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voyais avec époiivaiUe que nos équipages élaieni
épuisés par les privations qu'ils avaient souffertes.
Dans la soirée, la mort vint nous enlever le nommé
Moreau, jeune mousse de la Zélée, à peine âgé de
(jiiinze ans. Ce malheureux enfant conserva sa connaissance
jusqu’au dernier moment. Quelques in-
slaiils avant de mourir, il annonça lui-même sa fin
j)rochainc à ses jeunes camarades avec un courage
et une résignation qui fit radmiration de tous. Deux
jours après, VAstrolabe perdait son premier maître
d’équipage, Simon. Cinq jours auparavant, cet
homme paraissait jouir d’une santé parfaite. 11 était
le plus âgé des deux équipages. Cette campagne devait
cloj'e sa carrière. Sa retraite et la décoration
qu’il avait méritée lui auraient assuré une aisaoce
dans laquelle il espérait passer ses derniers jours
au milieu de sa famille. La mort vint le frapper lorsque
déjà il croyait avoir échappé à tous les daugei-s.
Elle laissa un vide profond parmi nous. Il comptait
de nombreux et honorables services. L’autopsie
de son cadavre vint démontrer combien chez lui la
maladie avait marché rapidement; il n’avait en que
cinq jours de maladie, et cependant ses intestins
étaient perforés en plusieurs endroits. Il est assez difficile
d’admettre que d’aussi grands ravages aient pu
être faits en si peu de temps, aussi l’on doit présumer
que depuis longtemps Simon éprouvait des douleurs
dont il ne s’était pas plaint, et qu’il est mort victime
do son zèle et de son dévouement.
Le 2 i était un jour de fête pour la colonie ; nous
n’avions pas encore changé de date depuis noire départ
de France, de sorte que les Anglais, qui avaient apporté
le temps en venant d’Europe par l’ouest, comptaient
un jour de plus que nous. L’on sait combien la fête
de Noël est religieusement observée par les habitants
de la Grande-Bretagne. Ce jour là est ordinairement
destiné aux réunions de famille, el je dus considérer
comme un témoignage d’une sincère amitié la
liberté que nous eûmes de nous y associer. Je passai
ma journée avec sir John Peder ; il m’apprit que
l’expédition américaine, commandée par 1e capitaine
Wilkes, qui, comme nous, était destiiiéeà étendre le domaine
des connaissances géographiques, était occupée,
à Sidney, à faire des préparatifs pour retourner dans
les glaces. Du reste, sir John Peder ne pulajouter
aucun détail sur les résultats déjà obtenus par les
Américains. « La plus grande réserve est imposée aux
hommes, » me dit-ü; «le silence le plus absolu est
recommandé aux officiers, de sorte que rien n’a transpiré
sur les découvertes et les travaux de cette expédition.
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Le lendemain , les états-majors des deux corvettes
et les équipages célébraient aussi une cérémonie religieuse
; mais c’était une cérémonie mortuaire remplie
de deuil et de pieux souvenirs. Aussitôt que les corvettes
avaient jeté l’ancre dans la rade, un digne et
respectable ecclésiastique de la ville, le docteur Terry,
ministre catholique de la Tasmanie, était venu, de
son propre mouvement, nous offrir ses services
comme coreligionnaire; il avait eu ralleution délicate
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