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seivice. En outre, AI. deAIontravel devait passer sur ï Astrolabe
au moment du départ.
Ce dernier changement ne s’accomplit pas : des circonstances
heureuses, les instances pressantes du commandant et des officiers
de la Zélée, l’embarquement inespéré , au premier abord ,
de quelques marins français, déserteurs des navires baleiniers, et
de quelques marins anglais alléchés par l’appât d’une prime, amenèrent
une modification du plan primitif. Les deux corvettes ne
durent plus se quitter. Cette nouvelle fut accueillie avec une vive
joie, car les deux équipages, accoutumés depuis si longtemps à
partager le même destin, étaient liés d’une étroite sympathie. Une
séparation au moment d’entreprendre une exploration épineuse,
mais qui pouvait être féconde en résultats , eût été pénible pour
tous.
Le 3 i décembre 1839, l’expédition avait à peu près terminé ses
préparatifs. Le départ fut fixé au lendemain. Elle allait reprendre
la mer avec des navires réparés à la hâte, et des équipages incomplets,
mais pleins de bonne volonté.et d’enthousiasme: cette ardeur
était générale. Nos malades exprimaient le regret d’être
retenus au rivage; les convalescents demandaient à rentrer à bord;
l’un d’eux paya de sa vie son désir de participer à cette seconde
navigation dans les glaces. Il succomba au bout de quelques jours,
victime d’uiie rechute pi’oduite sans doute par un embarquement
que les médecins avaient cru pouvoir autoriser. Un long séjour
à l’hôpital l’eût peut-être sauvé. Les soins qu’il reçut à bord de
la Zélée n’eurent pas cette efficacité.
Notre dernière visite à teiTe fut consacrée aux malades que nous
devions laisser derrière nous. Ils étaient au nombre de seize; parmi
eux se trouvaient MAI. Barlatier-Demas et Goupil. Nos adieux
furent tristes, car nous savions que nous ne devions pas tous les
revoir. Avec l’oi’dre de continuer à diriger le service de cet hôpital
pendant notre absence, AI. Hombron reçut aussi des instructions
précises pour opérer le rapatriement des hommes placés
sous ses ordres, dans le cas où les deux corvettes viendraient à se
perdre et ne reparaîtraient pas dans un temps donné.
NOTES. 329
Le premier janvier, dès quatre heures du ma tin, le signal d’appareillage
flottait à la corne d e ï Astrolabe -, quelques instants après,
les deux corvettes quittèrent simultanément la rade; mais, à sept
heures, le vent passa au S. S. E. et devint contraire; on se décida
alors à laisser retomber l’ancre dans le lit de la rivière Derwent,
à trois ou quatre mille de Hobart-Town et à deux milles environ
du rivage.
Une fîmes tenouvelle nousétaitparvenue pendant que notreappa-
reillage s’achevait. AI. Goupil avait expiré dans la nuit. 11 semblait
que la mort avait voulu l’épargner jusqu’au moment où ses amis
devaient s’éloigner de lui. 11 avait lutté longtemps. Onavait même
conçu, pendant quelques jours , l’espoir de le rendi’e à la santé,
mais la nature, épuisée par de longues souffrances, n’avait pu
soutenir l’effort qui avait produit un mieux passager. Dès lors, il
subit une déci’oissaucc gi'aduelle de forces, et fut bientôt réduit
à une prostration complète. La vie ne le quittait que lentement
et à regret, et c’était une vue déchirante que celle de cet
infortunécompagnon, s’affaiblissant de plus en plus. 11 se mourait
insensiblement. On lisait encore dans ses regards le calme de sa
pensée , lorsque déjà il pouvait à peine soulever ses paupières et
que les traits de sa physionomie avaient revêtu l’immobilité de la
mort. Nous nous attendions à cette cruelle catastrophe, et cependant
elle nous frappa de stupeur. Elle vint l’aviver la douleurque
nous éprouvions de la perte de tant de nos malheureux compagnons.
Goupil avait été trop gravement frappé pour pouvoir se
rétablir ; pendant sa longue maladie, il fut l’objet de la plus vive
sollicitude; les soins les plus empressés et les plus touchants lui
fui’ent prodigués. AI. H. Jacquinot, second chirurgien de la
Zélée, avec qui il était lié d’une étroite affection , n’avait cessé de
veiller sur lui avec une assiduité qui n ’avait pas eu de trêve. Il
ne l’avait pas quitté d’un instant, et avait combattu le mal avec la
minutieuse attention, le zèle éclairé du médecin, avec le profond
dévouement de l’ami. Il prolongea son existence il ne put le
sauver I
Ce fut AI. H. Jacquinot lui-même qui porta le premier cette