
NOYER î Juglans. Genre de plante* à flairs
incomplette's de U famille des \ iftaciers, ^ui a
des rapports avec le jinkgo & les piftaciers
& comprend des arbres exotiques dont L s feuille s
font alternes, ailées avec une impaire, & 1 s
fleurs en chatons & monoïques. Le cara&ère
efîèntiel de ce genre eft d’avoir :
Les fleurs monoïques dont les mâles ont une écaille
et une feule pièce pour calice ; une corolle' partagée
en flx $ environ dix-huit étamines.
Les fleurs femelles ont le calice fupéneur divifé
en quatre, ainfi que la corolle ,* deux fliles > un
drupe à noyau flllonné.
C a r a c t è r e s g é n é r i q u e s .
Les fleurs mâles font difpofées en un chaton
cy’indrique , chaque fleur ayant pour calice une
écaille entière & une corolle plane , elliptique,
partagée en fîx découpures- droites, concaves
le obtufes. . . '
Il y a de dixhût à vingt-quatre étamines,
dont les'fihmensfont très-courts & les anthères
ovales.
Les fl-;urs femelles font feffiles, réunies , au
nombre de trois ou quatre. Elles offrent, ï Q. un
calice fupérieur monophylle , campanule , divifé
en quatre fegmens droits & courts.
2°. Une corolle monopétale , divifée en quatre,
d ro ite , aiguë 1 un peu plus grande que le
calice.
3°. Un ovaire ovale , grand, inférieur , ayant
un ftile très-court, terminé par deux ftigmates
grands , réfléchis, déchirés à leur partie fu-
jpérieùre.
Le fruit eft un drupe ovale , revêtu d’ une
enveloppe extérieure tendre, lifte , connue fous
le nom de brou , qui ^renferme un noyau mono-
fperme , à deux valves j fillonnées en rézeau. La
femence eft charnue , finuée irrégulièrement, divifée
à la partie inférieure en quatre lobes fé-
parés par des demi-doifons membraneufes.
E s p è c e s .
N o y e r commun j juglans regia. Lin. Juglans
f-liolis fubnovenis , ovalibus , glabris , integerrimis.
Juglans foliolis ovalibus , glabris , fubferratis ,
Juglans foins feptenis , oVato-lanceolatis , fmtj
gerrimis. Hall. H lv. n 1624. Nux juglans. S. regiu
vdgaris. Buh. pin. 417. Tourn. iiift. R. 1. 581. ;
Nux juglans. Dodori. pempt. 816.
fubsquali^us. I in.Syft pla t. 4-p. 164. H ort. Cüff.
44-;. Hort. Ups. 286. Mar. medic. 203. Roy.
Lugdb. 81. Dais b . Paris. 293. Mill. Di<5t. n. f.
& illuftr. Durov. hatbk. 1. p. 323. Lud’V. eft.*
t. ;88. E lu kw . f. 247. K”ow. del. 1. r N. 7.
Kni. h. cent. 1. p. 47. Regu. botan. Lam. Fl.
fr. 190. Duham arbr. 2. p. 50. Rozier, Cours
d’agrieuh. 7. p. 89.
fi Nux juglans fructu maxjmo. Bauh. pin. 417,
Nuces caballiiioe. Lugdb. $10. Noyer a gros fruits, I
dit noix de jauge. Duham.
y. -Nux juglans fruHu unero & frag'li putamint,
Bauh. pin. 417. Noyer méfange ou à fruit ten»
dre. Duham.
S. Nux juglans bifera. Bauh. pin. 4 *7* Noyer J
qui donne deux fois l ’an. Duham.
«. Nux juglans fruâu fexptino. Bauh. pin. 47. I
Noyer tardif ou noyer de la Saint-Jean.
£. Nux juglans fru&u perduro. Tourn. inft. R, I
L 581. Noyer à fruit dur ou npix angultufe. I
Duham.
if. Nux juglans foliis laciniatis. Reneal, inft. I
Noyer à feuilles découpées. Duham.
C ’eft un bel arbre qui s’élève fort haut, &
forme une tête large , étalée & touffue. L ’ écorce I
de fon tronc eft épaifle, cendrée, gercée dans]
Us vieux fujers , lifte fur les jeunes branches. I
l a moelle des jeunes rameaux éft cellifleu fe ,
compofee de membranes minces , parallèles hori* I
fontales, à une ligne de diftance les,unes des I
autres. Ses feuilles font grandes * alternes, coin-1
pofées de fept à neuf folioles ovales , glabres, I
feffiles , très-entière s,, prefque égales. Les fleurs I
font monoïques ; les mâles forment de Jongs cha-
tons cylindriques, d’ un vert brun , r é u n is,p lu -1
fleurs enfemble fur le vieux bois, longs de deux
à trois pouces. l es fleurs femelles font feftiles, I
deux ou trois réunies fur l’extré mité des bran-1
ches de l ’année précédente. Le fru it, connu fous
le nom de noix , eft enveloppé d’un brou épais, I
pulpeux , lifte , verdâtre , tacheté de points ine-1
gaux d’un vert plus clair. Cette enveloppe reu-1
ferme un noyau ligneux , d u r , ovale, un peu
aigu vers fon-fommet, fortement ridé-, fïnueux, I
contenant une amande charnue , à quatre Jobes
à' fa bâfe , féparés par des demi-cloifons membrane
ufes.
Le noyer, au rapport de Pline, eft origH
naire de Perfe , d’où il a paffé en Grèce, deI
Grèce en Italie, & enfin dans une très-grande
partie de l’ Europe pu il eft aujourd’hui natu-
ralifé & cultivé prefque partout. T> ( P* V,'J\
Cette efpèce préfente un' très-frand nombre
de variétés : nous avons indiqué les principales«
La première à gros fruits , a fes noix grol!es
comme un oeuf de poule d’Inde, mais moins|
longues. Les feuilles de cet arbre font plus a®*
pies : il s'élève plus h au t, & croît bieu pHr
-fofliptement. Son bois eft moins eftimé que celui
la noyer commun.
La fécondé variété eft le noyer méfange. Sa
noix éft fort tendre, fe conferve bien 5 elle fournit
beaucoup d'huile. On la préfère à toute autre
pour la femer.
La troiflème variété eft très-rare , & mérite
plus que toute autre les honneurs de la culture ,
puifqu’eîle pafie pour donner des fruits deux fois
{au. Je doute un peu du fait, au moins dans
nos climats.
La quatrième variété eft très-importante pour
les pro'vin-es, f a i t e s à éprouver des gelées tardives.
Ce myy**,r -rte poufle qu’au mois de juin,
& il n’a tout fon feuillage que vers la S. Jean.
Comme il ne fleurit que bien long-tems après
les noyers communs , fes jeunes fruits font rarement
gelés 5 malgré ce retard, iis mûriftent
auflîtôt que les autres, & n’eri font pas moins
bons. ;
La cinquième, la noix anguleufe , a fon fruit
petit, renfermé dans une coque dure , très-difficile
à cafter, & de mauvaife qualité. Cet arbre
fe cultive particulièrement pour fon bois qui eft
lé meilleur, le plus dur & le plus veiné./
x Enfin, la fixième n’eft qu’ une variété curieufe
à feuilles découpées , que je n’ai jamais v u e ,
mais qui a lieu pour beaucoup d’autres plantes.
Les noix font bonnes ,à manger avanrleur entière
maturité : on les nomme alors cerneaux j pnfes
en trop grande quantité, elles fatiguent Tefto-
mac. Les noix sèches provoquent la toux par
l’âcreté qu elles acquièrent en vieiiliflant 5 mais
oripeut corriger cette âcretéenles mettant trem
per quelques jours dans l’eau : alors l’àmande
fe gonfle. On peut la dépouiller de fa peau ,
& elle eft aflez douce. On confie les noix , foit
avec leur brou, foit. fans brou. Ôn fait avec
les noix sèches & pelées , une efpèce de conferve
de brûlée aflez agréable , que l’ on nomme
nougÿ. On emploie les noix vertes pour faire un
ratafia très-ftomachique.
Le plus grand ufage que l’on fait, des noix
sèches eft d’en retirer , par expreffion, une préfè
re huile, que quelques perfonnes préfèrent
au beure & à l'huile d’olive , pour faire des
tritures. Cette huile , en vk-iliiflant , acquiert
, ^ vertu : elle devient propre à entrer dans
PLheurs emplâtres, dans les cataplafmes contre
eiqumancie, dans les lavemens adouci flans:''On
ptend enfuite la pâte qui rejfte après avoir ex-
Pnmé cette huile, on la met dans de grandes
la n ^ a S’ fur.un féu lentN avec de l’eau bouil-
’ ■ ' ün. exprime cette pâte de nouveau, &
J ren JeJlre une fécondé huile qui a une odeur
fair l a r * mais 9ui eft bonne, à brûler , pour
e du fayon, & excellente pour les peintres,
furtout quand on a foin de la mêler avec de
la litharge. Cette huile a la propriété de faire
fécher plus promptement leurs couleurs. L’huile
de noix m'eiée avec l ’eflence de térébenthine,
eft propre à faire un vernis gras qui eft allez
beau , & qu’on peut appliquer fur les ouvrages
de menuiferie.
4 La décoâion des feuilles de noyer dans de
l’eau Ample , dèterge les ulcères, fur-tout en y
ajoutant un peu de fucre. On prétend qu’ un
cheval qui a été épongé avec fa déco&ion de
feuilles ae noyer, n ’eft point tourmenté de mouches
pendant la journée, parce que cette amer*
t;ime les empêche de s’y attacher. L’eau dans
laquelle on a mis infufer pendant plufieurs jours
quelques feuilles, donnée à la dofe de deux
verres par jour , a fouvent produit de très-bons
effets dans les affections fcrophuleufes. Le brou
a un goût acerbe, amer & un peu âcre. Il eit
vomitif & fon fuc aftringent. Les chatons font
un peu émétiques & fudorifiques. Le fuc de la
racine fraîche eft diurétique même un violent
purgatif. Ave c des noix encore vertes 8c
tendres, oh prépare une confiture qui eft ftorna-
chique.
Le noyer eft très précieux pour les arts. Les
teinturiers en emploient les racines & le brou
pour faire des teintures brunes très-folides. Les
étoffes mêmes que l’on teint avec ces fubftances
n’ont pas befoin d’être alunées. Lorfqu’on veut
paner en couleur les carreaux d’un appartement,
on fait bouillir & réduire en pâte les brous de
noix, & on n’y ajoute que la quantité d’eau
fuffifante, pour que le fond du vafe ne brûle
pas , alors le tout fe réduit en pâte dont on
couvre tous les carreaux. On iaiife fécher* on
balaye, on cire & on Trotte.
v'-'ULiç [Huianes oc je venin des
animaux. Les menuifiers & les tourneurs font
avec ce b rou , pourri dans l'e a u , une teinture
qut donne aux bois blancs une belle couleur de
noyer. Le bois.de cet arbre eft liant, affez plein
facile à tràvaUltr. Il eft recherché par lesfciilpt
teurs, & c’eft un des meilleurs bois de l’Èu-
rope pour faire, toutes fortes de meubles.
Les noyers ne fe multiplient que. par les fe-
mences. Ils ne viennent point en maffifs de bois-
ils fe plaifent finguiièrement dans les vignes &
le long des terres labourées. Leurs racines pénètrent
dans de très:mauvaife terre, tels que
le tuf blanc- 8e la craie. En automne, on met
les noix germer dans du fable : au printemps
on coupe les germes ou les radicules, pour em’-
pecher qu’il ne fe forme un p iv o t, oe on les
sème enfuite à deux pieds Se demi de diftance
les uns des autres, pour les élever en pépinière
Ces jeunes arbres pouffent un bel empâtement
de racines, Sc ils font en état d’être tranfplan