tioii en Europe ; les sociétés savantes de la Grande-
Bretagne pressèrent le gouvernement d’envoyer de
nouveau des navires dans les mers antarctiques ,
pour ne point laisser aux Américains la gloire d’être
les premiers à soulever le coin du voile qui couvrait
encore ces parties ignorées du globe. En effet, les journaux
américains, en traçant l’itinéraire de l’expédition
qui faisait ses préparatifs de départ, avait, outre
les grands archipels de l’Océanie, désigné les régions
glaciales comme devant être le but principal de ses
recherches ; or, les succès imprévus du capitaine Weddell
, simple pêcheur de phoques, qui semblait annoncer
une mer parfaitement libre par le 74“ degré de
latitude, devaient puissamment stimuler l’ardeur des
marins anglais dans une voie si brillamment ouverte
par leurs compatriotes, les capitaines Cook et Biscoë.
Dès lors l’expédition des deux navires, Y Erebus et la
Terror, confiés au commandement du capitaine James
Ross, fut résolue par le gouvernement anglais. A
la même époque, les deux corvettes françaises l’As-
trolabe et la Zélée se préparaient, sous les ordres de
M. Dumont-d’Urville, pour un voyage de circumnavigation.
Leur itinéraire était déjà entièrement
tracé, lorsque, sur l’annonce des futures recherches
des Américains et des Anglais, elles reçurent
l’ordre d’aller sur les traces du capitaine Weddell,
pour essayer de pénétrer jusque dans des
latitudes fort élevées. Ce fut ainsi que trois nations
, pour ainsi dire rivales, durent tour à tour
ou simultanément aller lutter de hardiesse et d’in-
Irépidité au milieu des glaces éternelles du pôle.
Aujourd’h u i, ces trois expéditions sont rentrées
dans le port. Toutes les trois ont rempli leur mandat
; James Ross, Dumont-d’Urville et Wilkes ont également
droit à la reconnaissance des savants pour les
connaissances qu’ils ont acquises à la géographie , à
la physique et aux sciences naturelles ; tous méritent
l’admiration pour le courage et l’intrépidité qu’ils ont
montrés dans leurs explorations dangereuses.
Il serait difficile, cependant, de chercher à établir
un parallèle entre ces diverses expéditions. Nous
ne connaissons encore celle du capitaine James Ross
que par des rapports plus ou moins étendus et dans
lesquels il est impossible de juger complètement les
résultats acquis pour les sciences. Toutefois, nous
chercherons à enregistrer ici ce qu’il revient à
chacune d’elles dans les découvertes nouvellement
faites autour du pôle antarctique; mais avant de
comparer entre elles ces trois expéditions, qu’il me
soit permis d’insister sur la nature de la mission que
chacune d’elles avait reçue, car elles diffèrent essentiellement
par le but et même par les moyens qui
furent mis entre les mains des capitaines pour l’armement
des bâtiments.
Les corvettes Y A strolabe et la Zélée avaient,
comme je l’ai déjà d it, leur itinéraire tout tracé lorsqu’elles
reçurent le mandat d’aller essayer de pénétrer
dans les mers polaires, en suivant la route de
Weddel ; elles devaient parcourir l’Océanie, agrandir
le cercle de nos connaissances hydrographiques, faire