et la plus encombrée de petils îlots. Nous jetâmes en
passant un coup d’oeil sur Anjer, petite ville charmante,
entourée de riants coteaux, au milieu de laquelle
on apei'çoit une colonne mortuaire érigée à
la mémoire d’une des illustres victimes de la guerre
javanaise. Les bâtiments qui parcourent le détroit de
la Sonde peuvent, dit-on, se procurer à Anjer de
l’eau et des provisions fraîches en très-peu de temps
et même sans y mouiller. Il y a toujours des citernes
et des bateaux disposés pour leur en envoyer, lorsque
le temps le permet. On expédie à chaque bâtiment
une pirogue chargée d’inscrire son nom sur des registres
que l’on envoie ensuite à Batavia. Au moment
où nous nous présentâmes devant Anjer, la brise était
très-fraîche et la mer très-creuse; nous vîmes bien,
en effet, une pirogue qui se détachait du rivage pour
se diriger vers nous ; mais elle ne put nous atteindre.
Nous avions perdu cette résidence de vue, lorsque la
nuit arriva.
Le lendemain, nous nous approchâmes de la côte
de Sumatra, du côté de la baie des Lampongs ; je
reconnus facilement les trois petits îlots appelés les
Tiois Frères, qui indiquent le mouillage de Rajah-
Bassa. A neuf heures, nous n’étions plus qu’à un
mille de terre, en face du village de Tchanty, et
nous laissâmes tomber l’ancre par quinze brasses de
fond.
Le mouillage de Rajah-Bassa n’offre un abri assuré
que pour les praos malais et les petits navires. Le
rivage est formé par une belle plage de sable sur laisse.
Octobre. quelle le débarquement est facile, mais il n’y a pas
de baie. Les grands navires sont obligés de mouiller
en pleine côte ; seulement, les îles qui embarrassent
le détroit les défendent un peu des vents du sud.
Le rivage est boi’dé par un petit récif, qui s’étend
presque au niveau de l’eau et forme un abri suffisant
pour les praos malais; nous en trouvâmes trois devant
ce mouillage. Ces bateaux sont employés à faire
le cabotage entre les différents points de la côte ; tous
portaient le pavillon hollandais, qui flottait aussi au-
dessus du village.
L’aspect de la terre, vue du mouillage, est des plus pi. cli
ravissants. Sur le bord de la mer, on n’aperçoit d’abord
que quelques habitations; le vidage est à quelques
pas dans l’intérieur. Il se compose d’un groupe
de maisons, dont on entrevoit à peine les toitures à
travers l’épais feuillage qui les ombrage. La côte est
dominée par une belle montagne, couverte d’une
végétation admirable, et qui donne naissance à plusieurs
cours d’eau. Deux petits ruisseaux viennent
se jeter à la mer tout près d’une touffe de feuillage.
L’eau de Rajah-Bassa est réputée pour ses bonnes
qualités, aussi nous songeâmes à utiliser notre relâche,
pour remplacer celle que nous avions consommée
depuis Samarang. Aussitôt mouillés, les embarcations
furent mises à l’eau. Nos grands canots se
dirigèrent vers l’aiguade, les autres furent mis à la
disposition de MM. les naturalistes et les officiers
chargés d’y faire des observations; les habitants nous
témoignèrent, dès notre arrivée, de leurs bonnes dis