o S e . à notre égard. Une multitude de pirogues
montées chacune par deux ou trois hommes, nous
apportèrent des cocos, des bananes et des poules
qu ils échangèrent volontiei's contre des couteaux ,
des mouchoirs ou de l’argent. Les premiers officiers
qui débarquèrent à terre furent reçus amicalement;
ils rencontrèrent le chef du village, qui, armé de la
canne à pomme d’argent, indiquant sa dignité d’o-
rang-kaya, se disposait à venir cà bord. Déjà un naturel
s était présenté à m o i, en m’apportant un
panier de fruit en cadeau; je le refusai, ce qui ne
I empêcha pas de me demander plus tard des fusils
et de la poudre, et de me faire toute espèce de cajoleries
pour obtenir ces objets ; je lui offris de le satisfaire
s il voulait m’apporter des boeufs ou des cochons ;
mais alors il fit semblant de ne pas me comprendre,
et il plaça la conversation sur un autre terrain. Le
chef se présenta quelque temps après sous le titi e de
radja ou Rajah du lieu. C’était un homme d’une figure
agréable et de manières assez décentes. ÎI me montra
un certificat portant la signature de Raffles, constatant
son autorité, puis immédiatement il me demanda deux
livres de poudre, un grand couteau, une bouteille de
vin et du papier en échange d’un sac de café. Il parut
très-désappointé lorsque je refusai, et lorsque je lui
annonçai que nous ne faisions point de commerce.
Il me dit que les habitants n’étaient point des Malais,
mais des Lampongs. Je le questionnai encore pendant
quelque temps pour connaître quelles étaient les provisions
du village, puis je me fis donner les noms des
terres qui étaient en vue , et enfin je le congédiai ,
après lui avoir fait servir un verre de vin. Je dois
ajouter qu’en voyant le plaisir qu’il éprouvait à déguster
ce liquide prohibé par la religion de Mahomet,
j’aurais pu facilement douter que mon visiteur était,
comme il le disait, un fervent sectateur de l’islamisme.
Il y avait déjà longtemps que j’entendais dans la
forêt des coups de fusil tirés par nos chasseurs, lorsqu’à
une heure je descendis à 1 aiguade où je trouvai
nos marins occupés a r e m p l i r leurs barriques au milieu
d’une foule d’enfants et d’habitants qui les regardaient.
L’eau était excellente et très-facile à faire,
dans ce ruisseau abondant, qui serpentait gracieusement
an milieu de bosquets d une délicieuse fraicheui.
Je me mis ensuite à chercher le village. La plage ne
présentait qu’une forêt de cocotiers, quelques habitations
isolées s’y faisaient remarquer ; le village était
assis à une cinquantaine de mètres au-dessus du
niveau de la mer, à cinq cents pas du rivage. Une qua- n. glu .
rantaine de maisons étaient groupées là sur le penchant
d’iine colline ; tontes étaient bâties à la manière
des Malais, sur pilotis, recouvertes en chaume, et
construites presque en entier avec des bambous. Leur
charpente laissait voir cependant quelques pièces de
bois parfaitement sculptées. Sur la base où se trouvait
la porte, le toit débordait de plusieurs pieds et servait
à abriter l’espèce d’escalier qui y conduit. Toutes
étaient fermées, et nous ne rencontrâmes personne qui
parût disposé à nous les ouvrir pour les visiter. A notre
approche, nous avions aperçu plusieurs femmes