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moiiulie biise. Rarement ces habitations s’élèvent au-dessus
du rez-de-chaussée, mais elles gagnent en étendue ce qu’elles
perdent en hauteur; elles occupent de grands emplacements,
et montrent une longue étendue de murs blancs d’une propreté
exquise. Des esclaves vêtus de longues tuniques aux
nuances v iv es, coiffés de mouchoirs de couleur, garnissent les
péristyles. Quelquefois, sur le costume indigène de ces serviteurs,
on voit, par une bizarrerie de goût qui paraît fort à la mode, des
accoutrements européens. C’est ainsi que plusieurs d’entre eux
portent une veste à parements rouges simulant une livrée; souvent
aussi les cochers, vêtus de longues robes du pays, placent
au-dessus de leur coiffure indigène l’immense chapeau ciré et
la cocarde noire des cochers d'Europe. Ce mélange est continuel.
et ce n est pas une des moindres singularités qui frappent
l’étranger, d’autant plus qu’aucun de ces hommes ne porte le costume
européen complet; tous, d’ailleurs, sont privés de chaussures,
ce qui est, sans aucun doute, comme dans les colonies françaises,
une exigence imposée à leur condition inférieure, car Samarang
est le foyer d’une immense fabrication de chaussures
européennes à des prix prodigieusement restreints. On est assailli
de toutes parts par des marchands de bottes ambulants qui
les livrent au prix de 2 ou 3 florins (5 ou 6 francs).
i.e beau quartier de Samarang, le quartier européen , est aussi
celui des affaires. Les comptoirs avoisinent les habitations des
négociants , et on remarque dans les étalages des magasins les
marchandises de tous les pays. Meubles européens , objets chinois
et japonais , produits de l’industrie du pays , sont entassés
côte à côte, ün y voit un grand nombre de productions françaises,
surtout dans le riche et vaste /o/o (comptoir) de M. Tissot, où se
trouvent toutes les étoffes de coton ou de toile q u i, en vertu d’un
privilège du gouvernement, se consomment dans ces colonies.
Ce quartier offre une grande différence avec le quartier européen
de Batavia : au lieu d être disséminées sur plusieurs milles
d’tdendue, au lieu d’ètre isolées el séparées par des jardins,
les maison.s se touclieiit ; elle.s forment de belles et larges ru e s,
où on n’est pas déconsidéré pour aller à pied. X Batavia, la
distance qui sépare les demeures des négociants du quartier
mal b a li, mal entretenu où se trouvent leurs comptoirs, a
nécessité l’emploi incessant des voitures ; le luxe colonial en a
fait plus tard un meuble indispensable pour tout le monde,
même pour les moindres employés. A Samai ang, la disposition
de la ville rend leur emploi moins nécessaire, et on voit fréquemment
de modestes piétons se risquer le soir à faire une paisible
promenade, sans avoir recours au véhicule obligé des promenades
de Konirigs/dain.
Samarang, dont les rues présentent une continuité de splendides
demeures , est privé en revanche de monuments ; l’église
luthéi'ieniie peut seule pi’endrc ce nom : elle élève vers le ciel
deux clochers en forme de tours ;sa voûte spacieuse, son intérieur
large el bien aéré, en font un édifice digne d'orner une grande
ville. Dix minutes après l’avoir dépassé, ou rentre dans un mélange
de constructions dont la beauté et la régularité décroît rapidement
à mesure qu’on s’éloigne du centi’e. Les boutiques des
Chinois apparaissent; elles augmentent de nombre insensiblement
, el quoiqu'on ail assigné à ee peuple industrieux un quartier
particulier, il en dépasse l’enceinte trop éti’oite pour envahir
graduellement tons les quartiers de la ville......
Les environs de Samarang présentent une réunion de sites
eharmanls. Plusieurs négociants y pos.ù'dent des maisons de campagne
; la pins belle est, sans contredit, celle de M. Tissot,
nommée Baudion. Cette résidence est un véritable palais, et
d’après le dire général, c’est un des plus beaux édifices de
tout Java. Bâtie par un o[)u!ent Arménien qui s’est ruiné dans
cette construction , elle a été vendue , plus tard, bien au-dessous
de sa valeur. Elle est de forme carrée, et n’a qu’un étage de
hauteur, mais sur des dimensions colossales. Des pavillons réservés
aux étrangers la flanquent de chaque côté, et dans l’intérieur,
de vastes salles , où le plancher est formé par des planches
en bois dur, d’une longueur de i5 à i 8 mètres, offrent de
superbes emplacements pour nue récept'ion ou un bal. Un péri