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Torrv, ministre eatliolique de la Tasmanie, dont la chapelle était
voisine de notre hôpital, vint visiter à plusieurs reprises nos malades,
et eut l’attention de recommander, le premier dimanche,
les ames de nos défunts aux prières des fidèles, en les engageant
aussi à en adresser à Dieu pour le rétablissement de nos infirmes.
T1 fit tout cela d un mouvement spontané, et acquit dès ce jo u r des
titres à notre reconnaissance. Nous nous adressâmes à lui, quel
ques jours après, pour faire célébrer un service pour tous les
'officiers et marins morts dans la traversée; ce service eut lieu
-seulement le 2Ô décembre, car nous voulûmes profiter de l’occasion
pour faire placer dans le cimetière catholique une pierre
avec nue inscription à leur mémoire.
Nous reçûmes, le lendemain de notre arrivée, la visite des officiers
du 5i® régiment, qui était alors en garnison à Hobart-
Town ; ils vinrent nous voir à bord amicalement, sans étiquette,
genre de visite auquel nous fûmes très-sensibles; nous reçûmes peu
après une invitation à leur mess pour le i6 décembre. Ils nous
donnèrent un dîner des plus splendides ; là, fut déployé un luxe
qu’on ne rencontre guère que dans les mess des officiers de l’a r-
mee anglaise, bienfait de l’esprit d’association qui les régit, et
dont l’adoption serait bien désirable tant pour le bien-être des
officiers de notre armée que pour leur considération personnelle,
qui se ressent toujours plus ou moins de la dignité de leur
manière de vivre , du luxe et de l’élégance qu’ils peuvent déployer.
Quelle que soit la différence qu’il y ait entre leur position
et celle des officiers anglais, et dans le caractère national, il est
certain qu’ils auraient beaucoup à gagner sous tous les rapports,
en formant des mess comme eux , sauf les modifications indispen -
sables a y apporter. Quelle différence ils trouveraient alors avec
la vie misérableà laquelle ils sontcondamnésdans les garnisons !
Le 25 décembre étant le liox-dny des Anglais, toute la population
fut en fête comme la veille , et la ville présenta un aspect
plus animé qu’a l’ordinaire. Nous eûmes le spectacle de pi-o-
cessions méthodistes de deux différentes confréries qui sortirent
d e là ville et furent camper pendant quelque'tcmps sur la place
extérieure, bannières déployées. L ’une d’elles ne se composait
que de femmes habillées de blanc, qui avaient en tête leurs matrones.
Cette promenade, qui n’avait rien de bien religieux, fut
un vrai spectacle pour toute la population, et elle donnait la mesure
des folles exagérations de ces sectes.
J’avais profité, depuis mon arrivée, de diverses matinées pour
aller faire des courses dans les environs de la ville , tant
du côté du jardin du gouveimement que de celui de Cascade-
House, site charmant qui occupe une vallée étroite traversée par
le lit d’une petite rivièi-e, où un industriel habile, M. Degraves ,
a établi des moulins de tonte espèce et de superbes brasseries ,
scieries, boulangeries, etc. J’avais aussi suivi le bord de la mer ju s que
près de Sandy-Bay. Le jeune Scott m’avait accompagné dans
plusieurs de ces promenades, et m’avait fait connaître tous les
jolis sites d’H obart-Towii. Le 27 décembre, il mit le comble à
son obligeance eu voulant bien me servir de guide jusqu’au sommet
du mont Wellington. Nous choisîmes cette journée, afin de
nous y trouver avecM. Dumoulin, qui, chargé des observations
de physique, devait s’y rendre avec des guides qui devaient nous
porter les vivres nécessaires pour nous restaurer des fatigues du
voyage. Nous partîmes de sa maison, située dans Cumpbell-street,
près de l'hôpital, à cinq heures du matin. Après avoir gravi les
hauteurs qui bordent la ville, nous nous dirigeâmes du côté du
flanc N. E. de la montagne, en traversant un pays très-accidenté,
rempli de belles fermes et de défrichements , sur un assez joli
chemin ta'dlé dans une roche calcaii'e assez friable, qui suivait
les bords d’une vallée sinueuse très-retirée. Nous franchîmes
cet espace presque sans nous en apercevoir, en cherchant des
plantes et en examinant les roches sur notre route. Comme tout
était alors en fleur, je fis une richemoisson des premières, et remarquai
une grande quantité de fossiles qui me parurent se
composer principalement d’empreintes végétales très-grandes.
Après avoir marché ainsi pendant une heure et demie environ,
-sans nous fatiguer, nous commençâmes à gravir la première peu te,
qui fut d’abord assez faible , mais qui s’inclina progressivement