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voiles de nalte aux lu ises assez régulières de la côte , silloniieiit la
nier en tous sens ; ou bien, échoués sur le banc de vase qui défend
l’entrée de la rivière aux heures de basse mer, ils forment,
en attendant le moment du passage, des groupes immobiles et pittoresques
.
Les tamhanghan , bateaux de passage à fond presque p la t, se
mèient aux mouvements des praous ; ce sont les seules embarcations
qui puissent franchir la barre à toute heure. Ils dépassent
rapidement, à l’aide de leur voile triangulaire, la ligne des
pranus et des petites jonques envasés; ils traversent ensuite les
rangs des pêcheurs poursuivant à marée basse des bandes innombrables
de petits poissons, à l’aide de grands fdets triangulaires
qu’ils poussent devant eux en marchant dans l’eau. Bientôt
après, on prolonge un rivage bas et désert, aux bords vaseux,
limitant un sol vert, mais inculte. De gros chiens y rôdent en
quête des immondices qu’une police peu scrupuleuse laisse aller
au courant de la rivière; et, sur les confins de cette plage, des
troupes de hérons blancs, gracieux oiseaux, qui épient gravement
leur pâture sans s’effrayer du voisinage des bateaux.
Après avoir de'passé un petit chantier affecté aux réparations
(les embarcations du p a y s, on atteint, en refoulant le faible
courant de la rivière, le poste de la douane, kantoor der recherche.
Les douaniers sont des Malais , reconnaissables à une plaque de
cuivre qu’ils portent sur la poitrine. Des employés d’un ordre supérieur,
assis à l’ombre dans des bureaux ouverts au grand air,
surveillent et dirigent les opérations du fisc. Ce point est le seul
où l’on opère la visite des embarcations. Jusque-là les tamhan-
ghan conservent leur large voile entièrement déployée; mais
après avoir subi le coup d’oeil investigateur des agents de la
douane, les bateliers la ferment à moitié, et s’aidant de la rame on
de la pagaie, ils atteignent peu à peu les premières habitations de
la ville, situées des deux côtés de la rivière (|ui se rétrécit considérablement.
Ce l i e sont d’abord que de clnitives cases malaises construites
en roseaux, gracieusement mêlées à des palmiers projetant
de longues iéuilles eilihies sur la rivière. Des toulfes de piaules
grimpantes tapissent les parois, et souvent leur feuillage touffu
déborde les palissades et les cache. Au pied de l’échelle qui descend
ordinairement de ces cases dans l’eau, des femmes à demi
nues lavent leur linge ou se baignent sous les yeux des passants.
Non loin de là, et sur tout le parcours de la rivière, des troupes
d’enlànts prennent à toute heurede joyeux ébats aquatiques,
et remplissent l’air du bruit de leurs jeux.
Bientôt, cependant, la scène se développe : les habitations
grandissent, les rues se peuplent ; l’embarras de la circulation
sur le canal augmente. L’essor du tanihunohan se ralentit d(î
plus en plus; il ne passe plus qu’avec difficulté entre les
gros ehalans amarrés au rivage et les grands bateaux qui montent
et qui descendent sans interruption entre deux rives resserrées
; dans quelques endroits, elles sont séparét-s tout au plus par
8 ou 10 mètres. La navigation sur ce canal rappelle le mouvement
des voitures dans les rues des grandes villes : les bateliers
ne le cèdent pas en adresse aux cochers, mais il faut attendre pa-
tiemmentun désencombremenl graduel pour achever sur la rivière
un parcours à peu près égal à la distance qui sépare son embouchure
du mouillage des navires, et atteindre enfin les beaux quartiers
qui décèlent la ville européenne, la colonie opulente.
On commence d’abord à apercevoir sur la rive gauche delà rivière
quelques blanches maisons au milieu de cases mal bâties ;
puis de grands édifices noirs qui sont des magasins du gouvernement:
ils indiquent l’emplacement de l’ancienne ville. Une activité
remarquable anime ce quartier; de petites boutiques apparaissent
de toutes parts ; des colporteurs, des marchands ambulants
circulent dans la foule revêtue de costumes javanais, chinois
ou arabes. 11 faut encore quelque temps avant d’aborder sur le
quai voisin d’un pont de bois jeté sur la rivière, et de débarquer
au pied des riches quartiers de la nouvelle ville.
Une belle suite de grandes et somptueuses demeures compose
le quartier européen. Des piliers ornent la façade de ces édi
fices; ils présentent des colonnades agréables à la vue, et formciu
des galeries couvertes , abritées du soleil et rairaîcbies par la