
tellement dans l'Inde j il eft plus convenable de I
peirier- avec G. Baühin, l'Eclufe V & U plupart
Ses botaniftss, que le fruit de cet arbre, ne tut 1
point connu des anciens Grecs. G.. Bauhm n igno-
roit bas néanmoins qu'on rapporçoit a. la mulcade
le comacum dq Théophrafte , puifqu il a cité lui-
même dans Ton PmaX pour fynonyme^de fon nmc
mof.hata fraSu rotmido, la phrafe1 fuivante de
Quilandinus : Comacum Theophrajli & cinnamum
C.iryoro.t P linii. Selon quelque*:«»» > c e comacum
de Théophrafte n'eft autre chofe que *JÎ-W£r
cabeba . ce poivre qui croit naturellement dans
l ’Inde , étant en effet fort aromatique. Cubeba elt
un mot latin dérivé de Cubai, nom chinois de
ce poivre , lequel fut altéré, & transforme en
eubabin , cubabum , cumacum , & enfin coma-
*um.
Les Arabes furent-les premiers , à ce qu'il pa-
r o î t , qui eurent connoiiîance de la mulcade.
Avicenne ( livr. a , ch. y o ; , pag. 54»- ) « !t
mention de ce fru it, le nomme jianfiban oujan-
fiband , ce qui lignifie en arabe, noix de banda.
C'eft aufli le jen^ba.e ou 1 t'jusbague de Serapion ;
enfin * c ’eft le mofckocanon des Grecs modernes.
Bauh. Pin. .407.
Mais f i , comme je viens de le d ire , le fruit
du mufcadiêr eft connu depuis long - tempsgg
il n'en eft pas de même des fleurs de cet
arbre.
pifon. qui eft un des premiers auteurs qui en
ait parlé, leur attribue de la refTemblance avec
celles du poirier , ou avec celtes du cenfier ,
co qui a fait dire, par la fuite, à piufieurs auteurs
•que ces fleurs avoient cinq pétales : mais on va
voir que c'eft fans fondement , & que ces mem-s
fleurs n'ont avec celles du poirier ou du cerifier
aücune refTemblance, foit par leurs caraéteres,
foit même par leur afpeft. D'autres, auparavant
prenoient le macis, ou 1 enveloppe membra
n=ufe de la coque de la mufeade, pour la fleur
même, fans doute à caufe de la vive couleur,
& des découpures fiirguliètes de cette enveloppe.
Valentini, dans fon Hifîoria fntplicium , qui
a paru en latin en 171Ô , eft le premier qui ait
r-marqué que les fleurs du mufcadiêr etoient
trifides , c'eft-à-dire , qu'elles avoient un calice
i trois découpures.
Rumphe enfuite , dans fon Herbarium Amboi
nc,r e , dont Jean Burman fut le traducteur &
l ' iditeur en 1750 , dit la meme chofe , fans
nous apprendre prefque rien de plus que ce qu on
trouve"dans Valentini ; mais il donna des fleurs
de mufcadiêr une figure affez palfable , quoique
fans détails. 11 parait- que Valentini & Rumphe
n’ont examiné que les fleurs d un individu. fer-
ytie, fe par confequent que des fleurs femelles
comme leurs deferiptionsle prouvent en effet;
-mais ces auteurs n'ont pas. pris garde que lsi
.fleurs dont ils parlojent .étoientconfiamment d'us
feul fexe ; ils étoient encore attachés à l'ufage
de leur temps, où l’on nommoit mâles ou femelles
"certaines produirions de b nature, en
raifos de leur importance, ou de la préférence I
que les1 unes méricoient-fur les autres. Ainfi la
mufeade longue étoit.qlors nommée mile , & lj
ronde portoit le nom de mufeade femelle ; il en j
étoit de même des arbres qui les produifoient,
quoique ce foit toujours des individus femelles I
qui produifent les mufeades, quelle que foit U j
formé de ces fruits.
Linné pere , dans l’édition de fon généra plu-
tarum publié en 17 4 2 ,6 1 mention du genre du
mufcadiêr , fous le no.m de. myrijiica , & plaça
ce genre, avec quelques autres dans un appendix I
particûlier j & fous le titre de fragment divers. I
Dans l’expofition de ce genre, Linné diftinguè
des fleurs mâles .& des fleurs femelles, mais
fans expliquer' fi ces fleurs uritfexuelles font, relativement
à fon fyfteme , dioîques ou moiloi-l
qües. Il-cite le calice, la corolle & les étaminei
de la fleur mâle , comme lui étant inconnus j en-
fuite il dit que la fleur femelle .a un .calice, ovale, I
campanulé , & à quatre dents î qu éllé^ eft dé- I
pourvue de corolle , & que fou piftil eft en
maffue , & de la longueur du calice.
On v o i t , par cette defeription , que Linné I
pere ne connut ni la fleur mâle , ni même la fleur
femelle du mufcadiêr ; car le calice de la fleur
femelle qu'il d écrit, n'eft -point à quatre dents,
& s'il en eût vu l’ovaire , il n’eût pas manque I
de parler de fon ftigmate qui eft affez remir- I
quaple.
Adanfon , dans fon livre intitulé , familles lis
plantes , & publié en 1763 , a fait mention du
genre du mufcadiêr fous le nom de comacm, 1
& l'a placé dans la famille des piftachiers, » K j
page 545. M. Adanfon attribue-aux plantes de
ce genre des fleurs hermaphrodites, ( P-JH-î'
mais ftériles fur certain^ pieds, & fertiles ur I
d'autrés. D’ailleurs Adanfon regarde comme n
connue dans les fleurs du. mufcadiêr , la cor?iU
& le nombre des étamines , & il cite au p u
un ftile Se un feul ftigmate.,
Sonnerat parle du mufcadiêr dans fon voW*
à la nonvelle. Guinée, publié en 1776. 1
( p. 19s ) que les. fleurs de cet arbre naUt
dans les aiffelles des branches ; qu elles M ul
piftil entouré d'une infinité d etamines, « q
leurs pétales font au nombre de cinq.
En 1781 , Linné fils publia , dans S S B j
mentum plantarum , un caraûère ieS
mufcadiêr. Selon ce caraétère , les «surs ^
'^u mufcadiêr fontk hermaphrodites ; elles; ont un
calice divifé en , cinq ^ pétales & des éta-
niines nombrepfes : ces $ara<ftères font fort dif-
.férens de ceux que j’y ai reconnus.
' Enfin Thunberg, dans les a6tes de Stockholm >
année 1782,, traite de deux efpèces de mufea-
diers'j parmi lefquels fe trouve le mufcadiêr
; aromatique. Thunberg rapporte ce genre.. de
plantes a la monoécie dé Linné , & dit que lès
fleurs mâles n’ont qu'une étamine. Or ces caractères
ne font point encore conformes à cèux que
•lobfervation nous a fait connoître.
: En effet; /ayant reconnu 5 par le moyen de quelques
branches sèches de mufcadiêr qui me furent
tcommuniquées en 1781.par Sonnerat, que ce que
ILinnée fils venoit de publiér dans fon fupplément
dur les fleurs du mufcadiêr, préfentoit quantité
.■ d'erreurs évidentes, je délirai de faire connoïtre',
lautant qu'il dépendoit de moi , les véritables
Icaraâères de ce genre de plantes'} & je fou*-
Hiaitai d’avoir affez de fuccès dans mes recherches
■ pour ne laiffer aucun doute fur cè genre de
Riantes,Tun des plus intéreffans qu'offre la bo-
Itanique.
I En conféquence 3 voulant me procurer les
mnoyens & les éclàirciffemens dont j'avois befoin,
»/écrivis à M. Géré , directeur du jardin Français
à file de France, & je le priai de m'em-
Ivoyer des branches de mufcadiêr , munies de
Rruftifications en bon état. Je ne fus point trompé
Mans mon attente * car M. Céré me fit palier
»lufieurs branches de cet arbre , les unes en
Meurs, les autres garnies de fruits bien confervésj
|! joignit à fon envoi des mémoires concernant
Ile mufcadiêr , & les autres arbres à épiceries
Bue l’on cultive à l'île de France.
1 On verra, par les obfervations de M. Céré
Rue je rapporterai , que c'eft lui qui a obfervé
île premier , que le mufcadiêr aromatique , ainfi
Rue les autres efpèces qu'il nomme muscadiers
Wauvages 3 font à fexe fimple , c'eft-à-dire dioxines,
comme nous les avons ,préfentées dans
B expolition du caraèlere générique.
E s p è c e s .
lèa' ^ USCADIER aromatique ; Myrijiica. aroma-
I Myri/fc'ea fol Us ovato-lanceolatis 3 nervismlatera-
■ US JlmPlïçi'bus 3 bracieis orbiculatis yfruttu glabro.
L ux mof chata fruBu rotundo. Bauh. pin. '407.
\ “x wmatica foemina. S. Bauh. hift. i . part. 1.
|r 4- Nux aromathes. Cluf. exot. p. 179.
>is. Brafil. mant. aromat.
Lobel. icon. 1 . p. 140.
'indo. Pluk. alm. 16$. tab^
1523 & fuppl. Luz. p. y8.
I - p-rj>e,LULa rruùl
H - Sg. ï- R â i.h i
I Waniquc. Tom,
, Nux myrijiica. Valent. |hîîl. fîmpl. p. 452-- 5»
Nux ‘myrijiica feu. p ata. Rumph. herb. àmb. vol.
2. p. 14. t. 4. Nfi# mofehata. Blackv/. tab. 353*
Gars, exot.’ t. 71 . Myrijiica ôjficindlisi Lin. P.
fuppl.: p^ 265.
L e M u s c a d i e r . Sonnerat. Voyag. à la nouvelle
Guinée , p. ipy.
C'eft un arbre dé la grandeur d'un fort poirier
3 &; qui s'élève à environ trente pieds de
hauteur : cet arbre , l'un des plus beaux & des
plus diftingués que l'on puiffe voir , dit M. Céré,
eft fur-tout remarquable par le beau vert de fon
feuillage , & par la difpofitioh de fes branches.
Quand il jouit diune forte végétation , il s'orne
alors d ’une grande quantité de rameaux grêlés ,
qui lui forment une tête arrondie & fi fe^illée t
qu'il n’eft pas poflïble ds yoir au travers. Dans
cet é ta t, il reffemble beaucoup à nos plus beaux
orangers , lorfqu’ils viennent de fe couvrir de
nouvelles feuilles.
Le tronc de cet arbre eft droit , garni circu-
Jairement, félon M. C é r é , de branches difpo*-
fées quatre & cinq enfemble par étages ou ver-
ticilles , écartes les uns des autres de deux ou
trois pieds : ces branches s’étendent beaucoup ,
8c prefque hoiifontalément} elles ont des ramifications
alternes , menues & feuillées.
L’écorce du tronc eft d’ un brun rougeâtre ;
affez unie , peu épaiffe , blanche & pleine de
Tue intérieurement j celle des jeunes rameaux eft
d’un beau vert & luifante.
Les feuilles font alternes , pétiolées, lancéolées
, ovales-lâncéolées , très entières, fort liftes,.
& d’un beau vert en^deffus, d’un vert blanchâtre
én-deffous , avec des nervures latérales , obliques
, fimples & prefque parallèles, qui partent
à droite & à gauche de la côte moyenne. Ces
feuilles varient fur le même arbre , dans leur
forme, & fur-tout dnnsleur grandeur: elles o n t,
en général, depuis deux pouces & demi jufqu'à fix
ou fept pouces de longueur , fur une largeur
d’un pouce & demi à trois pouces. Leur pétiole
eft long de'cinq à fept lignes , glabre, cylindrique
ou concave en-deffous, un peu applati
& canaliculé en-deffus.
On n’y obferve aucune ftipule.
Les fleurs font petites, jaunâtres , pédoncu-
lées , penchées ou pendantes , & difpofées dans
les aiffelles des feuilles , le long des petits rameaux
formant de petits eprymbes très-peu
garnis.
Dans les individus males, les pédoncules communs
font longs de trois ou quatre lignes , roidesj
comme ligneux & raboteux > ils portent chacun
deux à fept fleurs pendantes & attachées à des
C ç c