de recommander au prône du dimanche nos compagnons
de roule morts pendant l’expédition, aux
jirières des fidèles. Il avait aussi recommandé à ses
ouailles de prier pour le rétablissement de nos malades.
La chapelle qu’il desservait était voisine de l’hôpital.
Chaque jour, ce prêtre vénérable était venu à
plusieurs reprises visiter nos malades et leur offrir
des consolations. Enfin, il avait acquis de justes titres à
la reconnaissance de tous. Il voulut bien encore prêter
gratuitement son ministère pour célébrer un service
funèbre en laveur des officiers et des marins
morts pendant la traversée. Une souscription ouverte
dans nos états-majors servit à élever dans le cimetière
catholique une pierre avec une inscription, h la
mémoire des compagnons de roule que nous avions
perdus. Bientôt autour de ce faible moninnent, d’autres
victimes du 'terrible iléau devaient reposer du
sommeil éternel.
Je rentrai à bord pour recevoir la visite du capitaine
Biscoe; ce capitaine , dont le nom est désormais
devenu célèbre dans les annales des découvertes,
commandait à celte époque un navire de
commerce de la maison Enderby de Londres. Il
arrivait de Sidney, où il m’assura avoir rencontré le
capitaine Wilkes, avec lequel il s’était entretenu longtemps
, mais il ne put ajouter aucun détail à ceux que
je connaissais déjà. 11 m’assura que dernièrement il
avait cherché à s’avancer dans le sud en suivant le méridien
de la Nouvelle-Zélande ; mais les glaces l’avaient
arrêté par le 63“ degré de latitude; il m’assui'a en outre
que bien qu’aucun navire n’eût pénétré dans cette
partie, plusieurs marins présumaient qu’il existe des
terres au sud des îles Macquarie. Dans la soirée,
MM. les officiers de VAstrolabe comptaient à dîner de
nombeux convives de la garnison. Fatigué et souffrant,
redoutant surtout le bruit qu’entraînent toujours
les réunions nombreuses, je me rendis chez le
gouverneur à qui j’avais demandé la veille d’accorder
à MM. Dumoulin et Coupvent toutes les facilités pour
monter sur le plateau du mont Wellington, qui domine
la ville et où ces messieurs voulaient faire des observations
de physique. Sir John Franklin se montra
très-empressé à satisfaire ces désirs; il m’assura qu’il
s’intéressait vivement aux sciences magnétiques et que
plusieurs convicts seraient mis à la disposition de nos
observateurs afin de les guider dans leurs courses et
pour porter leurs instruments. De retour à bord, je fis
part de ces dispositions à M. Dumoulin. Les préparatifs
furent bientôt terminés, et le lendemain ces messieurs
commencèrent leur excursion.
« A sept heures du matin, dit M. Dumoulin, le directeur
des prisons de la ville mit à notre disposition
cinq condamnés, de plus il nous désigna un de ces
hommes comme devant commander et se faire obéir
des autres ; il nous recommanda d’en avoir soin et
de leur donner du thé pour déjeuner ; il ajouta ensuite
devant eux, qu’il nous priait de lui faire un rapport
verbal, à notre retour, sur la conduite que ces
hommes auraient tenue à notre égard ; nous savions
de plus que ces condamnés comptaient parmi ceux
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