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pour achever à temps nos préparatiis de départ. Je ne
passai point la journée sans aller visiter nos malades ;
ils paraissaient déjà éprouver un bien-être indéfinissable;
ce qui, comme j’eus lieu de le supposer, prouvait
l’effet moral qu’avait produit sur eux la vue de la terre,
et les espérances qu’elle avait fait naître, bien plus que
le soulagement réel dans leurs souffrances. L’épidémie,
en effet, loin de s’arrêter, semblait au contraire
sévir tout autant que jamais. Déjà, la veille, notre
premier maître d’équipage, Simon, avait ressenti
tout à coup des coliques très-violentes. On s’était hâté
de le transporter à l’hôpital; mais il y était à peine
arrivé que les médecins regardaient déjà son état
comme très-grave. Un des jeunes mousses de la Zélée,
attaqué depuis longtemps par cette cruelle épidémie,
ainsi que M. Goupil, ne laissait presque plus d’espoir.
Le local où était établi notre hôpital était vaste et bien
aéré ; les malades y recevaient tous les soins capables
de les ramener à la santé; le service en était fait par
des convicts, sous la direction des infirmiers des deux
corvettes. Ce fut là aussi où M. Dumoulin établit son
observatoire magnétique; il disposait à cet effet d’un
vaste jardin où je le trouvai occupé à faire ses observations.
Dans la soirée, nous étions tous conviés à un repas
offert par la garnison; malheureusement nos estomacs
délabrés ne pouvaient encore nous permettre
de jouir entièrement de l’aimable invitation de
MM. les officiers anglais. Un accès de goutte m’empêcha
d’y assister; je priai le capitaine Jacquinot de
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vouloir bien présenter mes excuses au colonel Elliot,
pour qui je lui donnai une lettre. Quatre officiers
et le commandant de la Zélée purent seuls faire
honneur à l’invitation de la garnison ; ils revinrent,
du reste, fort avant dans la nuit, enchantés de leur
soirée.
Après avoir mouillé sur la rade, j’avais écrit au
gouverneur Franklin, afin de lui annoncer mon arrivée
et lui présenter mes compliments. Je reçois
aujourd’hui une réponse des plus aimables et des plus
polies. Sir John Franklin m’annonce que sous peu il
espère être de retour à Hobart-Town, et me recevoir
dans la maison du gouvernement. 11 me fait en
même temps parvenir un paquet de lettres à mon
adresse; plusieurs étaient de ma famille, d’autres
de mes amis de France, qui me faisaient part de l’impression
qu’avait laissée notre première tentative
dans les glaces, et du peu de retentissement qu’elle
avait eu. Elles me prouvaient que, plus que jamais,
je devais persister dans ma résolution de retourner
dans les régions polaires.
La rade présentait un aspect des plus animés ; plu- pi- clix
sieurs navires baleiniers venaient, couverts de toile,
pour gagner le mouillage, et nous étions tous occupés
à considérer cette scène intéressante, lorsqu’un grand
cri partit de terre, et nous fit tourner les yeux de ce
côté : un incendie venait de s’y déclarer. Un long jet
de flamme s’élevait à côté d’un magasin à voile qu’il
menaçait d’une destruction rapide et totale. Nous
nous hâtâmes d’y porter secours. Nos canots, montés