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de grêle ; tout autour de nous nous apercevions des vols considérables
de pétrels qui paraissaient poursuivre quelques bancs de
poissons.
A huit heures trente minutes du soir, nous perdîmes le nommé
Pousson, matelot de première classe. Cet homme, qui n’avait
commencé a ressentir quelques coli(|ues que peu de jours avant
notre départ d Hobart-Town, n’était pas à cette époque dans
un état a être laissé a 1 hôpital, et ne donnait pas d’inquiétude.
La dyssenterie avait fait chez lui des progrès rapides depuis que
nous avions repris la mer, et elle avait déjoué tous les secours-de
la médecine......
Dans la soirée du 19 , nous nous trouvions entre deux longues
lignes parallèles de gros glaçons, peu éloignés les uns des autres,
et paraissant se diriger du nord au sud ; nous gouvernions au
plus près tribord amures, pour doubler ceux qui se trouvaient
sous le vent, lorsque le calme survint et fut peu après suivi de
brises légères et variables, qui, tout en nous forçant à manoeuvrer
constamment, ne nous permirent de faire que fort peu de chemin.
Vers les sept heures du soir, nous aperçûmes devant nous,
à une grande distance et s ’étendant du S. au S. O., une ligne
noire élevée au-dessus de l’horizon , que nous prîmes d’abord
pour une panne de brume, et à laquelle nous fîmes peu d’attention
; mais bientôt, ne la voyant nullement changer de forme ni de
position, quelques personnes commencèrent à penser que ce
pouvait bien être la terre, et nous fîmes tous des voeux pour que
cette idée se réalisât. Les apparences étaient réellement en faveur
des croyants, et néanmoins je n’osai encore m’y abandonner,
connaissant toutes les déceptions qu’avaient éprouvées plusieurs
navigateurs, qu i, après être restés longtemps sous l’impression
de la réalité, avaient fini, en approchant, par voir leurs découvertes
s’envoler et s’évanouir. Je me couchai dans le doute et
tourmenté par le désir de faire du chemin , de manière à résoudre
un problème qui nous offrait un si puissant intérêt.
A deux heures du matin, je montai de nouveau sur le pont;
le soleil était sur le point de se lever, le temps était magnifiqne
et l’horizon bien dégagé. Je portai immédiatement mes regards
sur le point où l’on avait cru voir la terre, et je trouvai les
apparences plus fortes que jamais. Bientôt, à l’aide d’une longue-
vue, je distinguai, au milieu des couches de neige, des bandes
plus foncées qui me laissèrent si peu de doute , qu’ayant été bêlé
quelques heures après par le commandant d’Urville qui désirait
savoir ce que nous en pensions, je n’hésitai pas à lui répondre
que nous avions évidemment la terre en vue, et que c’était
l’opinion générale à bord de la Zélée. Malheureusement le calme
persistait el les corvettes gouvernaient à peine ; chacun soupirait
après un vent qui pût nous permettre d’approcher et d’éclairer
quelques consciences qui restaient encore incertaines........
Le 21 , à six heures trente minutes, la fraîcheur étant très-
faible , le commandant d’Urville profita de cette circonstance
pour envoyer MM, Dumoulin et Coupvent sur une grosse glace,
afin d’y faire des observations magnétiques; peu après leur dépa
r t, ayant aperçu près de la côle quelques îlots qui pi’ésen-
laient leurs flancs à nu, il expédia un canot de chacune des corvettes
avec un officier et un naturaliste, qui reçurent l’ordre de
les explorer. Favorisées par le temps, ces embarcations atteignirent
sans difficulté l’une de ces petites îles , et nos messieurs
purent se convaincre qu’elle faisait partie d’un petit archipel
composé d’une quinzaine d’îlots , peu espacés entre eux et é lo igné
de trois à quatre milles de la grande terre. Ils étaient de retour
à bord à onze heures , rapportant plusieurs échantillons
de pierre et quelques pingouins. Leurs recherches ne leur
avaient offert rien de plus : pas une coquille, pas le moindre signe
de végétation. M. Dubouzet, lieutenant de vaisseau, second de la
Zélée, avait planté le pavillon national sur cette terre mystérieuse.
Nous hissâmes immédiatement les canots, et profitant d’une
brise d’est qui venait de s’élever, nous continuâmes à nous avancer
au S. O. et à l’O. S. 0 . , ayant constamment la terre en vue,
et ne rencontrant que ¡-eu de glaçons.
( M. Jacquinot. )