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Bientôt, Ions les oflîciers purent librement descendre
à terre. La Zélée ne comptait, dans son état-
major, que M. Goupil dont l’état était toujours des
plus fâcheux. A bord de VAstrolabe, M. Hombron n’avait
point encore pu reprendre son service actif, bien
qu’il suivît toujours les progrès de la maladie par les
rapports que lui faisait chaque jour M. Dumoutier.
Du reste, sa présence allait être utile dans l’hôpital
provisoire qu’il était chargé de surveiller. M. Demas
était encore alité. Son état ne présentait pas heureusement
de funestes symptômes, mais il lui fallait encore
des soins et beaucoup de temps pour revenir à
la santé. Il s’empressa d’aller prendre possession
d’un logement qu’il s’était fait préparer àterre, où il
reçut les soins de M. Dumoutier. Parmi les autres personnes
de l’état-major, plusieurs officiers et élèves
étaient encore en proie à des indispositions fréquentes,
qui décélaient des santés délabrées; mais la vue
de la terre avait fait cesser toutes les inquiétudes.
Chacun espérait voir disparaître pendant cette relâche
les symptômes effrayants de l’épidémie ; chacun aussi
se hâta d’aller chercher un domicile à terre. J’ai
toujours eu pour habitude de laisser toute liberté
à MM. les officiers que le service ne retenait point à
bord. Dès le premier jour de notre arrivée au mouillage
d’Hobart-Town, nos corvettes se trouvèrent
presque désertes, car les états-majors se hâtèrent de
les abandonner pour aller faire autour de la ville de
longues promenades dont ils avaient grand besoin.
A trois heures de l’après-midi, je descendis à terre
(Ui compagnie du capitaine Jacquinot, pour aller faire
une visite aux autorités principales de la ville. Sir Jolm
Franklin, gouverneur de la Tasmanie, était absent;
nous nous dirigeâmes alors chez le colonel Elüol .
qui était chargé du gouvernement par intérim. Pai-
loiit, nous rencontrâmes beaucoup de bienveillance,
et nous reçûmes un accueil des plus ilatteurs. La reconnaissance
me fait un devoir de citer particislière-
menl sir John Peder, avec qui je fus lié d’amitié dès
le premier jour, et qui devait m’accabler de politesses
pendant tout le temps de notre séjour.
J’avais déjà visité Hobart-Town lors de mon premier
voyage decircumnavigalion;mais, dans l’espace de dix
années, celte ville avait lolalement changé d’aspect.
Sa population presque triplée s’élevait alors à douze
ou quatorze mille âmes. Toutes les rues, se coupant i>i. clv.
à angle droit et régulièrement tracées, étaient [)rcsquc
entièment garnies des deux côtés par de jolies maisons,
petites, il est vrai, mais d’une propreté remarquable.
Je profitai de la soirée en me promenant avec
le capitaine Jacquinot, pour lui faire part de mes
projets futurs. Nos équipages avaient éprouvé des
pertes trop considérables pour songer désormais à
conduire de nouveau nos deux corvettes dans les
glaces. Je pensais sérieusement à laisser, dans le
port d’Hobart-Town, la Zélée, tandis que VAstrolabe
irait seule de nouveau tenter de faire quelques âô-
couvertes dans les régions australes. Dans ce cas îà,
je complais renforcer mon éijuipage de (|ue!qnes
matelots de bonne volonté, puis jiarmi les liommes
vin.