■I ilf
\M
ill 'n
.if
*
V‘
I r
t!•i >
Le 1 I, le vent fiaîchit du N. E. et passa ensuite an nord et au
N. O. et de là au S. 0 . Cotte brise nous poussa très-vite sur la
terre. A 11 heures du matin, la côte de la Tasmanie, après laquelle
nous soupirions depuis si longtemps , vint réjouir nos r e gards.
Nous la ralliâmes bien vitejcarlabriseduS. O. fraîchit beaucoup.
A 7 heures du soir nous passâmes entre Mew Stone et Pe-
dra-Branca. Nous doublâmes dans la nuit le cap Sud, et le lendemain
matin nous nous trouvions à l’entrée de Storm’s-Bay. Près
du terme de cette do'plorable traversée, nous fûmes frappés d’un
nouveau malheur, en perdant encore un de nos pins intiépides
matelots, le nommé L o u p j, brave et excellent homme, qui mourut
avec un courage, une résignation qui eussent suffi pour rendre
sa mort sensible à tout le monde, si chacun n’avait apprécié
depuis longtemps tout ce qu’on pouvait attendre d’un homme
aussi dévoué. ( ,1/ . Dubouzet.)
Noie 11, page 122.
L’hôpital se trouvant trop resserré pour permettre d’y établir
tous les lits dont nous avions besoin , nous louâmes une vaste
maison isolée, bien aérée, dans laquelle toutes les mesures nécessaires
furent aussitôt prises; le lendemain nos hommes, ainsi
que ceux de XAstrolabe, purent y être transportés. A l’exception
de quelques meubles que l’on se procura en ville, tous les autres
objets et ustensiles furent fournis par l’administration coloniale,
avec laquelle un compte courant fut établi pour les denrées et les
remèdes.
Aussitôt que ce service urgent fut réglé et que nous fûmes
assurés que tout avait été prévu pour le bien-être de nos malades,
nous nous mîmes en devoir d’aller faire notre visite aux diverses
autorités de la colonie.
Douze années s’étaient à peine écoulées depuis que j ’avais vu
Hobart-Town pour la première fois, et j ’eus lieu d’être étonné
des changements el desamtffiorationsquis’ofTraicntà mes regards:
la ville avait pris un accroissement extraordinaire, le nombre des
maisons avait plus que triplé. De beaux magasins , de vastes édifices
se montraient là où je n’avais aperçu que des cases en bois ;
les rues, larges et bien alignées, garnies de trottoirs, étaienl traversées
de temps à autre par des calèches élégantes ; tout était
animé et présentait un air de vie el de bien-être. Les environs
avaient subi une métamorphose non moins grande, et je me trouvai
désorienté en cherchant dans mes souvenirs les lieux qui
avaient été autrefois le but de mes promenades. Là où existait
line forêt vierge s’élevait aujourd'hui de jolies habilalions, de vastes
jardins, des terrains en culture et en plein rapport. Le tableau
avait totalement changé, tout portait l’empreinte de l’industrie el
de la persévérance, tout annonçait une riche colonie, dont les
progrès, déjà immenses, tendaient à s’accroître chaque jour.
J’avais lu dans un journal du Havre une note du capitaine
Langlois , baleinier français , annonçant qu une partie de la ville
était éclairée au gaz , et j ’avais eu , je l’avoue , la bonhomie d y
ajouler quelque foi. Je fus promptement désabusé, et je m’aperçus
bientôt que notre compatriote avait puisé le fait dans sou
imagination , et avait usé un peu largement de la crédulité de ses
lecteurs. Il est permis de tout espérer du temps, et il peut se
faire qu’un jour ce mode d’éclairage soit adopté, d autant plus
que l’on exploite en ce moment des mines de bouille qui s annoncent
devoir être riches et abondantes ; mais il n en est encoie
rien aujourd’h u i, et l’exécution d’un pareil projet est encore tout
entier dans l’avenir.
Les eaux de la montagne ont é té , au moyen de canaux, amenées
sur un point qui domine la ville, et remplissent constamment
un large bassin fermé et entouré de grilles ; de là , elles se distribuent
dans diverses fontaines publiques qui suffisent aux besoins
de la population ; l’une d’elles est entièrement consacrée au service
des bâtiments, et se trouve assez près du bord de la mer pour
que les chaloupes n’aient besoin que d’une simple manche pour
remplir les futailles. L ’eau est abondante et de bonne qualité.
D’après le dernier recensement, au commencement de 18^9, la