
C ’eft un arbriffeau qui s’élève-à la hauteur de
huit à dix pieds fur une tige forte qui fe. divife
en rameaux irréguliers , dont les plus jeunes ont
une écorce liffe , grisâtre & brune > le bois eft
d’une couleur jaunâtre. Les vieux rameaux font
plus rudes , ont une couleur plus foncée , fe
durçiffent s fe. fe changent à leur extrémité en
une épine très-dure. Les feuilles 3 portées fur
des pétioles longs fe minces , font prefque al- ,
ternes , fimples 3 arrondies ou ovales 3 finement
dentées en leurs bords 3 liffes fe chargées de
nervures parallèles fe convergentes. Ces feuilles
varient de grandeur & même de pofition. Sur
certains rameaux elles font plutôt oppofées qu’alternes
; fur d’autres elles font diffufes 3 éparfes 3
fans ordre. Ses fleurs font très-fouvent dioïques.
Elles font placées le long des branches 3 dans
l’aiffelle des feuilles , ramaffées en petits bouquets.
Elles ont un calice à quatre divifions
très-petites 5 quatre pétales un peu jaunâtres ,
autant d’étamines. L’ovaire eft arrondi , & le
change en une baie charnué 3 petite , qui devient
noire en mûriffant 3 fe renferme quatre
femences dures. Cette plante croît naturellement
dans les bois , les haies 3 les lieux incultes. £ .
( r . v .)
Les baies de cet arbriffeau ont une faveur
âcre & glutineufe. Elles font d’ un ufage affez
fréquent en médecine 3 où elles pàffent pour
purgatives fe hydragogues. On en prépare un
fyrop purgatif 3 connu fous le nom de Syrop de
nerprun , ou Syrupus e fpina cervina 3 qui eft ordonné
dans l’hydropifie de poitrine fimple , dans
la jauniffe , la galle fe les maladies de la peau.
On donne quelquefois ces baies en fubftance *
fe réduites en poudre à la dofe d’ un gros 3 ou
en décodtion à la dofe de trente ou quarante
baies ; mais le fyrop eft préférable à la dofe
d’une once plus ou moins 3 fuivant les circonf-
tances.
Le -fuc de ces baies donne une belle couleur
v e r te , connue fous le nom de vert de vejjie 3 fe
dont les peintres font un très-grand ufage 3 fur-
tout en miniature. Pour l’obtenir 3 il fuffit de
faire épaiflir ce fuc par une évaporation à feu
lent 3 auquel on ajoute de l ’alun de roche diffous
dans l’eau. Quand cette préparation a acquis la
confiftance de miel 3 on l'enferme dans des vef-
fies que l’on met fécher dans la cheminée. •
quadrifidis dioicts3 caulibus procumbentibus. Geritd
pfov. 462. Scop. Am. 2. p. 44.
Rkamnus catharticus minor. Bauh. j pin, 47g
Tourn. tnft. R. îh-4. y93. Arduin. mëm. 1, n]
78. tab. 14. Duham. arbr. 2. p. 214. n. 2. '
Rkamnus lycium. Scopol. carn. edit. 2. n. 260 I
Lycium galiicum. Bauh. pin. 478. Bauh. hift. j
p. y 8. Spina infejloria purnila. I. Cluf. hift. 1. pt j
1 1 1 . Rkamnus nunor 3 jloribus axillaribus , foliit ]
o v a t is acuminatis , nervo[is 3 integerrimis. Mill I
Didb. n, 2. vulgô grainette ou graine d'Avignon, I
Nerprun teignant. Lamar. Flor. Iran. 566. n. y.
Cet arbriffeau reffemble beaucoup au précé-
dent, ce qui a engagé piufieurs botaniibs à ne I
le décrire que comme une variété : mais il en
diffère par fon p or t, par toutes fes parties qui I
font beaucoup plus petites , par les découpures I
du calice qui font moins longues que le tube, I
tandis que dans le nerprun purgatif les decou* I
pures du calice font plus longuês que le tube. I
Cet arbriffeau s’élève rarement au-delfus de I
trois pieds de hauteur. Il le divife prefque dès I
la bâfe en piufieurs rameaux diffus , irréguliers, I
un peu tortueux ; ils font revêtus d’ une écorce I
d’un brun foncé 5 en vieillillânt 3 leur extrémité I
devient épineufe. Les feuilles font alternes, I
ovales, légèrement dentées, prefque ellyptiques, I
glabres en-deffus, un peu velues en-deffous,
particulièrement fur leurs nervures 3 plus len-1
gués que leur pétiole , traveriees par piufieurs I
nervures parallèles qui s’écartent de la côte du I
milieu vers les côtés , & fe réunifient vers le I
fommet. Elles ont à leur bâfe deux ftipules li-
néai res , axillaires fe caduques. Les‘fleurs, d'uni
jaune herbacé 3 font axillaires 3 latérales, &for-|
ment de petits bouquets ramaffes. Elles font
dioïques. Le calice , dans les fleurs mâles, elt I
campanulé , divife en quatre ; les divifions font I
linéaires , lancéolées , très-courtes ; les etamines I
font au nombre de quatre. L ’on apperçoit dans I
leur milieu le rudiment de l ’ovaire avorté. Dans!
les fleurs femelles le tube du calice eft prefque
ventru ; le itile eft très-court, terminé par deux I
ftigmates réfléchis.Les fruits font de petites baies I
arrondies. Cette elpèce croît dans les lieux mon* I
tueux fe ftériles de nos provinces méridionales. I
Les feuilles de cet arbriffeau varient beaucoup I
dans les individus cultivés, elles font beaucoupl
plus grandes, plus arrondies , quelques-unes le
terminént paj une pointe à leur fommet : pamu |
les individus fauvages les feuilles font P;uS,°
moins élargies , quelquefois prefque lancéolées >
plus roiôes , plus coriaces que lorfqu elles lo
cultivées.
C e t arbriffeau fe cultive dans les bofquets
d’été , à caufe du beau vert de fes feuilles. Il
s’élève par la culture depuis dix-huit jufqu’à
viugt-quatre pieds,lorfqu’ il eft foigné fe élagué;
mais abandonné à lui-même dans les haies &
les buiffons, il conferve la forme d’arbriffeau.
2. Nerprun des teinturiers. Rkamnus infec-
torius. Lin. Rlu&nus fpinis ttrjpfnalibus , floribm
Les baies de ce nerprun font d’un grand u|ajn
dans les teintures. Elles donnent une affez. be
louleur jaune que l’on emploie pour teindre
la foie. On en prépare ainfi le fiile de grain en
faifant tremper fe bouillir cette graine ; puis on
v joint des cendres de farment de vigne , ou de
blanc d© craie pour lui donner un corps, comme
à la lacque. Après Ncela on paffe le tour à
travers un linge fort fin. Quelles que foient les
préparations, ce jaune fe foutient peu , fur-tout
au foleil.
Les auteurs ne font point parfaitement d’accord
fur i’arbriffeau dont les baies fourniffent
la graine- d‘Avignon , ou la couleur jaune dont
je viens'de parler. Muler , dans fon diétion-
! naire, prétend qu’on la tire des baies de l’ala-
terne, ( rkamnus alaternus. ) Il fe fonde fur ce
que des marchands très-inftruits lui ont acheté
‘ de ces baies pour graines d ‘Avignon , f e qu’ ils
les ont employées au même ufage avec le, plus
parfait fuccès. Haller d'un autre côté avance que
[ ce font les baies du rkamnus faxatilis 5 mais il
[eft à remarquer ici que cette dernière efpèce
[ne me paroît être dans Haller qu’une variété du
nerprun des teinturiers. Au refte dé ces différentes
opinions je conclurai qu’il eft à foup-
çonher que ces trois arbriffeaux peuvent fournir
egalement la couleur jaune dont il eft ici queftion.
tiques. Les fleurs font difpofées en petits bouquets
axillaires , de couleur herbacée , dont le
calice eft à quatre dents. Le fruit eft femblable
à celui de l’efpèce précédente. Il eft de couleur
noire dans fa parfaite maturité. Linné a réparé
cette éfpèce de'' la précédente qu’Haller a
réunies. On rencontre cët arbufte dans les montagnes
de Suiffe fe en Italie. Ses baies peuvent
être employée? aux mêmes ufages que celle s da
nerprun des teinturiers. .
4. N erprun àv feuilles de buis ; Rkamnus
buxifolius. Poi. Rkamnus Jpinis terminalibus 3 fo -
liis ovatis 3 integerrimis 3 mucronatis. Poiret. V o y .
en.Barbar. vol. 2. p. 127.
" Lycium italicum. P l u k . Àlmag. tab. 9 6 . fig. 6 .
Lycium buxifolio. C . b. pin. 478. Rkamnus hifi
panicus buxifolio minor. Tourn. inft. R. h. p.
593. Rkamnus hifpanicus buxifolio ampliore. Idem .
Lycium hifpanicum folio buxi. C . b. pin. 478.
Lycium quorumdam , folio myrti tarentins, aut buxi.
J. b. 1. 61. Lycium quorumdam. Çluf. hift. I I I .
Lyc-ium buxifoliis rotundioribus fyriacum vel perfi-
cum. Breyn. prodr. 2. Ofrum perfarum rhamni fpe-
des. Adolph. Vorftii. Hort. Legd.
| 3* Nerprun faxatile ; Rkamnus faxatilis. Lin,
! Rhamnus fpinis terminalibus , jloribus quadrifidis
hermaphroditic, jacq. vind. 212. Idem. Auftr. I .
|»b. H- ;
j Lycium facie pruni , feu italicum. Bauh. pin.
478- icon. Arduin. t. 14. Spina infefioria purnila,
U- Cluf. hift. 1. p. n i .
I ! Rkamnus fpinofus 3 foliis ovato-lanceolatis , fer-
\ratis3 glabris jloribus androgynis , baccis tetra-
IPyrenis. Hall. Helv. 11. 822 ?
[ v, fouPǰune que cet arbriffeau n’eft qu’une
lyariété des deux précédens, fe fur-tout de la
oerniêre efpèce. Mais ne le connoiffant que
M'apres les defcriptions , je n’ai pas pu me dé-
Icider à les réunir. Au refte il paroît que la dif-
iterence la plus ellentielle confifte dans fes fleurs
p 1 ^ont hermaphrodites , fe non dioïques corn-
me ^ns les précedens. Mais il y a longtemps
[jue l’obfervat'ion nous a appris que la plupart
[ ,es«-P^antes dioïques rentroient fouvent dans la
F cialie des hermaphrodites, fur -tout lorfqu’il
d une efpèce dont les congénères font
! 8enetalement hermaphrodites.
c etarbriffeau eft petit , rabougri, fe divife
■ . s Ja. ^^fe en rameaux diffus, de la groffeur
tu . ^ 3 revêtus d’une écorce noire & ridée ,
v ie ? cS ^ar Hne P°inte épineufe quand ils font
[du X* •s fecdhes reffemblent beaucoup à celles
2ltePrUnier ^auv^§e 3 m^is plus petites, vertes,
rnes 3 légèrement dentées, prefque ellipJ’ai
cru devoir rapporter aux auteurs cités plus
haut cette efpèce que j’ ai trouvée fur les côtes
de Barbarie , mais fans fleurs ni fruits. Elle croît
également^dans l’Orient, en Efpagne fe en Italie
, & tous les naturaliftes qui en parlent la
citent avec des feuilles arrondies femblables à
celles du buis. C ’eft en effet le caractère qui
convient à la mienne. C ’eft un arbriffeau épineux
qui pouffe des tiges dont les rameaux font
diffus, écartés , flexibles , cylindriques , prefque
glabres , revêtus d’ime écorce d’une teinte, un
peu rougëâtre. Ces rameaux fe terminent par
une pointe durcie en épine quand ils font vieux.
Les feuilles font alternes, ou plutôt éparfes, fans
ordre, entières, coriaces, vertes des deux côtés,
glabres , prefque luifantes, ovales ou arrondies ,
légèrement éçhancrèes à leur fommet, & terminées
par une très-petite pointe. Les pétioles
font très-courts , glabres & cylindriques. Ils forment
par leur prolongement dans la feuille une
côte forte & Taillante. Deux petits poils très-
courts à la bâfe du pétio’e tiennent lieu de ftipules.
Je n’ ai vu ni les fleurs ni le fruit. Cette
plante croît dans les lieux arides , fur les col-'
lines de 1 ancienne Nuvnidie , où je l’ai rencontrée
au mois de mars. Il paroît qu’elle vient
également en Efpagne , en Italie fe dans l’Orient.
J). ( V . v. )
J’ai obfervé la mène provenant du jardin de
M. Lemonnier , qu’il regardoit comme originaire
d’Efpagne. Elle ne diffère de la mienne que par
fes rameaux plus roides p plus tortueux , fe les