1839.
Août.
Iff Septembre.
il était probable que, depuis notre échoiiage, lamer
avait baissé, et nous dûmes renvoyer au lendemain
pour nous remettre à îlot.
Pendant la nuit, au moment de la haute mer, VAstrolabe
se trouva à flot d’elle-même; au jour nous
n’eûmes plus qu’à relever nos ancres pour aller les
mouiller un peu plus loin, par un fond de cinq brasses,
à deux milles de la côte. Nous aperçûmes distinctement
le banc entièrement couvert sur lequel la mer
brisait avec force.
La brise n’avait point varié dans sa direction;
je venais d’apprendre , par l’expérience, que nous
n’avions rien à gagner à lutter contre des vents
contraires, aussi je me décidai à attendre patiemment
au mouillage des circonstances plus favorables.
Toutefois, je voulus utiliser, dans l’intérêt des sciences,
le temps que je devais passer forcément à l’ancre.
Les deux grands canots des deux corvettes placées
sous les ordres de MM. Tardy de Montravel et Gourdin,
allèrent porter à terre l’ingénieur avec ses instruments
de physique et les naturalistes. Ils ne rentrèrent
que le lendemain de très-grand matin; ils
avaient débarqué sur une plage formée par des vases
trop molles pour pouvoir y tenter des observations de
physique. Ces messieurs rapportèrent quelques singes
de l’espèce nasique, mais les naturalistes ne purent
pas s’avancer dans l’intérieur ni collecter aucun autre
échantillon d’histoire naturelle. Voici du reste le récit
de M. Dumoulin :
« A huit heures du matin, nous nous embarquions
dans les canots désignés pour nous porter à terre ;
celui de VAstrolabe était monté par MM. Gourdin,
Ducorps, Hombron et moi, celui de la Zélée, commandé
par M. de Montravel, portait en outre un
naturaliste et un élève. Nous nous dirigeâmes d’abord
sur la pointe sud de la terre qui était en vue,
mais à peine avions-nous parcouru deux milles dans
cette direction, que nous rencontrâmes un banc à
fleur d’eau qui nous barra la route. Ce banc paraissait
être formé par du sable mêlé à une grande quantité
de vase , en apparence beaucoup plus dure que
celle sur laquelle VAstrolabe avait touché la veille.
Obligés de changer notre route, nous nous dirigeâmes
alors vers la partie nord de la terre, en suivant le
banc à petite distance, et en cherchant un espace où
nos canots pussent trouver suffisamment d’eau pour
le franchir.
« La terre qui était devant nous paraissait être
formée par une grande quantité de petites îles, sépar
é e s par de nombreux canaux. D’un autre côté, feau,
qui était fortement colorée, n’était plus que légèrement
saumâtre; nous nous trouvions sans aucun
doute devant l’embouchure de quelque rivière considérable,
à en juger par la quantité d’eau douce
qu’elle apportait à la mer. Dès lors nous supposâmes
avec raison que le banc que nous longions
était la barre de la rivière, et que, lorsque nous arriverions
par le travers de rembouchure principale,
nous trouverions la possibilité de franchir cet obstacle.
Nous arrivâmes bientôt, en elfet, [lar le travers