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et transplanté aura entièrement disparu. Le nombre en diminue
chaque jour ; dans un demi-siècle à peine on cherchera en vain
les traces des aborigènes de la Tasmanie. Nous n’avons pu
en voir qu’un seul pendant notre stjour à Hobart-Town; c’est
un enfant de g à lo ans que le gouvernement élève pour l’emmener
sans doute en Angleterre comme une bète curieuse. Cet
enfant, aussi noir que les Australiens que nous avons vus au
nord de la Nouvelle-Hollande, m’a paru moins laid et moins
stupide que ceux-là; déjà la teinte d’éducation qu’il a reçue a
changé sa nature.
La Tasmanie compte seulement deux églises catholiques , au
milieu de trente temples appartenant aux diverses sectes protestantes.
Les catholiques libres sont au nombre de 2288, dépendant
dos curés d’Hobart-Town et de Launcestown , qui sont obligés
de se transporter dans toutes les villes et villages sous leur direction
pour exercer leur ministère ; aussi leurs devoirs sont-ils
très-difficiles à remplir......
Les évasions des convicts sont fort rares du côté de la terre,
mais ou a quelques exemples d’évasion par mer d’une audace extraordinaire
; voici celles qu’on m’a racontées. Six convicts bien
déterminés s’emparèrent d’une embarcation appartenant au commandant
du Port-Arthur, légère baleinière plus faite pour naviguer
sur un étang que pour se hasarder en pleine mer sous ces
latitudes orageuses; échappant à loute poursuite, ils réussirent
à gagner la Nouvelle-Hollande, où ils se donnèrent d’abord
comme de malheureux naufragés, mais la police fut bientôt sur
leurs traces ; ils furent repris et ramenés à Hobart-Town.
Dix autres condamnés, transportés par un brick du Port-
Davis au Port-Arthur, se révoltèi ent dans la traversée, mirent à
terre le capitaine et les matelots du brick, ainsi que les soldats
chargés de leur escorte, et firent route pour la côte du Chili où
ils échouèrent le navire dont la cargaison en eau-de-vie avait
déjà fort diminué; arrivés à Valparaiso comme naufragés, ils
reçurent tous les secours donlilsavaient besoin; mais ils furentre-
prisplu» fard, conduits à Sidney et pendus pour servir d’exemple.
Quelques convicts eurent assez d’audace pour enlever dans le
golfe même d’Hobart-Town et en plein jour, une petite goélette
(le seize tonneaux , sur laquelle ils firent roule pour les côtes de la
Chine , où ils arrivèrent fort heureusement. L’un d’eux retourna
en Angleterre ; il y fut de nouveau repris de justice pour cause de
vol et vint de rechef au Port-Arlhur, où il avoua sa participation
à l’enlèvement de la goélette en question. Ces évasions, quoique
rares, ont fait redoubler de vigilance, mais je doute que l’autorité
parvienne à les arrêter complètement......
Peu à peu nous réussîmes , grâce à la bonne réputation de
notre navire, car les bâtiments de guerre .surtout ont une bonne
ou une mauvaise l’éputalion parmi les matelots, selon que leurs
équipages sont bien ou mal traités; peu à peu, dis-je, nous
vîmes rallier à nous une dizaine de matelots tant français qu’anglais.
Dès lors, notre départ ne fut plus mis en doute et je me vis
au comble de mes \oeux -, j’allais fiüre^une seconde campagne au
sud, que je désirais depuis si longtemps, et cela sans quitter mon
navire, ce qui complétait mes souhaits. Notre destination n’était
plus un mystère ; tout le monde savait que nous retournions dans
les mers polaires, et je dois dire que personne dans b s deux
équipages ne témoigna le plus léger mécontentement. Le souvenir
des fatigues et des peines de la première exploration , joint
aux perles que nous venions de faire si récemment, aurait pu
justement décourager nos matelots si horriblement maltraités
depuis notre départ de France, mais il n’en fut rien, el ce qui
est remarquable, c’est que pas un ne laissa échapper un murmure
dans cette circonstance ; on aurait dit que chacun d’eux
sentait qu’après avoir échoué une première fois, il importait à
notre honneur de faire une nouvelle tentative.
{M. Montravel.)
Note 15, page 154.
Le 14 janvier, nn peu après midi, le ciel se chargea de nouveau,
les rafales recommencèrent ac('ompagn(TS de grains de neige et