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1839.
Novembre.
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alité. M. Dumoutier avait été dès lors chargé du
service médical actif à bord de V Astrolabe ; toutefois
il rendait compte chaque jour à M. Hombron de l’état
où se trouvaient les malades, et des progrès que faisait
le mal. Il me semblait donc que le chirurgien-major
de VAstrolabe ne pouvait qu’imparfaitement suivre la
maladie et en étudier les effets. Son avis, dans ce cas,
avait donc pour moi moins de poids que celui de
MM. Jacquinot jeune et Dumoutier, qui poursuivaient
leur noble tache avec un zèle digne d’éloges. Or, ceux-
ci s’étaient formellement refusés à se joindre à la
demande que m’avait faite M. Leguillou, en appuyant
son opinion de celle de M. Hombron.
Toutes ces considérations me fixèrent plus que jamais
dans la détermination de continuer ma route
sur Hobart-Town; toutefois, désireux de reconnaître
par moi-même quel était l’état sanitaire de la Zélée,
je résolus de me rendre à bord de cette corvette. Il
faisait calme. La mer, quoique houleuse, laissait les
communications faciles ; je fis armer ma baleinière, et
j’accostai l’échelle de la Zélée. Je descendis d’abord
dans la chambre du capitaine Jacquinot, et lui fis
part de la démarche que je croyais avoir été faite
par ses officiers. Il m’assura qu’il l’ignorait entièrement,
et il me confirma dans la bonne opinion
que j’avais conservée d’eux, malgré ce que m’avait dit
M. Leguillou. Je passai ensuite l’inspection de l’équipage.
La Zélée n’était pas plus maltraitée que l’ffs-
trolabe; elle comptait encore cinquante-sept hommes
valides et faisant le service, tandis que VAstrolabe
n’en comptait plus que cinquante-six. Enfin, je terminai
ma visite par quelques mots que j’adressai à
MM. les officiers, et dans lesquels je cherchai bien
franchement à ranimer leur courage et leur enthousiasme.
Après mon départ de la Zélée, des explications
eurent lieu dans la soirée, entre le capitaine Jacquinot
et son état-major. Quelques jours après, j’acquis
la certitude que jamais aucune demande n’avait été
formulée par MM. les officiers. M. Leguillou seul était
responsable de la démarche qu’il avait faite et qui était
si loin du noble caractère des personnes dont il avait
si impudemment compromis les noms. Combien alors
je dus me féliciter d’avoir persévéré dans mes desseins,
et d’avoir déjoué l’intrigue honteuse au moyen
de laquelle cet homme espérait sans doute arrêter
l’expédition dans l’accomplissement de sa noble
tâche * !
"■Il me répugne infiniment d’être obligé d’insérer dans cet ouvrage
d’aussi tristes détails; mais M. Leguillou ayant publié,
après la mort de M. le contre-amiral Dumont-d’ Urville, une note
calomnieuse et excessivement injurieuse pour sa mémoire, dans
laquelle il est fait allusion à ce qui se passa à bord de nos corvettes
à cette époque, il m’est impossible de les supprimer. Du
reste, les protestations des officiers des deux corvettes, au sujet
de cette incroyable note de M. Leguillou, m’imposaient le devoir
de rétablir sous leur véritable jour les faits dénaturés par lui d’une
manière odieuse. Dans les Pièces justificatives, insérées dans le
10® volume, on trouvera les lettres écrites à M. d’Urville, par
MM. Dubouzet, Montravel et Coupvent, dont les noms furent à
cette époque si singulièrement compromis par M. Leguillou.
V. D.