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Zc par bas : les modernes en ont fait plus rare-
ment ufage. On s’en fert néanmoins encore au- $
jonrd’hui quelquefois pour l’hydropifie , pour les
rétentions des mois, pour la léthargie, pour 'l’apoplexie : mais fon adminiftration exige une
grande prudence & une connoiffance exa&e ,
foit du tempérament du malade, foit de Tétât
de la maladie. En général, on peut le donner
toutes les fois qu’ on veut purger vivement, &
u’on n’a pas à craindre de fecouiTes. 11 feroit
angereux, dans les circonftances où Ton auroit
à redouter d’exciter de la chaleur & de la tenfion ;
car il caufe fréquemment de vives coliques , des
épreintes , & même l’ inflammation des inteffins.
,On en fait entrer dans la compofition de quelqut s
onguents dont on fe fert pour frotter le ventre
dans Thydropifle : on y applique suffi chaudement
toute la plante ; elle émeut aflez fouvent les
humeurs par cette Ample application, &c les fait
couler par les voies naturelles.
Garidel dit que les feuilles, pilées & appliquées
fur le cancer ulcéré , le détergent mieux
qu’aucun autre remède. Il ajoute s’en être aufli
f-ervi dans les ulcères malins avec un très-heureux
fiiccès. Le fuc de concombre fauvage, maintenu
extérieurement en topique fur les tumeurs
dures , fur les skinhes, fur les engargemens
écroueileux , eft fort utile pour les amollir &
les réfoudre. Quelques gouttes de ce fuc, tirées
par les narines, font fortir beaucoup de férofités.
Quelques-uns le difent utile pour guérir la jau-
nifle, donné de la même manière. Introduit dans
la vulv e, au moyen d’un peflaire , il aide la
fortie du foetus qui eft mort; mais s’il eft vivant,
il le tue : aufli faut-il avoir grand foin de ne
jamais l’adminiltrer que lorfqu’on a certitude
complète de Texiftence du premier des deux cas.
La plante entière, deflechée & jetée fur les
charbons ardens, fufe coipme les végétaux qui
contiennent beaucoup de nitre.
MOELLE des plant e s . C*eft une fubftance
celluleufe & élàftique ( dit le C . Desfontaine,
dans la feuille décadaire ) , renfermée dans un
conduit longitudinal, formée par la plus intérieure
des couches ligneufes. Il eft très - rare
qu’elle occupe le centre du tronc , parce que
Taccroiffement du bois en groffeur ne fe fait
prefque jamais également dans tous les fens.
Elle exifte déjà dans la graine &r dans le bourgeon
qui doit fe développer au printemps; elle
eft tendre, verte & humide dans les rameaux
de Tannée, puis elle fe désèche & prend une
couleur blanche, & quelquefois brune ou rouf-
fâ tre , comme dans les noyers, les noifetiers ,
les fumacs d’Amérique. Son diamètre , ainfï que
celui du canal médullaire , diminue tous les ans ;
enfin ils s’oblitèrent l’un & l’autre avec le temps,
de maciere qu’on n’en trouve plus aucune trace
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dans le tronc des vieux arbres. Certaines plantes,
comme les fureaux , les férules , les cierges -,
les maïs, & c . , contiennent beaucoup de moelle;
(
d'autres au contraire, telles que le buis, l'jf,
le chêne, & c . , n’en, ont qu’une petite quan-
tité relativement à leur volume ; elle eft aufli
plus ou moins abondante dans les individus d’une
même efpèce, à raifon de leur âge & de la
force avec laquelle ils fe développent.
Lorfque les tiges font creufes , elle en tapifle
toute la lurface intérieure, ou bien elle eft
difpofée en lignes parallèles & longitudinales,
comme dans plufieurs gramens, & j’ai obfervé
qu’elle ayoit fenfiblement plus d’ épaiffeur auprès
des noeuds que par-tout ailleurs. Sa finie*
ture offre des différences très-marquées dans un
grand nombre de plantes. Dans tous les noyers,
par. exemple , fi j’en excepte Yikori & le paca-
nier où elle_ forme un cylindre non interrompu,
effe eft compofée de plaques minces êc tranf-
verfales féparées par des efpaces vuides. Celles
du jonc des étangs, fcirpus lacuftris-, Lin. eft
parfemée intérieurement d’une multitude de
petites James qui la coupent à angles droits
en fé prolongeant d’une fibre à ' une autre. Dans
le fouchet articulé, cyperus articulatus, Lin.,
les cloifons traverfent de diftance en diftance
tout lé cylindre médullaire, & on les fent
même au toucher , lorfqu’en comprimant le
chaume entre les doigts, on les fait glifier vers
fon fommet ou vers fa bafe.
La moelle du jonc piquant, juncus a eûtes,
Lin. offre un réfeau dont les mailles font lâches,
régulières & très-fenfibles à l’oe il, tan:
dis qu’ elles font beaucoup plus étroites & plus
ferrées dans le jonc étale, juncus ejfufus, Lin.
Celie de Tapocin à la ouatte, afclepias fyriaca,
Lin. n’eft q u 'u n a f f em b la g e de fibres blan ch es,
& femblabies à un coton très - fin,, dont toute
la furface interne de la tige eft revêtue. En
un mot, je fuis perfuadé, d’après mes propres
obfervations, que fi l’ on étudioit attentivement
Torganifation de la moelle, on pourroic y trouver
des caractères diftinôïifs, fouvent préférables
à ceux que Ton a découverts dans les autres
parties des plantes. Elle me paroît évidemment
de même nature que le tiflïi cellulaire. On peut
fe convaincre de cette vérité‘en obfervantces
deux fubftânces fur la tranche d’une tige de
raquette ou de cierge ; on les voit communiquer
Tune avec l’autre, elles ont la même Unie-
ture, & elles ne diffèrent fenfiblement que pat
la couleur.
Les productions médullaires, ainfï nommeeL
parce qu’elles naiffent de la moelle, fe Pr0'
longent, en rayons divergens, du centre vet*
la circonférence , . comme les lignes horaires
d un cadran. Elles font1 très-apparentes fur»
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[fiirfjcs de la coupe tranfvetfale du tronc de la
[plupart des arbres. On les voit encore fur ceux
[oïi l’on ne diftingue plus aucune trace de moelle
ni de canal médullaire ; enfin, on en trouve
[fouvent des jndices jufques dans les bois pétri
fiés^ Les unes vont aboutir à l’écorce & la
traverfent dans toute fon épaifleur; d’ autres
[difparoilfent avant d’y arriver ; quelques - unes
fe bifurquent, & il y en a quelquefois de
Rrès-irrégulières.
Les véficules dont elles font cpmpofées font
[beaucoup plus petites & plus rapprochées^ que
[celles de la moelle , fans doute parce qu’ elles
lent été plus fortement comprimées par les filtres
ligneufes ; elles forment avec les vaiffeaux
du bois un entrèlacement à peu-près femblable
là celui de la trame d’une étoffe dans fa chaîne.
[Dans l’intervalle des productions médullaires
i don; je viens de parler , on en apperçoit beau-
[coup d’autres plus petites qui fui vent la même
idireélion ; celles-ci font grenues, frangées fur
Iles bords, plus épaiffes & moins unies que les
[précédentes; elles s’arsinciffent &. difparoiffent
[en paflànt d’une couche ligneufe à une autre;
[on leur a donné le nom d’appendice me du 'la Ire.
[Si l’on polit un tronçon de chêne que Ton
[aura feie en fuivant le plus exactement qu’il
f eft poffîble la direétion de fon axe, on apper-
|çoit fur la furfàce des places très-unies , plus
pcompaétes & d’une couleur plus foncéè que
[celles des autres parties du b o is , les unes Eriges
& irrégulières, les autres beaucoup plus
■ petites, & d’une figure à peu-près quadran-
ï gulaire. Les premières font formées par les
produftions médullaires, &: les feconaes par
les appendices.
K On peut appercevoir les proîongemens de
lia moelle fur la furface du bois en enlevant
| légèrement l’écorce à de jeunes branches d’ ar-
I bres, lorfque la lève commence à être en mou-
I vetnent. Duhamel dit qu’ayant fait bouillir dans
»1 e au des rameaux d’orme, de la groffeur du
I pouce,- & les ayant écorces & frappés avec
run marteau, lorfqu’ ils étoient encore brûlans,
[il étoit parvenu à féparer plufieurs couches li-
I gneufes, 8c qu’il ayoit vu affez diftinéiement
[.les produirions médullaires traverler les fibres
[ du bois; Si l’on veut fuivre plus facilement les
| proîongemens de la moelle , il faut choifir une
[branche d’arbre, dont le tiffu eft mou, & fur
[ «quelle eft un bourgeon, puis la couper ©bli-
; quenaent en travers dans cet endroit avec un
couteau bien tranchant; on y découvrira la
- trace de la moelle, depuis le canal jufqu’au
: bourgeon. Cette communication exifioit fans
; ?°ute avant la formation du bourgeon ; elle eft
. fument devenue plus fenfible, . parce que la
' £Vej a déterminée à fe porter en pîiis
êrande abondance vers le lieu où il eft placé.
Magnol croyait que la moelle fervoit à nourrir
les fruits ; il dit que les rofiers, les frênes,
les lilas , par exemple, où cette fubftance eft
abondante , produifent une grande quantité de
fleurs & de graines. Cette opinion n’ eft pas fondée.
On connoit un grand nombre d’arbres très-
fertiles , & qui n’ont prefque pas de moelle.
Duhamel a vérifié le fait : il affare que cette
opération violente fait toujours périr les arbres
fur lefquels on la pratique, & que toutes le*
fois qu'il a enlevé une partie de la moelle ,
fans que l’arbre ait p é r i, les fruits qu’il pro-
dtrifoit renfermoient un noyau offeux ( peu U
C. Poiret ) .
MOISISSURE. Mucor. genre de plantes cryptogames
de la famille des champignons qui a
de grands rapports avec les fphérocarpc-s, les
veffes-loups, & dont le caractère eflentiel prifente
Des fongofités très-petites , fugaces , confifiant en
filamens fimples ou rameux qui portent ou des fe -
mencès a nud, ou des véficules féminif ères fans
réfeau intérieur.
Obfervations.
D’après ces caractères les moufles fe diftin-
guent très-bien des fphirocarpes qui font charnus
ou coriaces, perfiftans, & dont les fe-
mences font contenues entre les mailles d’un
réfeau très-fin, d’où elles s’échappent, lorfque
la membrane qui couvre le réfeau fe déchire,
tandis que les moififlures font très - fugaces ,
& n’ont point de réfeau. D’ailleurs on né remarque
pas à leur bafe cette membrane coriace
dont les fphérocarpes font pourvus. On les confondra
encore moins avec les vejfes loups, ceux-ci
ayant une confîftance, une grandeuï qui feule
établiroit entre ces deux genres la différence
qui exifte entre un arbre , & la raouffe qui
revêt fon écorce.
L’extrême petitefie des efpèces qui compo-
fent ce genre de plantes eft caufe qu’ elles font
reftées long-temps ou tout-à-fait inconnues ou
mal obfervées. Mickéli eft le premier qui s’en
foit occupé avec fuccès. Plufieurs autres natu-
raliftes ont répété ou étendu fes obfervations >
mais il n’en eft aucun qui fe foit livré à ce
travail avec plus de confiance & de fuccès que
Bulliard qui vient de nous être enlevé à la
fleur de Tâge. Les ouvrages nombreux & in-
téreflans qu’ il avoit entrepris, & dont il nous
a fait jouir, nous laiflcit de bien grands regrets
fur la perte de cet ob fer valeur infatigable. Des
obfervations fines & délicates lui ont fait établir
bien des genres no a veaux dans cette famille
qu’il a diftingués' foit par leur forme , feit
par les enveloppés qui contiennent les femences ,
ou par la manière dont elles s’échappent de