eiuière pourrait évoluer librement. Les vents, incertains
jusque-là, se fixèrent au N. E. ; mais alors le louvoyage
était possible. Nous renvoyâmes le pilote, puis
nous courûmes des bords pour gagner la haute mer,
dont les grosses houles se faisaient sentir jusque vers
nous. Le lendemain matin seulement nous perdîmes
de vue les terres de la Tasmanie, et nous commençâmes
à courir dans le sud.
Si le lecteur veut bien se rappeler le chapitre placé
en tête du deuxième volume de cet ouvrage, et dans
lequel j’ai cherché à résumer les résultats obtenus par
les divers navigateurs pour parvenir dans les régions
glaciales, il verra qu’il restait encore sur la zone du
pôle sud un vaste espace à explorer ; c’était celui compris
entre le 120““ et le 160““ degré de longitude orientale
: c’était là que je voulais conduire nos corvettes en
partant d’Hobart-Town. Je ne me doutais pas, à cette
époque, qu’un navire de commerce anglais nous avait
précédés d’une année dans ces parages ; je n’avais encore
aucune connaissance desWes Balleny ni de la terre
Sahrina, dont la découverte avait été faite une année
avant notre apparition dans ces contrées. En prenant
sous ma responsabilité personnelle une nouvelle tentative
pour pénétrer dans les glaces, mon intention ne
pouvait être de faire une nouvelle exploration suivie
de la banquise ; je voulais simplement faire une pointe
au sud de la Tasmanie, constater quel était le parallèle
sous lequel je rencontrerais les glaces solides, et
ensuite me diriger, soit sur les îles Auckland, soit sur
im des ports de la Nouvelle-Zélande, pendant que la
Zélée, se détournant de sa route, reviendrait à Ho- is4o.
Janvier.
bart-Town prendre nos malades, pour nous rejoindre
ensuite dans les lieux que je lui aurais désignés.
Il n’avait échappé à personne que la partie du cercle
polaire qui s’étend directement au sud de la Tasmanie
n’avait été explorée par aucun navigateur. En
reportant sur une carte les itinéraires des différents
voyageurs qui essayèrent de pénétrer dans les glaces,
j’avais vu que la route du capitaine Cook venait seule
traverser cet espace; mais encore le célèbre navigateur
anglais n’avait nullement cherché à pénétrer
dans ces parages, où il était resté en dessous du 60°
parallèle. En me dirigeant de ce côté, je devais espérer
de m’élever dans le sud autant qu’il était possible
de le faire. Mes équipages, quoique fatigués, étaient
pleins de courage et déjà habitués à ce genre de navigation;
je savais que, pour m’arrêter, il faudrait des
obstacles tout à fait infranchissables. Sans rien présumer
d’avance de l’issue future de ma nouvelle tentative,
j’avais résolu de la rendre, dans tous les cas, la
plus fructueuse possible dans l’intérêt des sciences
physiques. Une découverte importante restait à faire,
c’était celle du pôle magnétique, ce point si important
à connaître pour la solution du grand problème
des lois du magnétisme terrestre. Dès le début,
je voulus suivre la route la plus directe pour nous
conduire à ce but. Je savais, d’ailleurs, que les observations
de ce genre les plus profitables seraient celles
qui seraient faites sur un même méridien magnétique;
je cherchai donc à maintenir nos corvettes