sep teS re . ^11 rencontre une foule de Javanais empressés
de vous offrir leurs services ; mais aussitôt
qu’ils en ont touché le salaire, semblables aux lazza-
roms napolitains, ils négligent toutes les occasions de
réaliser un nouveau gain. Rassurés sur les besoins du
moment, ils se livrent au sommeil, plutôt que de pen-
sei au lendemain. La rive droite de la rivière est
occupée par le quartier malais et par la ville européenne
: celle-ci, comme je l’ai déjà dit, comporte
plusieurs belles et larges rues garnies par de beaux
magasins. Samarang ne se compose point encore,
comme a Batavia, d’une ville toute marchande, entièrement
occupée par les bureaux et les magasins
des négociants et d’une nouvelle ville, composée
de palais. Le quartier européen, à Samarang, n’a
point encore été totalement abandonné par les négociants.
Les plus riches d’entre eux seulement
possèdent des maisons de campagne à Bajong. Autour
d’un rond-point où viennent aboutir plusieurs
grandes routes, le seul édifice que l’on remarque
dans la ville et qui mérite l’attention, est le temple
luthérien, dont on aperçoit le dôme de la rade; il
est garni de colonnes massives, qui font du reste
peu d honneur à l’architecte. Tout auprès de ce temple,
on aperçoit l’hôtel de ville et le tribunal , qui
n’offrent rien de particulier.
Après avoir parcouru la ville, je me rendis chez
M. Boll, qui, fidèle à la promesse qu’il m’avait faite à
Amboine, avait fait don a l’expédition de deux Nautilus
pourvus de leurs animaux. Ces échantillons d’hisioire
naturelle étaient d’autant plus précieux que le
Muséum de Paris ne les possédait point et que même
on ignorait encore les particularités anatomiques qui
distinguent ce coquillage. C’était un titre de plus à
notre reconnaissance que l’ancien fiscal d’Amboine
venait d’ajouter à tous ceux dont nous avions conservé
le souvenir. Enfin, à six heures du soir, je me rendis
chez M. Tissot, qui avait organisé une fête charmante
en notre honneur. Les beaux salons de son
habitation se prêtaient merveilleusement à la circonstance.
Cent personnes environ y étaient réunies, et
presque toutes parlaient notre langue. Par une attention
délicate, le choix des invités avait été fait de manière
à ce que nous pussions nous croire transportés
dans un salon français. Les décors étaient magnifiques
; malheureusement, la flamme des bougies
répandait une chaleur insupportable ; mais dans la
galerie qui entourait l’habitation, on respirait un
air d’une fraîcheur délicieuse. Un orchestre complet,
composé de Malais , se mit à exécuter des airs
de contredanses et de valses européennes, et bientôt
le bal s’organisa avec la plus belle apparence.
A minuit, un souper fort beau fut servi dans la pièce
voisine ; cent personnes s’assirent autour de la même
table, et les vins de France achevèrent de rendre
cette réunion des plus gaies. En dehors du cercle de
la danse, la conversation était partagée entre les
affaires commerciales et les affaires politiques. Les
négociants paraissaient espérer beaucoup de voir bientôt
le port de Samarang jouir d’une franchise parti-
1830.
Scpleinbre.