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1840.
rèvrier. bèreiit tout à coup, eu même temps le ciel se trouva
éclaire par une lumière blafarde assez semblable h
celle de la lune, et variable en intensité. Des faisceaux
lumineux, larges à leur base, effilés à leurs
sommets, semblaient converger vers un même point,
placé à 5 ou 6 degrés environ au nord de notre zénith.
Tous ces faisceaux, se développant en tiroir les
uns au-dessus des autres, paraissaient conserver une
grande mobilité ; leur base ne s’appuyait point sur
riiorizon, et le banc de brume dont j’ai parlé nous
empêchait d’ailleurs de les suivre jusqu’au niveau de
la mer. A dix heures du soir, ces rayons lumineux
formaient une calotte sphérique parfaite; dans ce
moment le spectacle était des plus beaux, mais il fut
de courte durée, car ensuite les rayons lumineux ne
se montrèrent plus que partiellement, embrassant
un espace plus ou moins large, mais sans jamais
former de nouveau une calotte complète. C’était surtout
dans le S. E. et le N. 0 . que se trouvaient les
parties les plus brillantes. Nous n’aperçûmes aucune
variation brusque dans les aiguilles de nos boussoles.
M. Dumoulin essaya vainement de faire quelques
expériences magnétiques. La mer était très-
houleuse ; le navire, n’étant pas appuyé par le vent,
tournait constamment sur lui-mème, et le roulis ne
permettait aucune observation.
Dans les deux jours qui suivirent, chaque nuit une
partie du ciel se trouva éclairée par de pareilles aurores,
mais jamais le phénomène ne parut aussi
éclatant que dans la nuit du 7. Le vent passa ensuite
a rO. N. 0 ., et dès lors on n’en aperçut plus.
Le 17, nous arrivions à l’entrée de la baie des
Tempêtes, et dans la journée nous laissions de nouveau
tomber l’ancre sur la rade d’Hobart-Town. Déjà
nous avions interrogé le pilote sur l’état des malades
que nous avions laissés à terre ; il avait appris, nous
disait-il, que plusieurs d’entre eux étaient morts, mais
les détails qu’il pouvait nous donner se bornaient là ;
ils étaient fort inquiétants. Aussi avions-nous hâte
de revoir quelqu’un des nôtres, afin d’apprendre,
d’une manière positive, combien de victimes nous
avions encore à pleurer. Bientôt cependant, M. Hombron,
qui avait reconnu les navires, se hâta de venir
à bord ; il m’apprit que pendant notre absence
trois hommes avaient succombé. VAstrolabe avait à
regretter le nommé Bernard, jeune et intéressant matelot,
aux formes douces et polies, d’un zèle et d’un dévouement
à toute épreuve. Je m’attendais à cette per te,
car au moment de notre départ, cet infortuné, atteint
d’unehydropisie survenue à la suite de la dyssenterie,
ne laissait que peu d’espoir. Plus malheureuse
encore, la Zélée avait perdu un de ses bons matelots,
le nommé Beaudoin, et son maître charpentier,
nommé Coutelenq. « Nous avions laissé ce dernier,
dit M. Dubouzet, dans un état presque désespéré. Mais
sa mort me fit beaucoup de peine. C’était un excellent
serviteur, et un homme extrêmement habile
dans sa profession. Je l’estimais beaucoup; j’avais
déjà navigué avec lui, et dans des circonstances difficiles,
il avait donné des preuves d’un talent con