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style orné de colonnes précède l’entrée et forme une large galerie
, où la brise circule librement et où , sous cet ardent climat,
on trouve un refuge contre la cbaleur du jour.
Le paysage est en baianonie avec l’édifice ; des massifs d’arbres
touffus projettent une ombre délicieuse dans les alentours. La
maison du Résident, placée à quelque distance, contribue à
1 embellissement de cette scène ; un ruisseau vient dérouler ses
courbes capricieuses à quelques pas de là. Sous un pareil climat,
c est un séjour admirable, auquel il ne manque qu’un parc et des
bassins pour en faire une demeure princière. La roule qui conduit
a la ville est fort belle ; elle est entretenue avec un soin particulier.
Partout sur le parcours on voit incessamment de nombreux
esclaves 1 arroser et enlever des immondices. De toutes
parts aussi on aperçoit des édifices ravissants de blancheur el de
pioprcté. Ils sont bâtis dans la foj-medeceux de Batavia, mais ici,
on ne les entrevoit qu’à travers un féuillage riche et abondant.
De grands arbres bordent la route, leur cime élevée projette au
loin des branches chargées defeuilles ; elles se joignentparfois en
voûte et donnent asile à des myriades de petils oiseaux chanteurs.
Ce paysage esl infiniment supérieur à celui de la campagne de
Batavia.
La veille de notre départ, Al. Tissot nous donna un bal dans
sa résidence de Baudion. Le local se prêtait merveilleusement à
la circonstance, et la réunion était fort belle. Par une attention
délicate, les invitations avaient été faites de façon à ce que tous
les invités parlassent ou comprissent le français. L’orchestre était
composé de Malais, mais les instruments étaient européens. 11
exécuta sans relâche des airs agréables sans doute, mais singulièrement
variés ; vieux et nouveaux, italiens , espagnols ou français
, ils se confondirent sans distinction d’origine ou d’ancienneté,
mais ils eurent le mérite de faire durer la danse fort avant
dans la nuit. A minuit, un souper fort bien ordonné , auquel
plus de cent personnes purent prendre part à la fois, ne fut
qu’un intermède aux exercices des danseurs, qui puisèrent dans
les vins dc’ France un nouvel entrain et une nouvelle ardeur.
NOTES. 281
Ces réunions ont cela d’utile, cju’en dehors du cercle; de la
danse, la conversation, devenue familière, roule sur des sujets
iustruetifs et sur des détails intéressants. Dans cette cii conslance,
ellesepartageaen deux pointsprincipaux, lesaffairescommercialc's
et les événements politiques. A en juger par le dire général, l’étal
du commerce de Samarang est en décadence. Les Indes ont cessé,
disait-on, d’offrir les avantages qu’elles présentaient autrefois el
on ne pourra rendre à Samarang sa splendeur passée qu’en accordant
à son port une franchise particulière, celle de recevoir les
produits étrangers, et de pouvoir trafiquer librementavec tous les
pavillons, ce qui est interdit sous le régime du monopole actuel.
La culture de la canne à sucre sur une grande échelle, encouragée
parle gouvernement, prend de l’extension ; les capitalistes y
placent leurs fonds, dans l’espérance d’une concession prochaine
de la franchise réclamée. Ces observations nous laissent cependant
bien des doutes sur la véritable situation du commerce.
En effet, on se plaint de sa décadence, et de toutes parts
le mouvement des denrées est fort grand. On rencontre à chaque
pas des hommes arrivés à des situations opulentes en peu d’années
, de sorte qu’on esl tenté de croire que le sol classique des
grandes richesses n’est pas encore frappé de stérilité. Tout est
sur un grand pied dans ces colonies; quoique la vie matérielle
soit à très-bon compte, les salaires moyens des employés des
maisons de commerce s’élèvent à trois on quatre cents roupies
( 6 à 8oo fr .) par mois, et tout est proportionné à cette échelle.
11 est vrai que les avantages de cette vie de luxe sont grandement
compensés par les inconvénients du climat dévorant de ces
contrées. Aialgré la réputation de salubrité qu’on veut faire à
Samaiang, la moyenne de la vie y est très-faible pour les Européens.
Le choléra y fait des ravages fréquents, la dyssenterie et
les fièvres y régnent sans interruption , les maladies du foie sont
permanentes. 11 n’y a qu’à voir les Européens résidant dans le
pays depuis quelque temps , pour avoir une preuve palpable de
l’insalubrité du climat. Au bal de M. Tissot, la réunion entière
ne présentait que des figures pâlcfs, jaunes , fatiguées. Les