C e ft un arbrifleau farmenteux qui croît aux
pieds des grands arbres qu’il entortille par fes
tig e s , lefquelles divifées en rameaux , en couvrent
enfuite toute la furface. Ses feuilles font
alternes , glabres , ovales 3 roides 3 très-entières,
aiguës, vertes, pétioléesj & pliées en deux. Leur
pétiole a un demi-pouce de lo n g , convexe en
deffous , creufé en gouttière en de (fus. Les plus
grandes feuilles ont lix pouces de longueur, fur
trois de largeur. Ses branches font ligneufes,
dures , creufes, fibreufes & blanchâtres. Le bois
des farmens eft par couches. Les fleurs fortent
de l'aiffelle des feuilles , difpofées en bouquets-,
poitées fur un pédoncule commun , long , gros
& charnu, qui fe divife en d’ autres partiels ,
fimples & umflores.
Chaque-fleur offre , i* . un calice profondément
aivifé en cinq fegmens rapprochés, dont
les deux extérieurs plus grands recouvrent les
trois autres. Il eft de couleur violette 5
2°. Une corolle bleue infundibuliforme,
grande , ouverte & divifée en cinq lobes arrondis.
Le tube eft court >
30. Cinq étamines attachées à la partie fupé-
tieure du tube , vis-à-vis chaque lobe de la corolle.
Les filamens font longs, courbés 8c charnus
, terminés par des anthères inclinées, jaunes,
oblongs , à deux loges 5
40. Un ovaire fupérieur conique, v io le t,
furmonté d'un ftile long , v io le t, charnu > &
terminé par. un ftigmate épais, arrondi, à deux
lames. Le fruit eft une capfule ovale , oblohgue,
coriace, fibre ufe , environné à moité par le calice
, à trois femences , dont fou vent une avorte
par la compreflion des deux autres.
Cet arbrifleau croît dans les-grandes forêts de
Sinémari, où il eft nommé par les Garioons !
Mouroucou-yarana. Aublet 1 a obfervé en fleurs
& en fruits au mois de mai. ï>.
( P o I A r r . )
M O U S S E S i Mufci. C e f t une famille de
plantes infiniment cürieufes, tant par les particularités
que préfente fa fructification, que par
une maniéré d’ exifter qui la diftingue de la grande
mafle des végétaux. Ce n’eft gueres que de la'
part des naturaliftes que les moufles obtiennent
la confidération qu’elles méritent : le vulgaire
les regarde avec dédain , parce qu elles font trop
communes , & qu’elles rîétale»t point à fes yeux
l’éclat brillant des fleurs de nos parterres ; mais
aufli elles ri’en ont point l’ exiftence éphémère, 8c
elles nous offrent des avantages bien fupérieurs
au luxe de ces fleurs qui ne durent qu'un jour.
Les moufles font des plantes -herbacées, fort
petites, les unes terreftres, les autres patafltes *
a tige droite ou rampante , fimples ou rameiifest
compofées de feuilles la plupart embriquées ■
éparfes ou diftiquées. Elles offrent pour frufti.
fication plufieurs parties qui ne Mont pas encore
très - bien connues j d'avoir , 19. des umts
feflilas ou plus fouvent pédiculéesj 20. des bouton
ou des étoiles rofacées, la plupart Effiles, corn-
pofées d’un' ou de plufieurs rangs de petites
écailles embriquées. Ces parties fe rencontrent ou
fur le même individu, ou lur des individus féparés.
Les naturaliftes ne font point du tout d’accord
fur les-fondions de ce? differens organes.’ Les
uns^prennent pour parties mâles 3 ce que d autres
regardent comme parties feme:les , & vice versa.
Nous nous bornerons à la defcription de ces
.differens organes, & à une expolition fuccindê
de ces diyerfes opinions.
L’urne ou .cette efpèce de capfule fimple,
ovale ou arrondie rarement fefiiie , mais portéé.j
fur un pédicule affez long , terminale ou placée 1
fur le côte des tiges.> eft la partie la plus appa-1
rente de la frudificatiôn. Ces urnes ont fouvent I
leur bord fupérieur un peu renflé en manière j
de bourrelet j d’ autresfois ces bords font cou-1
ronnés de cils , & munis d’un couvercle parti* I
culïer ob tus , pointu ou conique, que l’onI
nomme opercule. Dans la plupart des mouffes, I
le fommet des urnes eft encore caché pendant I
un certain temps fôus une coëjfe membraneufe, I
caduque , fouvent velue , qui a la fornie d un I
bonnet pointu ou d’ un éteignoif. L intérieur de I
ces; urnes eft rempli par une efpèce de pouf-l
fière , compofée de globules arrondies placées!
fur un réceptacle central uniloculaire, que 1 on 1
nomme columelle. Ces urnes , avant leur déve-j
loppement, font d’abord renfermées dans uni
bouton qui leur tient lieu de calice, & quel on j
nomme périchet. Cette partie , dans un grîji I
nombre d’efpèces , n’eft prefque point lenlibe.
Elle eft compofée d’une ou de plufieurs ecai es]
perfiftantes à la bâfe du pédicule après le c
périchet j elle en ,eft enfuite détachée & end
levée par l’urne, qu’elle coutinue à recoUYH
encore pendant quelque temps , jufqu’à ce JJL
la fécondation ou plutôt la maturité foit ac ]
vée.
On a regardé pendant long-temps cette pjjjl
de la fructification, l’urne, comme h fleur noM
& Linné'lui a donné le nom Ü anthère t W
daftt comme un véritable pollen les globules I
pouflîère qu’elle contient. Des obfervutions p i
/•écentes , celles fur-tout qui ont été faite Fl
.Hedwig, ne permettent prefque plus da J
ce fentiment. Cet habile obfervateur s etf
que ce que l’on avoir regardé jufqu alors
poujftere des étamines, étoit vraiment la ie 1
des moufles que le microfcope lui a fait difiin-
\ gUer, & que l’expérience lui a confirmé , ayant
vu lever ces femences' qu’ il .ayoit fait tomber
f fur une terre préparée. Nous renvoyons le lecteur,
pour les détails , à l’ouvrage- de cet habile
naturalifte, intitulé : Theoria genèradonis plan-
[ tafum cryptogannicarùm , &c.
L’autre organe de la fructification fe préfente, i comme je l’ai dit plus haut, fous la forme .de
[ petites étoiles en rofettes, la plupart fefliles,
[ portées fur des individus féparés, ou fur les
| mêmes individus,apparentes dans un grand nombre
| d’efpèces ^ non apparentes dans d’autres. Cet
I organe eft compo'fé de corpufcules cylindriques
très-petits, entremêlés avec^des filamens artf
b cu!és, le tout réuni fous la forme d’un bouton j
I environné en dehors de petites écailles qui
B s’épanouiflent en étoiles axillaires ou terminales.
I C’efl dans cet organe qu’Hedwig a découvert les
I parties mâles, que Linné & plufieurs autres avec
I Jui, avofent regardés comme parties femelles.
K Hedwig prétend que toutes les efpèces de
■ moufles ont de femblàbles étoiles , quoiqu’elles
I ne nous foient pas vifibles. Il regarde comme
I organes mâles, ces. (corpufcules cylindriques qu’il
m allure être pleins de liqueur fécondante , qui fort
I par une ouverturé lïtuée à leur fommet, la fé-
R condation étant aidée par les filets articulés
v dont nous avons parlé. D’ un autre part, il a
1 obfervé, dans le perichet encore jeune, l’ ovaire
K enveloppé d’une membrane particulière, muni
R de ftile & de ftigmate. Ce n’eft qu’après la fé-
■ condation que’l’urne fort du périchet qui l’en-
Iveloppe, & qu’elle s’élève fur un pédicule.
K Ce fentiment appuyé fur dé nombreufes obfer-
1 yations microfcopiques > & fur une fuite d’expé-
■ iiences curieufes, n’offre pas moins quelques
I doutes que font naître la petitefle des organes ,
t & la difficulté des obfervations. L’on n’aime pas
I J croire fur parole , & chacun n’eft pas à même
I de s’affurer par fes propres y eu x , de ce qu’ ont 1 vu ceux des autres. Je fuis donc bien loin de
I prononcer fur l’opinion d’Hedwig dans tous fes
I details , n’ayant pas pu fuivre & vérifier fes
I J^tvations} mais je peux dire en fa faveur qu’un
I Lavant digne de f o i , le citoyen Desfontaihes ,
Ima affuré ^.voir très-bien obfervé fur quelques !
I I • entr'autres la polytrichum commune, j
[ hdiftindion des fexes., telle qmHedwig nous la :
I donné, que d’ailleurs ces obfervations av oient ;
K •té repètees & confirmées en Angleterre.
[, Si de ces confidérations particulières, nous
[ j^ton^ un coup -d’oeil général fur les moufles ,
I .0US *;emarquerons qu’ il eft peu de végétaux
M u,s.j Pandus , fur - tout dans les pays froids :
'*u e es concourent avec les graminées à revêtir
d’une verdure agréable la furface de notre globe ,
a augmenter anuellement fur les rochers la couche
de terre végétale , & à les difpofer par-là à une
végétation plus abondante. C e font elles' qui
étendent , dans les forêts , ces tapis magnifiques
qui font difparoître l’uniformiié. d’ un fol aride ,
&^nous y offrent des fièges que la mollefle elle-
même ne dédaigneroit pas.
Mais une particularité bien remarquable dans
les moufles , c’eft qu’elles ne font nulle part plus
abondantes que dans les pays froids , qu’elles
ne végètent & fur-tout ne fleuriflent que dans
la plus rigoureufe des faifons. Quand les autres
! plantes font comme frappées de mort, ceft alors
qu’ elles le multiplient avec une abondance &
un luxe admirable. Rien au contraire ne leur eft
plus funefte que la faifon qui donne la vie aux
autres végétaux. Dès les premiers rayons du foleiï
printanier, elles fe defsèchent par-tout où elles
font privées d’humidité j mais quoique fanées ,
quoique dans un état à peine reconnoiflable , à
la moindre pluie, au moindre temps humide,
elles fe raniment. Ce font les plus vivaces de
toutes les plantes : elles peuvent fe conferver
sèches pendant plufieurs années, fans cefler de
vivre j fi on les met tremper dans l’ eau pendant
quelques heures , elles reverdiflent & paroiffent
fraîchement cueillies. Nous ne connoilfons guères
que cette famille de plantes, & celle des Alpes
qui foient douées de cette étonnante propriété.
Ces obfervations fur les moufles, nous indiquent
les fondions qu’elles rempliffent dans
l’ordre de la nature. C ’eft à elles qu’eft confié,
dans les pays froids, le foin de garantir les
plantes vivaces des^ rigueurs de l’hiver. Elles forment
fur leurs racines une couverture épaifle ,*
impénétrable à-la gelée j elles revêtent également
\'écorce des arbres auxquelles elles rendent
les mêmes fervices^ Tranfportées dans nos habitations,
elles garniflent très-bien le berceau
des jeunes enfans. Elles font aufli chaudes , mais
plus faines que la laine & le coton ; elle abforbe
l’urine dont l’âcreté eft fi nuifibie aux enfans.
Ce font elles encore qui ^ converties en tourbe
dans nos marais, remplacent, dans bien des
provinces, le bois de chauffage.
( POIRET. )
MONTABIE de Guiane ; Montabea Guianen-
fis. Aubl. Guian. vol. 2. p. 689. tab. 274. Gmel.
fyft. nat. vol. 2. p. 1009. Juffi. gen. p. 420.
Genre de plantes à fleurs monopétales, dont
la famille n’eft pas encore bien connue , qui
paroît cependant fe rapprocher des fapotiliers ,
oc dont le caradére eflentiel eft d’avoir une baie
fphérique â trois loges , â trois femences ,* un calice
tubulé .divife en cinq , ainfi que la corolle dont U y v 2