I;!í!
1 r
I
yy
U ' i
É | l
-
.li
YVi
,
Ir r '
que, clans l’iùal tle santé, le défaut d’alimentation porte d’abord
ses premièi es atteintes sur le système nerveux de la vie animale ;
cartons les mouvements deviennent aussitôt pénibles et faibles;
bien que le système nerveux de la vie organique conserve longtemps
api’ès son activité ; car les besoins se feront sentir bien
longtemps encore ; il vient cependant une époque où lui-même
perd de sa puissance, ce qui n’a lieu au reste qu’après une
lutte longue et pénible. Le système nerveux céphalo-rachidien
est évidemment actif; plus la réparation de ses forces est nécessaire,
plus sont grandes ses exigences, plus il réagit impérieusement
sur le système nerveux du trisplancluiique , qui est
véritablement passif ; or, pour que ce dernier réponde convena-
blemenl à cet appel, aux excitations du premier, il faut que lui-
même reçoive ainsi une quantité de suc réparateur en harmonie
avec le degré de force qu’il doit développer. Quand, dans un temps
donné, il ne reçoit point la nourriture indispensable à ses fonctions
, la stimulation organique qu’il éprouve devient bientôt
cause d’ii'ritation, car tout organe sollicité par l’harmonie générale
et qui ne peut concourir à l’entretien de cette harmonie,
quelle que soit la cause de la nullité de son <:oncours, ne tarde
pas à s’enflammer ; l’eiFet est d’autant plus prompt que le sujet
est plus sensible. Partant de ces principes, ce sont naturellement
les appareils les plus compliqués, le plus constamment en
action, les plus éloignés des centres de l’innervation et de la
circulation , qui doivent être le plus promptement et le plus ordinairement
affectés : c’est en effet ce qui explique la prédilection
do la goutte pour les articulations des membres, et surtout pour
les articulations des pieds et des inains.
Les douleurs ressenties par les vieillards menacés de gangrène
sénile, celles que ressentent aux exti’émités des membres les personnes
parvenues au dernier degré du scorbut, ou les malheureux
naufragés exposés aux horreurs de la faim , ont toutes
beaucoup d’analogie avec les douleurs de la goutte.
Si la goutte, par l’excès d'innervation des nerfs de la vie organique,
peut être le résultat d’une alimentation trop peu substantielle,
comment se fait-il que le pauvre n’en soit pas plus communément
affecté?
11 y a là toute une question à traiter : nous nous bornerons à
dire que cette maladie a été souvent confondue avec le rhumatisme
articulaire, et qu’çnfîn cette affection est plus fréquente
chez les pauvres qu’on ne le croit généralement.
La vive sensibilité des hommes d’étude , sensibilité qu’une vie
peu favorable à la satisfaction des besoins de la nature exalte et
déprave, n’est pas la moindre cause de l’apparente prédilection de
la goutte pour les gens riches ou vivant à l’aise.
S’il y a , au contraire, abondance de suc nutritif, l’excitation
organique devient presque n u lle , l’intervention de l’afflux nerveux
est peu sollicitée, et à l’embonpoint, qui finit par être une
maladie, succède d’abord l’irritation des nerfs ganglionnaires qui
accompagnent les vaisseaux, et ensuite survient leur atrophie,
car tout organe qui cesse d’agir cesse de se nourrir et est bientôt
absorbé. Ce phénomène est connu de tout le monde.
C’est en grande partie à celte destruction des nerfs , qui pénètrent
avec les vaisseaux dans la structure intime des tissus, qu’il
faut attribuer la dégénérescence lardacée des parties affectées de
goutte par surabondance de suc nutritif.
A in si, deux causes opposées ont un même résultat : cette remarque
a de fréquentes applications en physiologie, l’excès et la
privation produisent en général le même effet sur les mêmes
organes.
Pour résumer ma pensée, je répéterai donc que la goutte esl
une irritation des nerfs qui forment aux vaisseaux leur enveloppe
sensible. Les vaisseaux ne sont-ils pas doués d’une vitalité par-
liculièi'e? n’empruntent-ils pas à des nerfs propi’es l’élément de
leur activité? Plus ils sont petits , plus ils sont vivants , c’est-à-
dire sensibles, irritables, parce qu’ils ne reçoivent que peu
d’aide de la grande impulsion du coeui’. Chaque point de l’étendue
des vaisseaux a une vie isolée, qui correspond exclusivement à
la nutrition de la région anatomique dont ils font partie.
La goutte qui tourmente l’existence de M. d’ürville m’a bien