïvi. Syl^- <
[ pj^it. i.p . fo i.. Nicotiana foliis lineau-lanceola-
pw, acuminajis , femi. amplextcaulibus caule fruti-
Ujjo. Mill, Dict. il. 4. Nijoâandifiajùr, ,angaftiJjfimo '
[folio perennis. Juflf.. ’ ,v - - 1
|,precedeate , qu’elle pourroit bien n’en être
'.réellement qu’une variété. Cependant elle pré-
!l /f-o P^u“ £^rs diftéruices notables^ Su tige , qui
; elt légèrement velue-& vifqueufe , t,»ft 'prefque
1frutiqueufe , fur-tout a fa bâfe. Elle [ne s’élève
.^ue de trois à quatre pieds. Les fes jilles font
fillesamplexiçaules , un peul déc urrentes. ,
gueules légèrement velues j scell és du .bas
•ront tellement rétrécies à leur bâfe I qu’elles
emblent. pitiolécs j. les feuilles-du h.jmt ont à
S bjle^deux- grandes oreillettes aLrorrdies-j
eiies lé retrciffent. au%-lfus en forme . de finus ,
| o f v ^nnern epfuite lancéolées-, -plu s étroites
1 « pius. aiguës qhe dans fefpëce prlécédente.
flâchp . iUrS ^ont ’S liS ife S - e0 biie paniikule plus
[lindri eS c^ ’c£,s ^ont P*us f- tfés , prAfqae cy-
: T.ueSj a découpures plus Tongues •. & plus
aigues.,, ainfi que celles de là coro lle, 1qui eft
d’ un foUge-"approchant de la èotueur de chair.
; Ces deux plantes f ë . re'flfemblent dans leurs autres
partie#.. La ^dernière eft.originaire de. Chine. On
la trouve auffi au cap. de Sonne-Efperance^ Elle
eft , ainfi que la précédente , cultivée au jardin
des plantes. . ( F . v. )
3. Ni.ClOTlA.NE; ruftiqué; Nicotiana ru(lica\. Lin.
Nicotiana foliis ovatfsobtufis , petiolatis y flori-
bus obtufis. Lam. 111. gen., 21S2.
Nicotiana foliis petiolatis , ovatis , 'integeprimis y
fioribus obtufis. Lin. fpec; plant. 258. Mill. d?éf.
n. 6 . Blackw. tab. .437! Kniph. cent. 3. n. 6j.
Sabb.Hort. i , t. po. Nicotiana foliis ovatis y Horr.
Cliff. $6 . Hort. (Jps.'.4j. R.oq. Lugdb.423. fpec.
plant. 1. p. 180. Nicotiana, minor. Bauh. pin. L70.
Priapeia quibufidam. Nicotiana ,minor. J. BauH.
3. 630. Dubius kyofeyamus luteolus , folanifolius.
Lobe!, icon. 269. Pachyphylla. Reneal. fpec. 40.
Cette efpèce fë diftingue facilement des pré-
céderîtes; en ce que toutes- fes feuilles font pé-
tiolées , obtufes , & que“ fes corolles offrent
également cinq divifions obtufes. Ses tiges font
roides, fermes, j elles s’élèrvent rarement à plus
de trois pieds de Jiaut. Elles fe divifent en rameaux
garnis de feuilles alternes, ovales, obtufe
s , liffes , glutineufes,- portées fur de courts
pétioles. ,Les fleurs croiffent vers l’extrémité des
tiges en une panicule: un peu ferrée : élles font
de couleur herbacée. Le tube de la corolle .eft
cou r t, pas beaucoup plus long.que le calice : le
limbe eft évafé en foucoUpe , divifé en cinq
lobes arrondis , obtus. Ses fleurs paraifiént en
juillet j elles - produifent des "çapfules tondes,..
remplies de petites femencés noirâtres. Cette
efpèce eft une des plus acclimatées , par-tout où
fes’ femences fe répandent, eUês:fe reproduifeht
fans le moindre foin j de forte que", dansplufieufs
I cantons, eï.% eft devenue une plante indigène. Elle
eft Originaire ^d’ Amérique , & pafie pour la première
efpèce qui ait été apportée en Europe 0
, C V- v. )"■
4. N i c OTIà NE panicu é e > Nicotiana paniculata.
Lin. JfEii.Qtia.na foliis c&rdatis , integerrimis , petto- ‘
latis ; florihus paniculatis , obtufis , clavatis. Lin.
fpe.c..plant. 2fc). Lam.. 111. gen. n. 2283. Mill.
: Diéb. n. 8. Kniph. , cent. .2. n. 48. .
Nicotiana foliis cordatis ^ florihus paniculatis
! tubis élavatis. Spec. plant. ï . p. 18b. Nicotiana
s minor J foliis cordiformi, tubo fions pr celongo .Pew'Û..
Pérou. 1. p. 717; tab. io.-
II Cette plante reffémble Beaucoup à la précédente
elle en diffère par fes tiges beaucoup plus-
herbacées, plus fbibles/ plus élevées, par fes
fleurs difpofées en une panicule très-lâche & Ion