blable cà celles que nous avions rencontrées dans
notre première excursion circumpolaire. De grosses
glaces la surmontaient de toutes parts. La mer s’y
brisait avec force sans l’ébranler.
Bien que cette rencontre vînt contrarier mes projets
, j’espérais que la banquise ne s’étendrait pas
loin dans le nord , et qu’alors nous pourrions la
doubler en peu de temps pour la prolonger ensuite en
conservant notre rouie vers l’occident. Un instant je
crus que la banquise, se terminant par le 66“ parallèle,
allait nous laisser le passage libre vers l’ouest.
Là, en effet, elle formait un grand golfe, et, au centre,
on n’apercevait plus qu’une ligne d’îles flottantes
au milieu desquelles il nous eût été facile de passer ;
mais en courant dans le nord, nous aperçûmes de non -
ve.au la banquise qui nous ramena dans l’est en nous
barrant le chemin. Le temps continuait à être magnifique.
Ce champ de glace, vu du haut de la mâture
, brillait, sous les rayons obliques du soleil,
d’un éclat semblable à celui des diamants. Au milieu
, nous apercevions une énorme montagne de
glace qui s’éloignait tellement des dimensions de
celles que nous avions rencontrées auparavant, que
nous lui supposâmes un noyau de terre pour lui
servir de base. Les vents étant toujours à l’est, il
nous fallut louvoyer pour sortir du cul-de-sac où nous
nous étions engagés. Pendant toute la journée, nous
restâmes en vue de cette montagne de glace, mais
rien ne vint confirmer les doutes que nous avions à
son égard.
Lors de notre première expédition circumpolaire
, nous avions constamment remarqué que le
soir, après le coucher du soleil, il existe toujours
au-dessus des banquises une clarté assez vive, provenant
sans doute de la réflexion des glaces. Cette
clarté avait toujours été pour nous un indice certain
de l’approche des champs de glace. Réduits à louvoyer,
pendant la n u it, au milieu d’un espace où
se trouvaient parsemées un grand nombre d’îles
flottantes, nous étions obligés de redoubler de soins
pour éviter de tomber inopinément sur elles. Chacun
de nous comprenait bien que notre position
pouvait devenir dangereuse, si les vents d’est, qui
nous empêchaient de sortir du golfe où nous étions,
venaient à souffler avec force. Aussi, le soir, j’interrogeai
avec inquiétude tous les points de l’horizon, et
je m’aperçus bien vite que nous étions loin encore
d’avoir atteint l’extrémité orientale de la banquise,
dont je pouvais alors étudier la direction à la vive
clarté qu’elle réfléchissait dans le ciel.
A huit heures du soir, nous vînmes virer de bord
près de la terre, afin de pouvoir courir une longue
bordée pendant les quelques heures de nuit qui
nous restaient. A minuit, la brise sembla augmenter
de force. La houle, qui se faisait sentir du côté de
l’est, eût été un présage certain du mauvais temps,
si déjà le ciel n’avait commencé à se couvrir et à
prendre la plus mauvaise appcarence. A quatre heures
du matin, nous courions au nord et je croyais alors
avoir doublé la banquise dont nous avions reconnu
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