Septembre princcs indépendants, s’offrant de m’accompagner
dans cette excursion ; mais, à mon grand
regret, je ne pus accepter des offres aussi bienveillantes
et qui m’ont laissé des souvenirs d’une profonde
reconnaissance ; tout ce que je venais de voir
m’avait donné des idées toutes nouvelles sur l’île de
Java ; en parcourant ces vastes plaines, où croissent
en abondance et par les seuls soins des Malais, le
café, le tabac, l’indigo, etc., je ne pouvais me lasser
d admirer la patience et le talent administratif des
maîtres des Molluques, des îles de la Sonde et de Bornéo,
qui sont parvenus à un pareil résultat. Avec son
caractère insouciant, sa sobriété et son peu de besoins,
le peuple malais doit avoir une grande répulsion
pour les travaux pénibles de l’agriculture ; aussi
il paraît que les champs seraient loin de présenter cet
aspect enchanteur, si les chefs javanais n’employaient
quelquefois l’usage du bâton pour exciter l’ardeur de
leurs sujets pour, l’agriculture. Mais cette tyrannie,
si éloignée de nos moeurs et de nos idées libérales,
est exercée sur les Malais par leurs propres chefs, sans
que la haine que de pareilles mesures peuvent faire
naître revienne jamais vers le gouvernement hollandais.
A notre retour à Samarang, nous trouvâmes chez
M. Baud un splendide repas qui nous attendait ; je ne
pus me retirer que fort tard. La voiture de M. Tissot
nous attendait à la porte, mais notre compatriote ne
voulut nous permettre de retourner à bord qu’après
nous avoir fait promettre de lui consacrer la
DANS L’OCEANIE.
journée du lendemain, la dernière que nous devions
passer au mouillage.
Toutes les provisions dont nous avions besoin
étaient prêtes et en grande partie embarquées. Grâce
aux secours des Malais qui armaient nos embai—
cations, nos chaloupes avaient pu faire deux chargements
d’eau par jour, et notre provision était complétée.
M. Tissot m’avait dit que M. Lagnier avait
préparé les vins que nous devions prendre à Batavia.
Enfin, dans la journée, nous avions terminé l’embarquement
de tous les objets qui nous étaient nécessaires
pour continuer notre voyage. Avant de quitter
le bord, je donnai les ordres nécessaires pour que
tous les préparatifs d’appareillage fussent faits dans la
soirée, et je descendis ensuite à terre pour parcourir
la ville que j’avais à peine visitée.
Je pris terre au bâtiment de la douane, placé,
comme je l’ai dit, sur la rive gauche. C’est là aussi
que se trouvent les campongs chinois et javanais,
qui s’étendent à plus d’un mille le long de la rivière.
Les habitations qui les composent sont toutes
construites en bambou , assemblées sans aucun ordre
et traversées par des ruelles étroites et boueuses. Le
quartier chinois est entièrement séparé des autres
parties de la ville par une muraille continue ; on y
parvient par de grandes portes, au-dessus desquelles
011 remarque quelques caractères chinois. Ce quartier,
entièrement séparé du reste de la ville et exclusivement
habité par les Chinois, présente une physionomie
particulière. On se croirait tout à fait trans