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Diimont-d’Urville; et alors elles eussent été infailliblement
conduites devant les montagnes Erebus et
Terror, qui semblent placées à la limite de la terre
Victoria, comme pour l’éclairer de leurs flammes
volcaniques. Certainement les barrières de glace, les
banquises n’auraient pas été plus formidables pour
nous que pour les navigateurs anglais. Sans aucun
doute, VAstrolabe et la Zélée n’auraient yjas hésité à
s’engager de nouveau au sein de ces champs glacés, où
déjà elles n’avaient dû leur salut qu’à l’épaisseur de
leur carène et à la solidité de leur mâture.
A ce sujet, qu’il me soit permis de dire ici un mot
sur les banquises, sur leur formation et sur les obstacles
plus ou moins redoutables qu’elles peuvent présenter
à la navigation.
11 a souvent été question, dans le cours de ce récit,
des îles ou montagnes de glace flottantes, des banquises
et des barrières de glace. Ces dénominations
se rapportent toujours à de vastes amas de glace, mais
qui diffèrent par im aspect différent et des caractères
tout particuliers. En général, on pourrait diviser les
différentes formes de la glace solide en deux catégories
bien distinctes, désignées sous les noms de banquises
et barrières de glace. Sans contester Topinion
de ceux qui croient qu’il ne peut pas se former de
glace en pleine mer, opinion adoptée par M. Dumont
d’Urville dans la discussion qui fait partie du
tome 11 de cet ouvrage, je crois que les banquises
seules peuvent exister en pleine mer, tandis que les
barrières de glace s’appuient toujours sur un noyau
solide, sauf à s’en écarter à des distances plus ou
moins considérables, suivant la profondeur des eaux
aux approches de la terre.
Les barrières de glace sont formées par des murailles
verticales de glace en général ayant plus de
30 mètres de hauteur, semblables à celles que présente
la côte Clarie. Ce sont ces barrières qui, en se
brisant par des causes diverses, donnent naissance
à ces miliers d’îles flottantes que l’on rencontre près
des terres, et qui paraissent formées par des couches
successives de neige, superposées les unes au-dessus
des autres d’une manière uniforme. En effet, diverses
circonstances pourront tendre à briser ces masses
de glace, souvent de plusieurs milles d’étendue sur
plus de cent mètres d’épaisseur. Sans chercher ici
à expliquer comment les terres peuvent se débarrasser
de la croûte qui les enveloppe, il est facile de
se rendre compte que tout autour de ces noyaux solides
, il pourra se former, pendant la saison d hiver,
une couche épaisse de glace surplombant la surface
de la mer, et prête â s’écrouler lorsque, la température
venant à s’échauffer, cette glace perdra une
partie de sa consistance. Près des terres un peu
grandes, il existera aussi des marées qui, faisant varier
le niveau de la mer, ajouteront encore à cette
dislocation; car du moment où la partie de glace
plongée dans l’eau ne louchera point le fond, à chaque
basse mer la partie immergée diminuera et tendra
alors à faire écrouler les masses de glace formées
pendant l’hiver el liées entre elles par leur cohésion.