4840. grettais vivement ces rechutes, mais ces hommes
Janvier, j^’r^yaieut été cmbarqués à bord de la Zélée qu’après
avoir pris l’avis de M. Hombron,et lorsque leur guérison
était assez avancée pour leur permettre de reprendre
la mer.
11 Le 11, nous avions dépassé le cinquante-unième parallèle
sud ; nous nous trouvions alors sur la position
assignée par plusieurs hydrographes à l’île Royal-
Company. Malgré nos recherches et un horizon des
plus favorables, nous n’aperçûmes pas la terre. Il est
probable que cette île, si elle existe, est mal placée.
Du reste, il doit arriver souvent que, dans les années
où les régions glaciales sont favorisées par un été très-
chaud, de fortes débâcles ont lieu, et alors des îles de
glace ont pu fréquemment être entraînées jusque
par le 50“ parallèle de latitude sud, et être signalées
comme de nouvelles découvertes. Souvent les îles
de glace, suivant la quantité de lumière qu’elles reçoivent,
présentent des teintes bizarres qui leur
donnent l’aspect de rochers isolés.
Les albatros, qui depuis Hobart-Town ne nous
avaient pas quittés, disparurent par les 50" de latitude.
Les vents commencèrent aussi à souffler avec
force ; pendant deux jours nous fûmes obligés de tenir
la cape avec une mer monstrueuse : nos corvettes
fatiguèrent beaucoup. UAstrolabe ne comptait plus
que deux hommes sur les cadres, mais la Zélée avait
encore trois malades dont l’état donnait de vives inquiétudes.
Ces gros temps ne pouvaient que leur être
funestes ; aussi, à la suite d’un des plus forts coups de
vent que nous eussions encore essuyés, le nommé i84o.
Pousson, matelot de première classe, rendit le der-
nier soupir. « Cet homme, dit M. Jacquinot, n’avait
ressenti quelques coliques que peu de jours avant
notre départ d’Hobart-Town. Au moment où nous
quittâmes la colonie anglaise, il ne donnait aucune
inquiétude, et il n’était pas dans un état qui nécessitât
un plus long séjour à l’hôpital ; mais depuis que
nous avions repris la mer, la dyssenterie avait fait de
rapides progrès, et au bout de fort peu de jours toutes
les ressourcss de la médecine étaient devenues insuffisantes.
Nous perdîmes en lui, ajoute M. Dubouzet,
un de nos meilleurs matelots. L’infortuné s’était embarqué
à Valparaiso le jour même de notre départ ; il
avait depuis lors rempli pendant près de deux ans les
fonctions de patron du canot major, à la satisfaction
de tous ses chefs. »
Ce jour-là, nous fûmes assaillis par des grains de
neige qui augmentèrent encore la force du vent. La
température de l’eau de la mer s’était aussi abaissée
subitement ; et des milliers de pétrels de toutes couleurs
entouraient nos navires. Comme lors de notre
première tentative pour pénétrer dans les glaces, ces
indices semblaient annoncer l’approche de la banquise;
nous nous trouvions à peine sous le 58“ degré
de latitude, et déjà chacun de nous éprouvait l’appréhension
de la voir barrer notre route. Cependant le
lendemain matin les oiseaux de mer devinrent moins
nombreux autour de nos navires ; la brise avait molli
et la température était plus douce. Il y avait deux